“On va s’occuper de toi” : combien de dérapages faudra-t-il pour que l’on qualifie LFI de parti “d’extrême gauche” ?

Les membres français du groupe parlementaire de La France Insoumise (LFI), Thomas Portes (à gauche) et Aymeric Caron s’adressant à la presse près de l'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) lors d'une manifestation anti-Israël d'étudiants, à Paris, le 3 mai 2024. (Crédit : Miguel Medina/AFP)
Les membres français du groupe parlementaire de La France Insoumise (LFI), Thomas Portes (à gauche) et Aymeric Caron s’adressant à la presse près de l'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) lors d'une manifestation anti-Israël d'étudiants, à Paris, le 3 mai 2024. (Crédit : Miguel Medina/AFP)

L’impunité dont jouit La France insoumise doit cesser. Il n’est pas un jour sans qu’un membre de ce parti ne s’illustre par ses excès ou ses débordements. Quelques échantillons de ces dernières semaines nous rappelleront l’ampleur du phénomène. C’est le député Thomas Portes qui lance vendredi au sein de l’hémicycle cette menace grossière à son collègue RN Philippe Lottiaux : « Ferme ta gueule ! On va s’occuper de toi ».

C’est le député Louis Boyard, qui s’est vanté d’avoir pratiqué le commerce de produits stupéfiants dans le passé, qui proclame au micro de Sud Radio, concernant la rencontre de football de la France contre Israël prévue le 14 novembre à Saint Denis : « Je veux que ce match n’ait pas lieu ». On imagine les effets pernicieux à Saint Denis. C’est Thibault Ritchy, assistant parlementaire d’Ersilia Soudais, qui appelle à la constitution de milices d’ultragauche pour s’en prendre à la police française, cette « enfant de Pétain ».

C’est précisément son assistée de députée Ersilia Soudais qui entretient des relations suivies avec l’organisation classée terroriste Front populaire de libération de la Palestine. Dans ce cadre, elle voulut vainement accueillir à l’Assemblée nationale, Mariam Abu Daqqa, responsable importante de celle-ci, et tenta tout aussi vainement d’empêcher son expulsion hors de France par le ministre de l’Intérieur. À ce sujet, j’ai déjà eu l’occasion d’indiquer dans ces colonnes la procédure documentée, diligentée par Avocats sans frontières contre les députés Rima Hassan, Thomas Portes et Ersilia Soudais pour intelligences avec organisations classées terroristes. En l’espèce le Hamas et le FPLP.

Nous n’aurions pas assez d’un livre pour consigner les débordements commis par les membres du parti insoumis. Pour achever notre échantillon par un exemple très récent, rappelons l’achat à un dealer mineur par le député Andy Kerbrat d’une dose de chemsex. Le même député ayant précédemment déclaré la guerre à la drogue, il n’est pas interdit de trouver à sa tartufferie un caractère stupéfiant.

On aurait tort de croire pareils débordements ou délits sans effets et inoffensifs pour l’esprit public. Au demeurant, certains sont précisément commis pour offenser et être offensifs dans les villes et dans les banlieues, notamment auprès de jeunes des quartiers islamisés. Et alors que la violence de certains prend chaque jour un caractère plus mortifère. Et pourtant, force est de constater l’impunité totale dont jouit un parti qui a quitté délibérément le terrain républicain. J’affirme ici, que si un parti classé à droite avait commis par l’intermédiaire de ses membres les mêmes débordements, sa dissolution aurait été envisagée, au même titre, par exemple, que Génération identitaire. Mais la question ne sera pas posée, s’agissant d’un parti situé à la gauche du spectre parlementaire.

C’est ce que j’appelle depuis longtemps le « privilège rouge » et qui fait, par exemple, que le communisme stalinien ou maoïste inhumain n’a pas connu son procès de Nuremberg. Avec, précisément, les conséquences – ou plutôt leur absence – dans la perception des événements historiques postérieurs. Il n’y a pas que l’impunité administrative ou juridique. Mais observons que pour l’heure, le parquet ne s’est pas manifesté avec une particulière célérité contre les nombreuses apologies du terrorisme constatées depuis ce 7 octobre 2023 de sinistre mémoire.

Et je ne parle pas des nombreuses manifestations haineuses au cours desquelles des islamistes expriment leurs discours violemment antisémites en présence de députés insoumis applaudissant leurs harangues enflammées. Qui peut croire un seul instant que ces discours impunis de haine sont sans effets sur les actes anti-juifs en progression exponentielle ? Quel être de raison peut accepter une telle impotence après que les Français israélites ont déjà éprouvé dans leur chair des assassinats et massacres islamistes sanglants ?

Il y a aussi une invraisemblable impunité médiatique dont on voit bien l’aspect idéologique. C’est ainsi, pour prendre l’exemple le plus récent, qu’alors que les radios de notre audiovisuel de service public ou Le Monde sont loquaces pour signaler la vulgarité d’un candidat étranger à une très prochaine élection étrangère, ils sont restés taisants sur ces menaces proférées à l’Assemblée nationale par un député français à l’encontre d’un autre député français.

Mais le signe le plus manifeste de l’indulgence médiatique habite dans le refus lexical de nommer l’extrémisme. Alors que le Rassemblement National est toujours, malgré son indéniable recentrage, présenté verbalement à « l’extrême droite » du spectre politique, une très grande partie du personnel médiatique – principalement public – se refuse toujours à situer le parti de Jean-Luc Mélenchon à « l’extrême gauche » et ce malgré ses excès toujours plus extrêmes. On aurait tort de croire cette injustice flagrante sans effet sur l’inconscient public. L’impunité honteuse doit cesser, il ne s’agit pas seulement d’une question de morale ou de justice. Mais tout simplement de notre démocratie.

Article publié sur LE FIGARO le 04/11/24. Avec l’aimable autorisation de l’auteur.

à propos de l'auteur
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.
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