Parashot Nitsavim – VaYelekh, Méditation sur le chemin d’avenir

Cet article est dédié tout particulièrement aux otages, femmes, hommes et enfants capturés par le mouvement terroriste du Hamas et aux parents attendant le retour des leurs.

Cette semaine nous lisons deux parashot : Parashot Nitsavim – VaYelekh[1], chacune commençant par un verbe riche d’enseignements.

ט אַתֶּם נִצָּבִים הַיּוֹם כֻּלְּכֶם לִפְנֵי יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם רָאשֵׁיכֶם שִׁבְטֵיכֶם זִקְנֵיכֶם וְשֹׁטְרֵיכֶם כֹּל אִישׁ יִשְׂרָאֵל. (דברים כט: ט)

9 Vous vous tenez debout aujourd’hui, vous tous, en présence de l’Éternel, votre Seigneur : vos chefs de tribus, vos anciens, vos préposés, chaque citoyen d’Israël. (Deutéronome 29: 9).

א וַיֵּלֶךְ מֹשֶׁה וַיְדַבֵּר אֶת-הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה אֶל-כָּל-יִשְׂרָאֵל. (דברים לא: א)

1 Et Moïse alla ensuite adresser les paroles suivantes à tout Israël. (Deutéronome 31 : 1).

Ces deux verbes נִצָּבִים/ Nitsavim (« vous vous tenez debout ») et וַיֵּלֶךְ /Vayelekh (« et il alla ») sont antinomiques. La racine du verbe נִצָּבִים Nitsavim / N.Ts.B. (V) (ou selon l’Académie de la Langue hébraïque Y.Ts.B [V]) signifie « se tenir debout ». Quant au second verbe VaYelekh / וַיֵּלֶךְ la racine H.L Kh signifie « marcher, se déplacer, se mouvoir de l’avant ».

La Torah et les Sages d’Israël expliquent que la fixité des idées constitue une menace pour le genre humain en l’enfermant dans la pensée dogmatique et la doxa communautariste ou même sectaire. Cette fixité peut être aussi la conséquence d’une nostalgie d’un temps révolu, comme nous l’apprend l’épisode de la femme de Lot, le neveu du Patriarche Avraham. Alors même que l’Éternel, par l’intermédiaire de l’un de ses messagers, avertit Lot de ne surtout pas se retourner (Genèse 19: 17) à l’heure où Sodome et Gomorrhe sont sur le point d’être détruites, la femme de Lot ne peut retenir son regard, témoignant d’une curiosité malsaine :

כו וַתַּבֵּט אִשְׁתּוֹ מֵאַחֲרָיו וַתְּהִי נְצִיב מֶלַח. (בראשית יט: כו)

26 Et la femme de Loth, ayant regardé en arrière, devint une statue de sel. (Genèse 19: 26).

Le châtiment réservé à la femme de Lot est d’être transformée en statue de sel – NeTsiv Mela’h / נְצִיב מֶלַח.

Le verbe VaYelekh / וַיֵּלֶךְ – « Et il se mit en marche » ne se trouve pas uniquement chez Moïse (parashat Vayelekh) mais aussi chez Avraham (parashat Lekh lekha), chez son fils Its’hak (parashat Toledot) et chez son petit-fils Ya’akov (parashat Vayétsé).

Avraham :

ד וַיֵּלֶךְ אַבְרָם כַּאֲשֶׁר דִּבֶּר אֵלָיו יְהוָה וַיֵּלֶךְ אִתּוֹ לוֹט וְאַבְרָם בֶּן-חָמֵשׁ שָׁנִים וְשִׁבְעִים שָׁנָה בְּצֵאתוֹ מֵחָרָן. (בראשית יב: ד)

4 Et Abram partit comme le lui avait dit l’Éternel, et Loth alla avec lui. Abram était âgé de soixante-quinze ans lorsqu’il sortit de Harân. (Genèse 12: 4).

Its’hak :

יג וַיִּגְדַּל, הָאִישׁ וַיֵּלֶךְ הָלוֹךְ וְגָדֵל עַד כִּי-גָדַל מְאֹד. (בראשית כו: יג)

13 Cet homme devint grand; puis sa grandeur alla croissant et enfin il fut très grand. (Genèse 26: 13).

Ya’akov :

א וַיִּשָּׂא יַעֲקֹב רַגְלָיו וַיֵּלֶךְ אַרְצָה בְנֵי-קֶדֶם. (בראשית כט: א)

1 Jacob se remit en chemin et alla vers la terre des enfants de l’Orient. (Genèse 29: 1).

Ce verbe indiquant la marche et le mouvement vers l’avant est caractéristique des Patriarches qui préparent le chemin du futur et de l’Espérance pour l’ensemble de la Nation hébraïque. La Tradition hébraïque ne se fonde pas sur des piliers inébranlables de foi que l’on appliquerait dogmatiquement mais essentiellement sur un chemin de vie souvent parsemé d’obstacles, contraignant l’Homme à les surmonter tout au long de sa vie. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce sont les obstacles qui rendent ce chemin attrayant.

Quel est donc ce chemin ?

« רַבִּי אוֹמֵר: אֵיזוֹ הִיא דֶֽרֶךְ יְשָׁרָה שֶׁיָּבוֹר לוֹ הָאָדָם, כָּל שֶׁהִיא תִּפְאֶֽרֶת לְעֹשֶֽׂיהָ וְתִפְאֶֽרֶת לוֹ מִן הָאָדָם » (פרקי אבות, ב: א).

« Rabbi [Yehoudah HaNassi] dit : ‘Quelle est la voie de rectitude que l’homme doit adopter ? C’est celle qui honore ceux qui l’empruntent et l’honore lui-même aux yeux d’autrui’. » (Maximes des Pères 2: 1).

Après les massacres du 7 octobre 2023 perpétrés par le Hamas, Israël se doit, sans pour autant oublier son passé traumatique, de continuer à marcher patiemment mais sûrement vers des temps plus lumineux sous peine de se transformer en victime-fossile comme y aspirent les adversaires du peuple de l’élection.

לג  הוֹרֵנִי יְהוָה דֶּרֶךְ חֻקֶּיךָ וְאֶצְּרֶנָּה עֵקֶב. (תהלים קיט: לג)

33 Enseigne-moi le chemin de tes préceptes, je veux en suivre les traces. (Psaume 119: 33).

Israël, en dépit du traumatisme national, poursuit son avancée dans tous les domaines de la Vie, à savoir les Arts, les Sciences, la Littérature… Rien ni personne ne peut arrêter Israël dans sa pure frénésie de Vie !

Moïse, inspiré par les Patriarches d’Israël, se met en marche pour son peuple alors qu’il est sur le point de rendre l’âme (Deutéronome 31: 1) !

C’est alors que l’Éternel LUI aussi se met en marche pour son peuple aimé !

ו חִזְקוּ וְאִמְצוּ אַל-תִּירְאוּ וְאַל-תַּעַרְצוּ מִפְּנֵיהֶם כִּי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ הוּא הַהֹלֵךְ עִמָּךְ לֹא יַרְפְּךָ וְלֹא יַעַזְבֶךָּ.  (דברים לא: ו)

6 Soyez forts et vaillants ! Ne vous laissez effrayer ni intimider par eux ! Car l’Éternel, ton Seigneur, marche lui-même avec toi ; il ne te laissera pas succomber, il ne t’abandonnera point ! (Deutéronome 31 : 6)

[1] Parashot Nitsavim-Vayelekh: Deutéronome 29: 9-31: 30.

Le site de Haïm Ouizemann

à propos de l'auteur
Diplômé de l’Institut des Civilisations et Langues Orientales de Paris (INALCO) et certifié de l’Institut Catholique de Paris (ICP) enseigne la Bible (TaNa’Kh), sa langue, son éthique et son histoire. Installé, depuis son Alya en 1989 à Ashkelon, il participe activement au refleurissement d'Erets Israël. Végétarien par conviction morale, Haïm rêve d'une ère nouvelle où les grandes spiritualités pourraient se rencontrer en vue d'instaurer un monde meilleur. Convaincu que le retour du peuple d’Israël en Erets-Israël annonce la restauration de l'idéal de fraternité abrahamique, il encourage le dialogue interreligieux dans le respect de l'autre
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