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« On n’a jamais été aussi libres que sous l’Occupation »

Mya Pikoos, résidente d'un kibboutz et auxiliaire médicale bénévole, s'exprime lors d'un entretien avec l'AFP devant sa maison dans le kibboutz Dan évacué, près de la frontière libanaise, le 15 novembre 2023, dans un contexte de tensions transfrontalières croissantes, alors que les combats se poursuivent avec le Hamas dans le sud de la bande de Gaza. (Crédit : John MACDOUGALL / AFP)
Mya Pikoos, résidente d'un kibboutz et auxiliaire médicale bénévole, s'exprime lors d'un entretien avec l'AFP devant sa maison dans le kibboutz Dan évacué, près de la frontière libanaise, le 15 novembre 2023, dans un contexte de tensions transfrontalières croissantes, alors que les combats se poursuivent avec le Hamas dans le sud de la bande de Gaza. (Crédit : John MACDOUGALL / AFP)

Ce n’est que dans les situations extrêmes que la vraie nature, l’essence de chacun se révèle. Choisir son camp et exister. Se révéler. Etre libre.

Comme dans notre nouvelle réalité qui ne s’embarrasse plus de masques et de faux-semblants.

Depuis le 7 octobre les juifs ont découvert le monde qui les entoure. Un monde fait de ceux qui ânonnaient « plus jamais ça » mais trouvent aujourd’hui un contexte à « ça » et les autres, ceux qui sont effrayés de vivre le même destin qu’Israël, ceux qui refusent le totalitarisme.

Et Israël découvre l’ampleur de la haine dirigée contre lui.

Jamais les Israéliens n’ont été aussi choqués de voir l’étendue du soutien à ceux qui appellent à sa destruction. Beaucoup pensaient qu’il s’agissait d’une question de politiques entreprises par les gouvernements israéliens successifs. Ils pensaient que la question des « colonies » était un « obstacle à la paix ». Que le monde voyait la vitalité de la démocratie israélienne, mobilisée pour faire valoir les droits des minorités envers des attaques internes. Que le monde ne remettait pas vraiment en cause l’existence de l’Etat d’Israël, au moins dans son principe ; que l’on parlait des frontières de 67…

Et puis les masques sont tombés.

Nos ennemis ne font pas de distinction entre nous. Gauche, droite, religieux, laïcs, militants pour la paix, « colons », tous, nous sommes tous devenus des parias. Le Hamas est venu attaquer depuis un territoire qui n’est pas gouverné par Israël, dans des localités situées dans des terres israéliennes reconnues comme telles. Le Hamas a attaqué avec toute la force de la barbarie moyenâgeuse sans distinction que ses victimes soient des militants pour la paix travaillant activement au bien être des palestiniens ou des électeurs de Ben Gvir.

Et quand le Hamas viole des israéliennes et exhibe leurs corps mutilés ou les traine dans les rues de Gaza, aucune organisation internationale féministe n’a trouvé le temps de s’en émouvoir.

Pire, certains n’ont pas attendu pour nier immédiatement les crimes pourtant filmés et revendiqués par le Hamas. Des représentants de mouvements auto-proclamés progressistes ont immédiatement mis en doute la véracité des attaques tout en refusant de les condamner et personne n’est venu écouter et voir de leurs propres yeux ce qui s’est passé.

L’UNESCO n’a pas été plus loquace alors que des enfants sont retenus captifs sans que l’on ait eu de nouvelles depuis plus de 2 mois.

Pas de MeToo pour les Israéliennes. Pas de célébrités affichant sans risque une pancarte « Bring back our girls ».

Israël est le seul pays attaqué qui ne peut être défendu car il est toujours coupable, le juif des nations.

Les langues se sont déliées, les masques tombés, la parole haineuse est libérée.

« Le 7 octobre ? terrible, mais la tragédie a commencé avant. Elle touche les Palestiniens, les vraies victimes. Et elle a commencé il y a 75 ans. »

« Le 7 octobre n’est pas arrivé de nulle part, il y a un contexte, c’est l’existence d’Israël. »

Au moins on sait répondre à cette question que tout juif né en dehors d’Israël s’est posée : s’ils revenaient, qui me cacherait ?

Il est clair désormais pour tout Juif qu’Israël n’est pas un luxe, et que son existence est absolument nécessaire.

Car cette fois, nous nous défendons, ne vous déplaise. Nous refusons d’être victimes.

Et nous choisissons la vie.

Et de la même manière que les situations extrêmes comme celle que nous vivons, fait surgir le plus noir et le plus lâche, d’autres se révèlent être de vrais héros. En toute humilité.

Chaque jour apporte son lot de tragédies et le décompte macabre de soldats dans la fleur de l’âge tombés au combat ne cesse de croître.

Mais derrière chacune de ces individualités arrachées à leur vie se cache une histoire de bravoure. D’officier protégeant ses soldats au péril de sa vie, de soldats affrontant des terroristes embusqués derrière des poupées dans des « écoles », de civils venus sauver des jeunes pris pour cible par des psychopathes génocidaires le 7 octobre, des jeunes quittant leurs vacances au bout du monde pour venir s’engager dans l’armée avant même d’être appelés, les artistes donnant des spectacles chaque jour dans les bases militaires ou dans les hôtels où sont réfugiés les populations du sud et du nord… il faudrait des heures pour énoncer tous les actes de bravoure que nous découvrons chaque jour.

A chaque enterrement et pendant la période des 7 jours de deuil, des foules d’anonymes et d’officiels viennent visiter les familles endeuillées et les réconforter. Et à chaque fois les familles découvrent des inconnus venus leur raconter une anecdote de bravoure de leur être aimé.

Hier, un père racontait qu’il avait conduit 2 heures et demi pour venir témoigner auprès de parents endeuillés de la générosité d’âme de leur fils qui se souciait toujours du bien-être de ses soldats avant le sien et qui multipliait les actes en ce sens. Les parents émerveillés et le cœur brisé l’écoutaient en le remerciant. Il m’a dit après que c’était un devoir pour lui d’honorer la mémoire de ce soldat qui a tant donné pour son propre fils.

Nos jours sont parsemés de ces histoires, de larmes qui coulent constamment, des émotions à fleur de peau, de l’inquiétude du futur, de cette solitude, de cet isolement, de l’incompréhension des réactions internationales.

Il est vrai que tous les signaux étaient présents et que l’évolution que beaucoup d’entre nous dénonçaient, avançait inexorablement vers la réalité que l’on découvre aujourd’hui. Pourtant on pouvait espérer que face à l’adversité, face à l’extrême, des vocations s’épanouiraient.

Il n’en est rien.

Les leaders de ce monde devraient prendre des leçons de bravoure auprès de la société israélienne.

De bravoure et d’humilité.

à propos de l'auteur
Née à Paris, ancienne avocate au Barreau de Bruxelles, Myriam a quitté l’Europe en 2005 pour s’installer à Montréal, où elle est devenue une travailleuse communautaire au FNJ-KKL puis directrice des relations communautaires et universitaires pour CIJA, porte parole officiel de la communauté juive, avant de faire son alyah. Après un passage au Keren Hayessod, une activité de consultante en relations publiques pour des clients canadiens, européens et israéliens, elle est désormais DIrectrice des missions en Israel pour CIJA.
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