Newspeak (Novlangue)

Dans 1984, George Orwell avait imaginé une dictature de la pensée qui passait par une réduction du vocabulaire et par une constante réécriture de l’histoire en fonction des politiques du moment. Jamais une vision de l’avenir n‘a été aussi juste, si ce n’est peut-être en-deçà de l’horreur de la réalité actuelle.
Prenons les mots et leur usage : « résistance » et « génocide » par exemple. Étrangement, l’attaque barbare du 7 octobre a été quasiment immédiatement justifiée et qualifiée d’acte de résistance, alors que le terme « génocide » qui aurait pu et dû désigner ces actes, a été utilisé pour désigner la défense d’Israël dès le lendemain du 7 octobre.
Les médias occidentaux ont relayé la propagande du Hamas en reprenant ces termes, ainsi que celui d’ « occupation » ou d’ « entité sioniste » pour diaboliser le pays. Ils ont continué en parlant d’ « échange d’otages » entre Israéliens et Palestiniens.
Les mots ne sont décortiqués que lorsqu’ils sont prononcés par les Israéliens : dire que les terroristes du Hamas se sont comportés comme des bêtes, c’est les déshumaniser ! Quel scandale ! Mais qui a dénoncé le côté inhumain de leurs exactions ? Trop peu de voix se sont élevées pour dénoncer ces manipulations de langage et leurs conséquences.
À une époque où le politiquement correct désigne un mot par son contraire (cf le vocabulaire militaire américain où « attack » se dit « defense » et où « occupation » se dit « libération », il n’est pas étonnant que l’individu lambda perde ses repères et soit prompt à répéter tous les slogans qui lui tombent sous la main.
La confusion, le double langage et la double pensée ( cf « doublethink ») qu’avait imaginé Orwell sont à l’œuvre de manière outrancière, particulièrement dans la couverture du conflit israélo-palestinien, mais pas uniquement. Toute la terminologie woke sur la théorie des genres est un autre exemple de cette volonté d’introduire la confusion là où il n’y avait aucune ambiguïté.
Ainsi, nous sommes bel et bien dans une époque où une élite (laquelle ?) cherche à asseoir son pouvoir en crétinisant les masses. Une époque où certains peuvent réécrire l’histoire et clamer que Jésus était Palestinien, où d’autres comparent la guerre de Gaza avec le génocide nazi, où d’autres encore s’acharnent à soutenir que l’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme…
Les mots et leurs sens sont dénaturés ; ils finissent par se confondre dans une bouillie informe de préjugés et raccourcis repris par les idiots utiles, qui reprennent la propagande du Hamas et autres islamistes.
Nous devons être vigilants et ne pas tomber nous-mêmes (Israéliens, Juifs, citoyens, hommes politiques) dans les pièges des exagérations et généralisations pour garder un minimum d’honnêteté intellectuelle et d’ouverture d’esprit.
On ne peut pas envisager de paix ni de cohabitation sans nommer les problèmes et leurs solutions avec justesse et précision. Bien nommer les choses, c’est accepter de regarder la réalité en face, car comme a dit Camus :
Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.