Penser la crise du Corona

Par «crise», nous comprenons avec Michel Foucault, que c’est une pensée qui a perdu non seulement sa capacité à s’inscrire dans son époque en étant consciente de la position qu’elle y occupe en tant que pratique et forme culturelles, à l’interpréter de manière judicieuse, à dégager des tendances dans les évolutions présentes, mais surtout à percevoir ce qui se joue dans l’actualité, aussi chaotique soit-elle.
C’est l’épreuve négative d’une crise vécue dans la réalité sociale qui peut faire qu’on en vienne à d’élaborer les moyens de surmonter dans la pratique cette crise et cette scission.
De cette façon, la crise peut alors se révéler comme le temps de la parole, celui de l’historicité et des genèses. Mais le scepticisme est une pensée pour temps troublés, fille de l’inquiétude et de la perte des repères quotidiennes. Ce constat vaut à la fois pour le scepticisme ambiant de nos jours.
En effet, le temps de crise ne peut véritablement devenir le temps d’un nouveau commencement, c’est-à-dire, de dépassement de la crise dans l’avènement d’un type spécifique adapté aux besoins de l’Etat, que si l’on a d’abord mis au jour ce qui est à la source de la crise ou, plus précisément, dans ce qui a été notre manière de penser, ce qui est en crise au point de rendre la pensée incapable de saisir l’événement même de sa propre crise et d’ouvrir les pistes de relèvement contenues dans cet événement même.
La « crise » n’est pas à rechercher seulement dans les formulations théoriques, mais elle peut et doit être analysée dans toutes les manières de dire, de faire, de se conduire où l’individu se manifeste comme sujet de connaissance, comme sujet éthique ou juridique, mais aussi comme sujet conscient de soi et des autres.