« Pas d’amalgame » : en Turquie, en Syrie, au Yémen, à Gaza

4 infos sous le signe du pernicieux « pas d’amalgame » : les exactions de l’Empire ottoman – Al-Jazeera est le tailleur médiatique de Jolani – les Houthis seraient des combattants de la justice internationale – les manifestations hypocrites des Gazaouis contre le Hamas.
Info n°1 : Erdogan incarne la nostalgie de l’empire ottoman

Le 24 mars 2025, le Président turc Recep Tayyip Erdogan a commémoré une des dernières victoires de l’Empire Ottoman avant sa chute deux ans plus tard, chute qui clôtura un règne de quatre siècles. Le 18 mars 1915, la victoire de Gallipoli (ou bataille des Dardanelles) sur les troupes britanniques et françaises constitue, 110 ans plus tard, une source de fierté pour Erdogan et pour la Turquie. Elle lui permet aussi de préciser le périmètre de son ambition :
Les martyrs [de cette bataille] provenaient des quatre coins de notre géographie spirituelle : de Syrie à Gaza, de Alep [Syrie] à Tabriz [Iran], de Mossoul [Irak] à Jérusalem [Israël], ils reposent dans les bras les uns des autres, ici à Gallipoli.
Cette bataille qui émeut Erdogan, s’est déroulée deux semaines avant le début du génocide arménien (qui a commencé en avril 1915), génocide dont la mise en œuvre a inspiré les Nazis, et qui a été commis par la même armée que celle de Gallipoli.
Erdogan encense ces soldats, tout en dirigeant un pays membre de l’OTAN. C’est comme si le chancelier allemand célébrait aujourd’hui les soldats de la Wehrmacht pour leur victoire sur la France en 1940 ; s’il le faisait, il serait assurément obligé de démissionner.
Mais malheureusement, personne ne s’offusquera de la démarche de Erdogan, sauf ceux qui ne craignent pas d’être injustement accusés d’islamophobie.
Pour en savoir plus et voir l’extrait du discours d’Erdogan : https://www.memri.org/tv/turkey-president-recep-tayyip-erdogan-ottoman-victory-tabriz-iran
Info n°2 : le Qatar, porte-drapeau de la révolution médiatique du nouveau régime syrien
Ils n’ont pas perdu de temps. En à peine plus de temps que de passer un costume (sans en retourner la veste, il est vrai), que de tailler une barbe ou que d’apprendre à nouer une cravate dont le nœud coulant n’est pas très différent de celui de la corde d’un pendu, les Qataris ont pris place en Syrie pour former une génération de politiciens, de fonctionnaires, de journalistes et d’hommes (et femmes ?) de média, dans les semaines qui ont suivi la chute de régime de Assad.
Plusieurs séminaires organisés par le Al-Jazeera Media Institute se sont tenus dans divers lieux publics. Mais, le phénomène a également pénétré le milieu universitaire, par la mise en place d’une série de séminaires pour développer l’industrie de l’information de masse en Syrie, toujours sous les auspices du Qatar.
Les démocraties occidentales contribuent aussi à cette formation en ajoutant à la théorie de multiples occasions de passer à la pratique. En effet, de nombreuses chancelleries se sont pressées à Damas pour rencontrer le nouveau régime syrien, permettant aux bénéficiaires de ces séminaires de mettre en pratique les conseils de Al-Jazeera.
La ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock s’y est même rendue par deux fois en quelques semaines, dans le cadre, sans doute, d’une politique de la main tendue au nouveau régime. Jolani avait d’ailleurs refusé de serrer cette main tendue lors de sa première visite[1]. On ne sait pas ce qu’il en est de la deuxième visite. Soit la main ne fut pas tendue, soit les protocoles syriens et allemands s’étaient coordonnés cette fois. Les hommes de Jolani apprennent vite les leçons qataries.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/qatars-al-jazeera-network-provides-media-training-officials-new-syrian-government-syrian
Info n°3 : la conférence pro-Palestine organisée par les Houthis

Du 22 au 25 mars 2025, se tint à Sana’a au Yémen une conférence organisée par le mouvement Ansar Allah Houthi intitulée : « Palestine : sujet central de la Oumma »[2]. Sous-titrée « Vous n’êtes pas seuls », et alors que le mouvement organisateur est classé « organisation terroriste globale » par les États-Unis, la conférence a accueilli – aussi – des politiciens, des activistes et des membres du secteur académique originaires de pays occidentaux.
Les sujets étudiés ont porté sur :
- « les protestations estudiantines dans les universités américaines »,
- « l’influence sioniste sur les États-Unis »,
- et « les origines de l’occupation juive et l’autorisation d »Allah de ressusciter les victimes de son tourment au Jour du Jugement ».
Parmi les participants occidentaux, il faut noter la présence de Jackson Hinkle et de Christopher Helali, militants et élus locaux américains d’extrême gauche. Les ex-députés européens irlandais, Mick Wallace et Clare Daily sont également intervenus. Mick Wallace a affirmé que :
Le génocide israélien se poursuit. Le Yémen est un des seuls pays adhérant au droit international et empêchant les autres pays à commettre […] des génocides.
Steven Sweeney, journaliste britannique indépendant et correspondant de RT-Russia Today, n’a pas non plus dissimulé sa participation à la conférence.
Le petit-fils de Nelson Mandela, Zwelivelle Mandela, ancien député du parlement sud-africain, avait exprimé son soutien au massacre du 7 octobre[3]. À Sana’a, depuis la tribune de la conférence, il a entraîné la foule à chanter :
Palestine libérée, du fleuve à la mer. Vive Hamas, vive Hezbollah, vive Ansar Allah. Vive l’esprit immortel du peuple yéménite.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/international-pro-palestine-conference-sanaa-organized-iran-backed-us-designated-terror#_edn1
Info n°4 : les habitants de Beit Lahia au nord de la bande de Gaza se révoltent contre le Hamas

C’est assurément le résultat de la politique de pression accrue d’Israël sur Gaza depuis la fin de la phase 1 du cessez-le-feu. La population de Beit Lahia demande le départ du Hamas et l’arrêt de leur politique de répression de la population. Ils demandent aussi la libération des « prisonniers israéliens »[sic].
Cette terminologie montre que, malheureusement, il ne s’agit aucunement d’une prise de conscience morale de la part de la population civile quant aux méfaits commis par le Hamas et par les civils qui l’ont aidé le 7 octobre 2025. Les reproches au Hamas sont ceux qu’on formule à celui qui a déclenché une guerre sans être sûr de la pouvoir la gagner.
Normalement, un tel mouvement de population devrait entraîner la libération d’une partie au moins des 59 otages qui restent à Gaza. Espérons que ce sera le cas, mais ne soyons pas trop optimistes. Cette révolte de population est une aubaine à court terme. Elle ne témoigne pas d’un esprit de résolution de la part des Gazaouis, sur le fait qu’ils abandonneraient l’idée de détruire Israël.
Le reporter commente les images de Beit Lahia comme suit :
La foule a pris les rues de Beit Lahia pour s’opposer au règne du Hamas. Ce qui se passe à Gaza est une catastrophe. Les citoyens demandent que le Hamas libère les prisonniers [sic], afin qu’ils puissent rester en vie. Le Hamas nous demande de tenir bon, mais comment pouvons-nous tenir bon si nous mourrons. Le Hamas doit arrêter ce qu’il se passe dans la bande de Gaza .
Pour en savoir plus et voir les images : https://www.memri.org/tv/beit-lahia-north-gaza-protest-anti-hamas-release-hostages-stop-war
–
[1] https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-10-2025-000140_FR.html
[2] La Oumma, ou communauté, désigne la Communauté des Musulmans, indépendamment de leur nationalité. Ce terme est synonyme de « la nation islamique ».