Notre petit village d’Anatevka

Image tirée du film de Norman Jewison de 1971 intitulé « Un violon sur le toit ». (United Artists/The Kobal Collection)
Image tirée du film de Norman Jewison de 1971 intitulé « Un violon sur le toit ». (United Artists/The Kobal Collection)

Que vient nous enseigner la comédie musicale « Un violon sur le toit » sur notre rapport à Israël ? L’article qui suit a été publié dans le numéro 1748 du journal Actualité Juive, édition du 29 août 2024.

J’ai lu le dernier livre de Bernard-Henry Lévy, « Solitude d’Israël ». Il fourmille d’arguments et d’explications très intéressants auxquels nous ne pensons pas.

Le chapitre « Pourquoi Israël » m’a notamment marqué, car la réponse me semblait évidente de prime abord. Mais quand nous y réfléchissons davantage, pourquoi Israël ? Et selon à qui nous répondons, l’argumentation ne sera pas la même.

Face à un croyant d’une autre confession reconnaissant l’existence d’Israël, l’argument religieux pourra fonctionner.

Face à un laïc « sympathisant », l’argument historique (du sionisme au choc de la Shoah) pourra fonctionner.

Ce sera une perte de temps face à une personne hostile. Mais face à un indécis ou à une victime du discours médiatique ambiant, que dire ?

Bernard-Henry Lévy nous aide en nous posant une série de questions avant de proposer une réponse : « Pourquoi un État plutôt que rien ? Pourquoi un État plutôt que l’assimilation, la fin de l’exception, la paix des ménages et des nations ? Pourquoi un État plutôt que le dépassement des contradictions, la nouvelle formule, la grande alliance ? ». Le lecteur est invité à lire l’ouvrage pour connaître la suite du raisonnement.

Pour ma part, cela me fait fortement penser à la célèbre comédie musicale jouée par Chaim Topol « Un violon sur le toit », adaptée du roman « Tevye le laitier » de Cholem Aleikhem. La première chanson commence par ces paroles :

Ici, dans notre petit village d’Anatevka, on pourrait dire que chacun de nous est comme un violoniste sur un toit, essayant de jouer une mélodie douce et agréable sans se casser le cou. Anatevka est notre maison. Et comment garder l’équilibre ? En un mot : Tradition !

Comment ne pas faire de parallèle avec notre situation en diaspora ? Chacun de nous est comme un violoniste sur un toit à jouer sa mélodie. La seule chose qui nous maintient en équilibre est notre tradition et notre spécificité, la Torah. Tout va bien durant les temps calmes ou tant que les brises restent légères. Mais lorsque la grosse tempête se lève, nous nous réfugions sur un autre toit en priant pour ne pas tomber. Parfois, nous en arrivons même à quitter Anatevka pour continuer à jouer sur un toit dans une autre ville.

Mais Israël est plus qu’un toit. Pourquoi Israël ? Tout simplement parce que c’est notre maison.

à propos de l'auteur
Laurent Beyer est consultant en stratégie d’entreprise et travaille dans les plus grandes banques européennes. Il vulgarise, synthétise et présente les enjeux avec pédagogie. Ces compétences, Laurent les réutilise sur son temps libre pour contribuer dans la presse en répondant à des questions de société.
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