Nouvelle période

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, les ministres et les députés le vote sur le budget de l'État dans la salle de réunion du parlement israélien à Jérusalem, le 23 mai 2023. Photo de Yonatan Sindel/Flash90
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, les ministres et les députés le vote sur le budget de l'État dans la salle de réunion du parlement israélien à Jérusalem, le 23 mai 2023. Photo de Yonatan Sindel/Flash90

Le budget 2023-2024 adopté, c’est une nouvelle période qui s’ouvre. Le gouvernement semble ne pas courir de risque majeur jusqu’en 2015, même si rien n’empêche l’adoption d’une motion de censure ou un éclatement de la coalition. Il devra dans les semaines qui viennent décider de l’avenir de la réforme du système judiciaire.

En dépit de ses déclarations, Binyamin Netanyahou veut en finir avec cette affaire où il n’a pris que des coups. Mais parmi ses partenaires de la coalition et au sein même de son parti, beaucoup ne l’entendent pas ainsi et voudraient légiférer même en l’absence d’un accord avec l’opposition. D’autant qu’il est à peu près certain que les discussions en cours chez le Président n’aboutiront pas sur les deux aspects principaux de la réforme : le contrôle de constitutionnalité des lois et la commission de nomination des juges.

Un accord partiel pourrait être envisagé sur des points mineurs comme le « principe de raisonnabilité » ou le statut des conseillers juridiques. Mais l’opposition a déjà prévenu : un accord sur tout ou rien. Face à ce dilemme, Binyamin Netanyahou pourrait employer une technique où il excelle : différer la décision.

D’autant qu’il n’est pas le seul à subir des pressions. Dans les manifestations du samedi soir, nombre d’orateurs pressent l’opposition de se retirer de cette « mascarade » qui servirait les intérêts d’un Binyamin Netanyahou faisant face à une crise diplomatique et bientôt à une crise économique.

L’urgence est pour lui de rétablir un canal de discussions avec les Etats-Unis, l’Europe et les investisseurs internationaux. L’arrêt de la réforme serait la condition sine qua non posée par l’administration Biden pour une invitation à la Maison blanche.

Les pressions internationales ont déjà conduit le gouvernement à écarter un projet de loi visant à surtaxer les dons de gouvernements étrangers à des institutions israéliennes soupçonnées d’être toutes subversives (mais où on trouvait aussi des associations de soutiens aux universités ou aux rescapés de la Shoah).

En somme, dans la nouvelle période qui s’ouvre, le gouvernement devra s’occuper de vrais problèmes comme la lutte contre la vie chère devenue le premier sujet de préoccupation des Israéliens. Il devra aussi faire face au danger iranien, qui, selon les responsables de la sécurité, devient une affaire urgente.

En somme, Binyamin Netanyahou devra délaisser le monde confortable des discours et des slogans pour redescendre sur terre. L’opposition aussi.

à propos de l'auteur
Philippe Velilla est né en 1955 à Paris. Docteur en droit, fonctionnaire à la Ville de Paris, puis au ministère français de l’Economie de 1975 à 2015, il a été détaché de 1990 à 1994 auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Il a aussi enseigné l’économie d’Israël à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 1997 à 2001, et le droit européen à La Sorbonne de 2005 à 2015. Il est de retour en Israël depuis cette date. Habitant à Yafo, il consacre son temps à l’enseignement et à l’écriture. Il est l’auteur de "Les Juifs et la droite" (Pascal, 2010), "La République et les tribus" (Buchet-Chastel, 2014), "Génération SOS Racisme" (avec Taly Jaoui, Le Bord de l’Eau, 2015), "Israël et ses conflits" (Le Bord de l’Eau, 2017), "La gauche a changé" (L'Harmattan, 2023). Il est régulièrement invité sur I24News, et collabore à plusieurs revues.
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