Oui, l’idéologie du Hamas dans les universités est financée et programmée !

Des manifestants anti-Israël faisant le signe de la victoire lors de "l'occupation" d'un bâtiment de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) par des étudiants en soutien aux Palestiniens, avec une barricade bloquant son entrée, à Paris, le 26 avril 2024. (Crédit : Dimitar Dilkoff/AFP)
Des manifestants anti-Israël faisant le signe de la victoire lors de "l'occupation" d'un bâtiment de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) par des étudiants en soutien aux Palestiniens, avec une barricade bloquant son entrée, à Paris, le 26 avril 2024. (Crédit : Dimitar Dilkoff/AFP)

Nous sommes Hamas.

C’est ce que déclaraient les étudiants du Students for Justice in Palestine (SJP) le 10 octobre 2023, trois jours seulement après le massacre perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël. Le lendemain, le 11 octobre 2023, SJP Sciences Po était officiellement lancé, dans la continuité directe de son grand frère d’outre-Atlantique.

Quelques mois plus tard, les mouvements étudiants pro-palestiniens plongeaient les campus des plus grandes universités dans un chaos absolu, rappelant les heures les plus sombres de l’histoire européenne.

Capture d’écran Instagram. (Crédit montage : Sophie Chemla)

Une organisation purement américaine ?

L’US Campaign for Palestinian Rights (USCPR – Campagne américaine pour les droits des Palestiniens) s’affiche désormais sous un nom plus neutre : Education for Just Peace in the Middle East (Éducation pour une paix juste au Moyen-Orient).

Un choix qui n’est pas anodin et qui s’inscrit dans une stratégie globale, bien plus sophistiquée et de long terme qu’on pourrait le penser. Explication.

L’USCPR a été créée en 2001, dans la foulée de la seconde Intifada, déclenchée en Israël sous l’impulsion du Fatah et du Hamas. Très rapidement, les principes fondateurs de l’organisation ont été de soutenir par tous les moyens la campagne BDS, dans son acception la plus large (éducative, politique, artistique, économique, militaire…), devenant ainsi le cœur du réseau militant pro-palestinien aux États-Unis et la plaque tournante des campagnes de pression à l’échelle nationale.

Très rapidement, l’organisation s’implante dans les universités et auprès des plus jeunes, et l’USCPR devient l’un des principaux soutiens – voire le fondateur – d’organisations telles que SJP, qui n’est autre que le bras étudiant du BDS, Jewish Voice for Peace (JVP), American Muslims for Palestine (AMP) et CODEPINK, un mouvement féministe pour la paix. On le voit : le champ des minorités, aussi diverses que variées, est couvert par l’organisation mère, et celles-ci se mettent en place comme de bons contingents, prêts pour la bataille.

Les fondations et l’idéologie posées, il a fallu ensuite créer les formations, rédiger les manuels, élaborer les supports pédagogiques afin d’unifier une ligne de pensée unique, et surtout trouver des financements à la hauteur de leurs besoins et de leurs ambitions – c’est-à-dire, illimités.

Qui finance les organisations pro-Hamas des campus universitaires ?

J’aurais très envie de dire que le Qatar se cache en bonne partie derrière les financements de ces organisations, mais à ce jour, il n’existe pas de sources officielles permettant de le prouver.

En revanche, selon un rapport de l’ISGAP, entre 1986 et 2018, le Qatar aurait investi plus de 4 955 969 671 $ (près de 5 milliards de dollars) dans les universités américaines, dont moins de 2 milliards auraient été déclarés auprès des institutions éducatives et financières.

Parallèlement, on apprend que le Qatar a également investi dans des conseils d’administration de sociétés locales, lesquelles peuvent ensuite faire des dons aux causes de leur choix, sans que cela n’apparaisse comme provenant d’une entité étrangère.

Mais si ce n’est pas le Qatar qui finance les mouvements étudiants pro-Hamas, qui est-ce ? Qui finance les étudiants rémunérés entre 24 et 28 $ de l’heure pour organiser leurs barrages ? Qui finance le salaire des fellowships – ces membres de l’USCPR – qui peuvent percevoir jusqu’à 7 800 $ pour les postes les plus élevés, et entre 2 880 et 3 660 $ pour ceux à qui il est demandé 8 heures de présence active hebdomadaire au sein de l’organisation et pour sa cause ?

En pôle position, on retrouve George Soros et sa fondation Open Society. Les derniers rapports disponibles, arrêtés en 2022, révèlent que le financier et sa fondation ont contribué à hauteur de 700 000 $ au financement de l’USCPR. Depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, on sait également qu’ils se sont montrés très généreux : tentes, pizzas, subventions et, probablement soutien juridique, ont été fournis aux étudiants des campements qui ont secoué le pays.

En deuxième position, la Rockefeller Brothers Fund a de son côté versé 355 000 $ à cette même organisation sur la même période. Là encore, on sait que depuis octobre 2023, leur solidarité est restée proportionnelle au déferlement de haine constaté sur les campus universitaires.

Mais ce qui est encore plus intéressant à signaler, c’est que ces financements ne se limitent pas à l’USCPR. Jewish Voice for Peace (JVP) bénéficie également d’une part généreuse de cette répartition : l’organisation a reçu, de ces mêmes sources de financement, respectivement 775 000 $ et 490 000 $. Un chiffre qui interpelle, surtout lorsqu’on sait que cette organisation qui affiche une identité religieuse, n’est en réalité qu’un bastion déguisé de la cause du Hamas dans les universités américaines, brouillant les pistes et servant de relais à un narratif nauséabond émanant du mouvement terroriste, et légitimant de fait la haine antisémite à l’encontre des étudiants juifs qui ont le malheur de se trouver sur les campus.

En résumé, si l’on ajoute à ces sommes déjà vertigineuses les centaines de milliers de dollars attribués aux autres structures satellites de l’USCPR, ainsi que les dons généreux provenant d’autres sources « anonymes », ce sont au total des milliards de dollars qui ont été déversés dans les mouvements étudiants radicaux, proches ou directement issus de l’idéologie du Hamas, c’est-à-dire des Frères musulmans.

Un système de recrutement bien rôdé

Comme nous l’avons vu plus haut, les Fellowships (ou « camarades »), ces mid-managers de l’USCPR, perçoivent jusqu’à 7 800 $ par mois. Quand on sait que le salaire médian aux États-Unis est inférieur à 5 000 $, c’est, on le comprend, très motivant.

Le principe fédérateur de l’USCPR repose sur la constitution de pôles d’action locale, selon une logique structurée en trois niveaux :

  • D’abord, les Fellowships. Ces « camarades » sont rémunérés et ont la responsabilité de gérer, former et encadrer leur structure locale.
  • Ensuite, viennent les groupes de support, organisés en sessions régulières. On y communique les stratégies du mouvement, on forme et coache les membres, et on réseaute avec les groupes à l’étranger.
  • Enfin, des stages de formation qui sont organisés quatre fois par an, ainsi qu’une retraite annuelle. Ces événements permettent d’apprendre à mener des actions ciblées, à gérer des ressources, et, accessoirement, à trouver et générer des financements.
Diapositives d’une session de l’USCPR Fellowship, 2023. (Crédit montage : Sophie Chemla)

On le comprend, la structure est parfaitement rodée et d’une efficacité redoutable. Elle s’inspire du modèle défendu par Ella Baker, militante afro-américaine engagée pour les droits civiques et qui prônait un activisme de terrain et un leadership collectif.

Ainsi, le Fellowship a pour mission de créer sa propre structure locale, de générer des campagnes pour modifier les rapports de force et influencer les politiques, d’organiser ses ressources, tout en jouant le rôle de mentor auprès des plus jeunes. En somme, il doit préparer la prochaine génération de leaders, afin de permettre à l’USCPR de croître et de se développer, s’il le faut au-delà des frontières.

  • Leur cible ? Les jeunes de 15 à 35 ans.
  • Leur engagement ? Prôner la révolution, et non la réforme.

Pourquoi est-ce important pour nous, en France ?

C’est important parce que les États-Unis constituent un laboratoire à taille humaine de ce qui se prépare en Europe. Nous avons ainsi l’opportunité d’observer, de constater et d’analyser la détermination avec laquelle l’idéologie des Frères musulmans se déploie.

C’est important parce que cette idéologie s’oppose frontalement à nos valeurs laïques, et qu’elle agit malheureusement avec force détermination auprès des plus jeunes.

C’est important parce que nous découvrons l’ampleur des moyens déployés et la stratégie mise en place sur le long terme.

C’est important parce que nous comprenons que les mouvements étudiants qui ont éclaté et déstabilisé le milieu universitaire au printemps 2024 n’avaient rien d’organique et résultaient d’une préparation orchestrée, financée et parfaitement synchronisée.

C’est important enfin parce que, même si tous les mouvements étudiants pro-palestiniens en France ne fonctionnent pas directement sous l’égide du SJP, à l’instar de SJP Sciences Po, on constate qu’ils partagent la même rhétorique et les mêmes modes d’action. Surtout, nous observons qu’au lendemain du 7 octobre 2023, ces mouvements font foison dans nos universités et grandes écoles, célébrant des actions violentes, l’intifada, et l’abolition de tout ce qui s’oppose à leur idéologie.

Regardons d’un peu plus près la structure européenne

Le FEMYSO est une association transnationale européenne considérée comme proche des Frères musulmans. Elle regroupe des associations de jeunesse et d’étudiants musulmans à travers le continent. Branche jeunesse de la Fédération des Organisations Islamiques en Europe (FIOE), elle chapeaute des mouvements plus locaux, comme la Ligue des Musulmans de Belgique (LMB), et entretient des liens étroits avec l’Étudiants Musulmans de France (EMF) et l’Islamic Community Milli Görüs (ICMG) turque, des organisations étudiantes soutenues financièrement par l’Union Européenne, au grand dam de certains politiques français.

En effet, le gouvernement français s’alarme et interpelle régulièrement l’Union européenne au sujet des subventions et des soutiens accordés à ces organisations qui véhiculent des valeurs fort peu compatibles avec celles défendues par l’Europe et censées conditionner l’attribution de ces aides. Ces alertes, malheureusement, demeurent sans effet et les financements continuent de pleuvoir, parce que :

Les autorités des États membres n’assurent pas de suivi et ne rendent pas compte des financements accordés par l’UE à des ONG. [Rapport de la Cour des comptes de l’UE sur la Commission européenne]

Ce sont donc des centaines de milliers d’euros qui sont accordés par l’UE et qui alimentent directement les caisses de ces associations, qui défendent l’idée que :

La beauté se trouve dans la diversité, comme la liberté dans le hijab. [Campagne soutenue par le FEMYSO en novembre 2021].

Ilustration. (Crédit : Pexels, libre d’utilisation / Al Azik Maulana Koentjoro ;
Montage : Sophie Chemla)

Alors certes, le FEMYSO n’a pas – encore – la puissance de feu de l’USCPR, et les financements n’atteignent pas les sommets américains. Toutefois, des organisations européennes comme Islamic Relief entretiennent des liens étroits avec les mouvements étudiants et bénéficient de subventions de plusieurs dizaines de millions de dollars de la part de fondations prestigieuses, telles que la Fondation Bill et Melinda Gates, alors qu’elles se retrouvent également impliquées dans le scandale des subventions allouées par l’USAID à des organisations proches ou en relation directe avec des groupes terroristes.

On le voit. Des structures étudiantes radicales existent bel et bien en France. L’influence et le narratif sont directement transmis des États-Unis, où leur efficacité a déjà été validée. Et les financements commencent à être conséquents

Des actions radicales d’envergure ont déjà été menées

On se souvient, le 1er avril dernier, de la sortie forcée du maître de conférences Fabrice Balanche à Lyon 2, alors que sa sécurité était clairement menacée. Les jours précédents, sur le compte Instagram de lyon2autonome, des étudiants radicalisés appelaient à l’occupation et diffusaient des portraits de l’enseignant afin qu’il soit bien identifié. Cela faisait plusieurs jours que le ton montait avec l’administration, accusée de « racisme et d’islamophobie », alors que la présidente venait d’interdire l’occupation de locaux pour la rupture du jeûne du Ramadan, appelant à une charte « laïque » — ce qui a beaucoup déplu aux « étudiants autonomes ».

On se souvient également du soutien à une imagerie terroriste d’une violence inouïe lorsque des étudiants de Sciences Po Paris ont brandi leurs mains rouges, en référence aux mains ensanglantées du Palestinien Aziz Salha, après le lynchage de deux réservistes israéliens qui s’étaient égarés à Ramallah en octobre 2000, et qui ont été tués dans les conditions barbares que l’on sait.

Certains ont rétorqué que les étudiants ignoraient la symbolique de l’image… Fâcheux, lorsqu’on connaît les exigences d’entrée de cette institution française censée former les élites, celles-là mêmes qui devraient incarner un sens critique attendu.

On se souvient encore des « Viva Intifada » scandés dans les amphis et aux entrées du bâtiment. Parce que, selon certains, dans l’opinion occidentale le mot Intifada est mieux perçu que « lutte armée ».

On peut observer sur les comptes instagram de ces différentes mouvances étudiantes, les invitations récurrentes à des activistes du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP – qui figure depuis 2002 sur la liste des organisations terroristes de l’UE), à Francesca Albanese dont UN Watch a révélé que ses voyages en Océanie au lendemain du massacre du 7 octobre avaient été financés par des groupes pro-hamas.

Bref, lorsque l’on constate les centres d’intérêt de ces groupes étudiants, plus focalisés sur la situation à Gaza et l’application de la charia dans l’espace universitaire, que sur la raison première de leur présence, c’est-à-dire leurs études, on est en droit de se demander… À quand les campements et les tentes dans les universités françaises ?

à propos de l'auteur
Après le 7 octobre 2023, Sophie Chemla s'est rendue sur le terrain pour documenter et témoigner du massacre. Elle a rencontré des victimes, visité les lieux des atrocités et s'est rendue à l'institut médico-légal où elle a découvert les corps mutilés. De cette expérience, elle a écrit un livre. Depuis, elle poursuit ses enquêtes sur le financement du terrorisme et son impact en Occident.
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