Nouvelle donne

On laissera aux esprits chagrins le déni du succès de l’opération israélo-américaine contre l’Iran. Les capacités nucléaires du régime des mollahs ne sont sans doute pas anéanties, mais très atteintes. Et cela change la donne au Proche-Orient. Ce n’est pas un hasard si juste après le cessez-le-feu, on parle très sérieusement d’un accord sur la libération des otages et la fin de la guerre à Gaza.
Le président américain et le Premier ministre israélien envisagent aussi un élargissement des accords d’Abraham.
Sur le plan intérieur, la guerre avec l’Iran a aussi changé quelque chose : les sondages montrent une remontée spectaculaire du Likoud, mais cela pourrait ne pas durer.
Un autre thème est en train de faire l’actualité : le procès de Benjamin Netanyahu. De façon spectaculaire, Donald Trump a pris position en faveur de l’arrêt de la procédure, question qui ne concerne pourtant pas l’administration américaine… Nul doute qu’en coulisses, le président américain tente ainsi d’amadouer le Premier ministre israélien sur un sujet sensible. L’avenir de la bande de Gaza, par exemple.
Plus que le fond, c’est la méthode employée par la Maison blanche qui surprend : profitant du prestige acquis par l’opération américaine, qui en 25 minutes (!) a imposé un cessez-le feu à Téhéran, Donald Trump n’hésite plus à se comporter en maître de la classe du Proche-Orient, où son meilleur élève, Benjamin Netanyahu, doit lui obéir.
Une simple déclaration a imposé le retour des avions israéliens voulant répliquer à une violation du cessez-le-feu par l’Iran. Alors… Alors, Donald Trump – qui est toujours candidat au prix Nobel de la paix – entend pousser son avantage. Son objectif a le mérite d’être ambitieux : faire du Proche-Orient une zone de paix et de prospérité.
Il ne le dit pas ouvertement, mais il le pense si fort qu’on finit par le comprendre : cette pax americana sera d’abord une bonne affaire pour l’économie américaine, ses entreprises, et avant tout pour celles de la famille Trump.
Si cela peut amener la paix, on se contentera d’une simple observation. Pas d’une mesure disciplinaire comme celle que le maître Donald Trump pourrait infliger à Israël. Il aime rappeler que le soutien à l’État juif coûte des milliards de dollars par an au contribuable américain.
C’est sans doute la principale leçon à tirer de la nouvelle donne : la Chine et la Russie ne sont pas venus au secours de l’Iran, laissant aux États-Unis le rôle de seule grande puissance au Proche-Orient. L’Iran et ses proxys (Hamas, Hezbollah, milices en Irak…) sont défaits, et des perspectives de paix inespérées sont en train de s’imposer. En clair, la page noire ouverte le 7 octobre 2023 est en train d’être tournée, et on ne s’en plaindra pas.