Parashat Shabbat ‘Hol HaMoed Pessa’h, le renouvellement de l’Alliance

© Stocklib / Dmitry Bruskov
© Stocklib / Dmitry Bruskov

La parashah de Shabbat ‘Hol HaMoed Pessah extraite du livre de l’Exode[1], lue le Shabbat qui survient pendant la fête de Pessah n’évoque quasiment pas la Sortie d’Egypte comme l’on aurait pu s’y attendre.

Comment expliquer, alors, que le choix des Sages d’Israël se soit porté sur cet extrait de la péricope « Ki Tissa », alors que les autres péricopes bibliques lues pendant la fête s’appliquent à toujours faire pleinement référence aux jours solennels et aux fêtes de l’année hébraïque ?

Il nous faut replacer notre parashah dans son contexte. Celle-ci survient juste après le passage évoquant la faute du veau d’or et la brisure des deux Tables de l’Alliance par Moïse.

Notre parashah s’inscrit dans l’ordre du Tikkoun, de la Réparation de la faute d’Israël et du pardon divin :

ט וַיֹּאמֶר אִם-נָא מָצָאתִי חֵן בְּעֵינֶיךָ אֲדֹנָי יֵלֶךְ-נָא אֲדֹנָי בְּקִרְבֵּנוּ כִּי עַם-קְשֵׁה-עֹרֶף הוּא וְסָלַחְתָּ לַעֲוֺנֵנוּ וּלְחַטָּאתֵנוּ וּנְחַלְתָּנוּ. י וַיֹּאמֶר הִנֵּה אָנֹכִי כֹּרֵת בְּרִית נֶגֶד כָּל-עַמְּךָ אֶעֱשֶׂה נִפְלָאֹת אֲשֶׁר לֹא-נִבְרְאוּ בְכָל-הָאָרֶץ וּבְכָל-הַגּוֹיִם וְרָאָה כָל-הָעָם אֲשֶׁר-אַתָּה בְקִרְבּוֹ אֶת-מַעֲשֵׂה יְהוָה כִּי-נוֹרָא הוּא, אֲשֶׁר אֲנִי עֹשֶׂה עִמָּךְ. (שמות לד: ט-י)

9 et il [Moïse] dit: « Ah! si j’ai trouvé faveur à tes yeux, Seigneur, daigne marcher encore au milieu de nous car ce peuple a la nuque raide, mais tu pardonneras notre iniquité et nos péchés et nous resterons ton héritage. » 10 Et Il [l’Eternel] répondit : « Eh bien ! je renouvelle l’Alliance: à la face de tout ton peuple, je ferai des prodiges qui n’ont encore été opérés dans aucun pays, chez aucune nation ; et tout le peuple qui t’entoure verra combien est imposante l’œuvre de l’Éternel, que j’accomplirai par toi. » (Exode 34 : 9-10).

L’Eternel est disposé à pardonner non point sur la base du passé entaché par la faute du veau d’or mais sur la base du futur !

L’Eternel, d’une certaine manière, s’engage, convaincu par la force de persuasion de Moïse, à ne point rompre les liens qui l’unissent à Israël, à renouer l’Alliance avec son peuple Israël qui respectera la fête de Pessah et révèlera, alors, sa véritable intention de s’écarter de toute forme de culte païen (עֲבוֹדָה זָרָה Avoda zarah):

יח אֶת-חַג הַמַּצּוֹת תִּשְׁמֹר שִׁבְעַת יָמִים תֹּאכַל מַצּוֹת אֲשֶׁר צִוִּיתִךָ לְמוֹעֵד חֹדֶשׁ הָאָבִיב כִּי בְּחֹדֶשׁ הָאָבִיב יָצָאתָ מִמִּצְרָיִם … כה לֹא-תִשְׁחַט עַל-חָמֵץ דַּם-זִבְחִי וְלֹא-יָלִין לַבֹּקֶר זֶבַח חַג הַפָּסַח. (שמות לד: יח; כה)

18 Tu respecteras la fête des Azymes [Matsot]: sept jours tu mangeras des azymes, comme je te l’ai prescrit, à l’époque du mois de la germination, car c’est dans ce mois que tu es sorti de l’Égypte… 25 Tu ne feras point couler; en présence du pain levé, le sang de ma victime, ni ne différeras jusqu’au matin le sacrifice de cette victime pascale. (Exode 34 : 18 ; 25).

Alors même que l’Eternel s’adressant à Moïse s’éloigne dans un premier temps de son peuple en le définissant non plus comme le sien mais comme celui de son Prophète Moïse, et ce sans même mentionner son nom Israël- « כָּל-עַמְּךָ/Kol Amekha/ Ton peuple » (Exode 34 : 10) -, l’Eternel se reprend finalement dans un second temps en s’adressant directement à la seconde personne du singulier à Moïse… et à son peuple qu’il dénomme explicitement par son nom Israël :

כז וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה כְּתָב-לְךָ אֶת-הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה כִּי עַל-פִּי הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה כָּרַתִּי אִתְּךָ בְּרִית וְאֶת-יִשְׂרָאֵל. (שמות לד: כז)

27 Et l’Éternel dit à Moïse: « Consigne par écrit ces paroles; car c’est à ces conditions mêmes que j’ai conclu une Alliance avec toi et avec Israël. » (Exode 34, 27).

Et, en effet, l’avenir vient confirmer la confiance divine en Israël qui, fidèle à la Tradition ancestrale de ses aïeux esclaves en Egypte, respecte aujourd’hui comme jadis la fête de Pessa’h en souvenir de la Libération de la « Maison de servitude » physique, l’Egypte, aussi bien que spirituelle, l’idolâtrie :

יח וְלֹא-נַעֲשָׂה פֶסַח כָּמֹהוּ בְּיִשְׂרָאֵל מִימֵי שְׁמוּאֵל הַנָּבִיא וְכָל-מַלְכֵי יִשְׂרָאֵל לֹא-עָשׂוּ כַּפֶּסַח אֲשֶׁר-עָשָׂה יֹאשִׁיָּהוּ וְהַכֹּהֲנִים וְהַלְוִיִּם וְכָל-יְהוּדָה וְיִשְׂרָאֵל הַנִּמְצָא וְיוֹשְׁבֵי יְרוּשָׁלִָם. (דברי-הימים ב, לה: יח)

18 Et l’on n’avait pas célébré une telle Pâque en Israël depuis l’époque du prophète Samuel, et aucun des rois d’Israël n’avait rien fait de comparable à la Pâque que célébra Josias ainsi que les prêtres, les Lévites, tout Juda et Israël qui se trouvaient là et les habitants de Jérusalem. (II Chroniques 35 : 18).

[1] Parashat Shabbat Hol HaMoed Pessah : Exode 33 : 12- 34 : 26.

Shabbat shalom !

Haïm Ouizemann

Commentaire publié sur Campus biblique

à propos de l'auteur
Diplômé de l’Institut des Civilisations et Langues Orientales de Paris (INALCO) et certifié de l’Institut Catholique de Paris (ICP) enseigne la Bible (TaNa’Kh), sa langue, son éthique et son histoire. Installé, depuis son Alya en 1989 à Ashkelon, il participe activement au refleurissement d'Erets Israël. Végétarien par conviction morale, Haïm rêve d'une ère nouvelle où les grandes spiritualités pourraient se rencontrer en vue d'instaurer un monde meilleur. Convaincu que le retour du peuple d’Israël en Erets-Israël annonce la restauration de l'idéal de fraternité abrahamique, il encourage le dialogue interreligieux dans le respect de l'autre
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