Parashat Balak, Méditation sur la haine d’Israël
Cet article est dédié tout particulièrement aux otages, femmes, hommes et enfants capturés par le mouvement terroriste du Hamas et aux parents attendant le retour des leurs.
Hommage à la Mémoire du capitaine Alfred Dreyfus.
Si la parashat Balak[1] nous apprend comment les malédictions de Bil’am se sont transformées en bénédictions, elle nous apprend également comment est perçu Israël parmi les nations :
ג וַיָּגָר מוֹאָב מִפְּנֵי הָעָם מְאֹד כִּי רַב-הוּא וַיָּקָץ מוֹאָב מִפְּנֵי בְּנֵי יִשְׂרָאֵל. ד וַיֹּאמֶר מוֹאָב אֶל-זִקְנֵי מִדְיָן עַתָּה יְלַחֲכוּ הַקָּהָל אֶת-כָּל-סְבִיבֹתֵינוּ כִּלְחֹךְ הַשּׁוֹר אֵת יֶרֶק הַשָּׂדֶה וּבָלָק בֶּן-צִפּוֹר מֶלֶךְ לְמוֹאָב בָּעֵת הַהִוא. (במדבר כב: ג-ד)
3 Et Moab eut grand-peur de ce peuple, parce qu’il était nombreux, et Moab trembla à cause des enfants d’Israël. 4 Et Moab dit aux anciens de Midian : « Bientôt cette assemblée aura fourragé tous nos alentours, comme le bœuf fourrage l’herbe des champs ! » Or, Balak, fils de Tsippor, régnait sur Moab, à cette époque. (Nombres 22: 3-4).
Balak, le roi de Moav, craignant la puissance d’Israël en raison de son fort nombre, convoque tous les sages de Midian pour leur annoncer qu’Israël représente un danger imminent, qu’il s’emparera de leurs terres.
Ce passage biblique pose plusieurs interrogations :
Pourquoi le roi de Moav Balak s’adresse-t-il à Midian, un peuple ennemi ?
Israël est-il vraiment plus nombreux que Moav ?
Israël a-t-il une véritable intention de s’emparer des terres de Moav et de Midian ?
Moav s’adresse à Midian, pourtant son ennemi, car tous deux portent une haine viscérale à Israël. Le principe régissant l’attitude de Balak réside dans la célèbre expression « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». L’unité des forces contre Israël devrait, selon toute logique, mettre fin à ce peuple choisi par l’Éternel.
De plus, Israël ne constitue en rien une menace, et cela pour deux raisons essentielles. D’une part parce que l’Éternel lui a enjoint de ne point s’emparer des terres de Moav :
ט וַיֹּאמֶר יְהוָה אֵלַי אַל-תָּצַר אֶת-מוֹאָב וְאַל-תִּתְגָּר בָּם מִלְחָמָה כִּי לֹא-אֶתֵּן לְךָ מֵאַרְצוֹ יְרֻשָּׁה כִּי לִבְנֵי-לוֹט נָתַתִּי אֶת-עָר יְרֻשָּׁה
9 Et l’Éternel me dit: « Ne moleste pas Moab et n’engage pas de combat avec lui : je ne te laisserai rien conquérir de son territoire, car c’est aux enfants de Loth que j’ai donné Ar en héritage. (Deutéronome 2: 9).
… et de l’autre, parce que minoritaire et non armé :
ז לֹא מֵרֻבְּכֶם מִכָּל-הָעַמִּים חָשַׁק יְהוָה בָּכֶם וַיִּבְחַר בָּכֶם כִּי-אַתֶּם הַמְעַט מִכָּל-הָעַמִּים. (דברים ז: ז)
7 Si l’Éternel vous a préférés, vous a distingués, ce n’est pas que vous soyez plus nombreux que les autres peuples, car vous êtes le moindre de tous (Deutéronome 7: 7).
Ainsi, ni les terres de Moav ni les terres de Midian ne sont en danger d’être conquises.
Israël n’a jamais eu de velléités de conquête militaire. Tous les territoires du Golan, de Jérusalem et de Judée-Samarie n’ont pas été conquis mais libérés à la suite de guerres engagées par les pays arabes voisins.
L’attitude haineuse à l’adresse d’Israël de Balak n’est point sans rappeler les paroles de Pharaon :
ט וַיֹּאמֶר אֶל-עַמּוֹ הִנֵּה עַם בְּנֵי יִשְׂרָאֵל רַב וְעָצוּם מִמֶּנּוּ. י הָבָה נִתְחַכְּמָה לוֹ פֶּן-יִרְבֶּה וְהָיָה כִּי-תִקְרֶאנָה מִלְחָמָה וְנוֹסַף גַּם-הוּא עַל-שֹׂנְאֵינוּ וְנִלְחַם-בָּנוּ וְעָלָה מִן-הָאָרֶץ. (שמות א: ט-י)
9 Et il dit à son peuple : « Voyez, la population des enfants d’Israël surpasse et domine la nôtre. 10 Eh bien ! Usons d’expédients contre elle ; autrement, elle s’accroîtra encore et alors, survienne une guerre, ils pourraient se joindre à nos ennemis, nous combattre et sortir de la province ». (Exode 1: 9-10).
Comment les fils d’Israël peuvent-ils surpasser en nombre la population égyptienne, alors même qu’ils vivaient renfermés en famille dans la province de Goshen ? Pourquoi les Égyptiens ont-ils donc l’impression fausse de voir Israël plus grand et plus puissant qu’eux-mêmes, la puissance économique du moment ?
« רַב וְעָצוּם מִמֶּנּוּ » Rav VeAtsoum Mimennou !
Cette expression traduite généralement par un superlatif « plus grand et plus puissant que nous » peut également être traduit de la sorte : « plus grand et plus puissant grâce à nous ».
Autrement dit les Hébreux s’enrichiraient sur le compte des Égyptiens et les spolieraient de leurs biens propres.
Les antisémites de tous bords d’aujourd’hui et d’autrefois ne font que reprendre et répéter sans cesse que « les Juifs sont partout », puissants et qu’ils menacent la stabilité politique, économique, sociale du monde. Rien de nouveau sous le soleil comme le dit l’Ecclésiaste! L’expulsion des Juifs ou leur mort se voient justifiées et légitimées par la construction de thèses irrationnelles accusant le Juif de tous les maux du monde.
Pharaon, afin de légitimer l’esclavage des Hébreux, lance l’accusation de leur trahison « au cas où » une guerre éclaterait, alors même qu’ils font toujours montre de fidélité envers l’empire pharaonique, depuis les temps de Joseph. Cette terrible accusation n’est point sans rappeler celle contre le capitaine Alfred Dreyfus, faussement accusé de collusion avec l’Allemagne (22 décembre 1894). Jugé pour haute trahison et envoyé sur l’Île du Diable, au bagne de Cayenne, Alfred Dreyfus ne devra sa survie et sa réhabilitation que grâce à ses courageux défenseurs, comme Emile Zola, et à l’amour sans limite de son épouse Lucie Hadamard, qui ne l’abandonnera jamais. Réhabilité seulement le 12 juillet 1906 par la Cour de Cassation qui proclame son innocence, il reçoit quelques jours plus tard, le 21 juillet, la Légion d’Honneur.
Quel est donc le dénominateur commun de Pharaon, Bil’am, sans oublier Agag qui, inspirant ainsi Hitler, élabora le plan de la « solution finale » visant à exterminer l’ensemble du peuple juif ?
Le dénominateur commun unissant ces trois personnages réside dans le fait qu’ils voient en Israël un peuple uni désirant conserver fidèlement sa singularité au-delà du temps et de l’espace.
Balak évoque le terme de « HaKaHaL / הַקָּהָל, l’assemblée ». Pharaon, quant à lui, mentionne pour la première fois le terme de « Am Beney Israël/ עַם בְּנֵי יִשְׂרָאֵל /peuple des fils d’Israël ». Agag, comme Pharaon évoque « עַם-אֶחָד/ Am E’HaD/ un peuple un (uni) » (Esther 3: 8).
Ces trois personnages exprimant l’unité d’Israël, comme pour dénoncer un complot juif, proclament haut et fort, sans vraiment en prendre conscience, le secret de la pérennité d’Israël !
Les Nations, après les massacres du 7 octobre, malgré leurs tentatives incessantes d’humilier, de diaboliser et d’écraser Israël, ne font que renforcer l’unité du peuple élu par l’Éternel :
כב וְעָשִׂיתִי אֹתָם לְגוֹי אֶחָד בָּאָרֶץ בְּהָרֵי יִשְׂרָאֵל וּמֶלֶךְ אֶחָד יִהְיֶה לְכֻלָּם לְמֶלֶךְ וְלֹא יהיה- (יִהְיוּ-) עוֹד לִשְׁנֵי גוֹיִם וְלֹא יֵחָצוּ עוֹד לִשְׁתֵּי מַמְלָכוֹת עוֹד. (יחזקאל לז: כב)
22 Et Je [l’Éternel] les constituerai [fils d’Israël] en nation unie dans le pays, sur les montagnes d’Israël ; un seul roi sera le roi d’eux tous: ils ne formeront plus une nation double et ils ne seront plus, plus jamais, fractionnés en deux royaumes. (Ezéchiel 37: 22).
[1] Parashat Balak: Nombres 22: 2- 25: 9.
Shabbat shalom !