Pâque, plus qu’une simple soupe aux boulettes de matsa
Alors que se pointe le « Rite juif du printemps », qu’on appelle Pâque, beaucoup de choses sont à faire et à décider : où allons-nous participer cette année au Seder, le festin de Pâque ? Comment allons-nous passer au travers du nettoyage ? Que devrions-nous apporter à nos beaux-parents ? Comment les enfants vont-ils endurer le Seder, et d’autres questions « de poids » ?
Pas de repos pour les justes
Sans aucun doute, Pâque remporte la palme en tant que « la plus stressante des fêtes juives », et le Seder est de loin l’événement culinaire le plus exigeant du calendrier hébreu. Nos ancêtres n’ont eu qu’un miracle : ils ont été sauvés des Égyptiens. Nous, leurs descendants, avons deux miracles chaque année, si nous sommes chanceux. Le premier est que nous formions toujours une famille à la fin de la Pâque. Le second est que nous parvenions à perdre les kilos supplémentaires que nous avons gagnés grâce au vin et au pain azyme, mais ceci arrive seulement pour les vrais chanceux, le « peuple élu ».
Mais Pâque représente plus que des « matsa brei » et du « gefilte fish ». Pour la sagesse de la Kabbale, elle représente une transformation profonde que chacun de nous éprouve à un moment donné de notre développement spirituel. Aussi, cette année, essayons d’approfondir son sens au-delà de la soupe aux boulettes de matsa, et de souligner certaines choses que nous avons généralement tendance à oublier au sujet de Pâque. Jetons un coup d’œil sur certaines de nos traditions et voyons ce qu’elles cachent.
En quoi cette nuit diffère-t-elle des autres ?
La nuit du Seder, par exemple, signifie bien plus qu’une délivrance miraculeuse des mains d’un tyran impitoyable, même si c’est certainement un exploit remarquable en soi. De plus, le Seder [ordre] représente une séquence d’étapes internes par lesquelles nous devons passer afin de sortir de l’esclavage de l’ego !
Se libérer de l’ego
Dans une de ses lettres, Maïmonide écrit : « Nous devons savoir que Pharaon est vraiment le mauvais penchant. » Cette inclination est notre animosité réciproque. Fuir le Pharaon signifie échapper à cette malveillance. Yam Souf [la mer Rouge] représente le Sof [la fin] de notre esclavage et le début de notre libération de l’emprise de l’ego. À partir de là, nous pouvons commencer à cultiver la fraternité et l’amour des autres jusqu’à nous unir « comme un seul homme dans un seul cœur » au pied du mont Sinaï.
Les symboles de Pâque
Les plats et les traditions relatifs à Pâque représentent des étapes, ou des forces, qui nous aident à sortir de notre ego pour atteindre l’amour d’autrui.
- Nous buvons quatre coupes de vin parce que le vin représente la sagesse, la force qui nous développe. Notre ego se développe en quatre phases, nous avons donc besoin de quatre « doses » de sagesse pour le corriger.
- Le plat du Seder contient divers symboles de situations que nous devons surmonter lorsque nous luttons avec l’ego dont le surnom est Pharaon.
- L’Afikoman est une Matsa que l’on brise en deux au début du Seder. Une moitié est consommée et l’autre est mise de côté. Ce symbole représente la grande force avec laquelle nous nous échappons d’Égypte. La seconde moitié doit être consommée avant minuit, l’heure la plus sombre de la nuit, quand une personne sent que la vie dans l’ego, à savoir l’Égypte, n’a rien à offrir, sauf obscurité et tristesse.
- Cela nous amène à la matsa. Son nom dérive de deux mots, matzah et merivah, ce qui signifie à peu près « des conflits ». La matsa représente la querelle interne entre Pharaon, la mauvaise volonté, et le Créateur, qui est le Bienveillant qui fait le Bien, la puissance bienveillante du don. La matsa est aussi appelée « pain de la pauvreté », car elle représente le choix d’une personne de ne pas profiter de tout ce qui appartient à l’ego. Nous recommençons à manger du pain après Pâque pour montrer notre triomphe dans ce combat, à savoir que maintenant nous avons plus de plaisir à donner qu’à recevoir.
- À propos de luttes, nous ne devons pas oublier le nettoyage de Pâque. En général, le levain symbolise l’égoïsme. C’est la raison pour laquelle la pâte de matsa ne peut pas contenir de levain, et pourquoi elle est aussi appelée « pain sans levain. » Mais le nettoyage signifie plus que se débarrasser du levain. La maison d’une personne représente la somme de ses désirs, son entité. La nettoyer signifie chercher la saleté (l’égoïsme) et s’en débarrasser. Lorsque nous déclarons que la maison est casher pour la Pâque, nous déclarons en fait que nous avons purifié notre âme de l’égoïsme et sommes prêts à embrasser la fraternité et l’amour des autres.
Raviver l’unité
Cette année, lorsque nous nous assoirons ensemble avec nos familles autour de la table du Seder, souvenons-nous que la Pâque parle d’amour et de fraternité. Surtout en ces temps de tensions sociales croissantes, il est bon de se rappeler que les racines de notre nation sont l’unité, la responsabilité mutuelle, et l’amour qui couvre tous les autres sentiments. Puissions-nous les raviver parmi nous et passer au prochain niveau, c’est-à-dire celui de la délivrance d’entre les mains de Pharaon, et de notre engagement dans la fraternité et le soutien réciproque.
Joyeuse Pâque !