Nefech ve Shoresh, le petit théâtre d’Adar

Adar est une amie de ma fille.

Comme ma Pauline, c’est une belle petite, pleine de fougue et de joie. Pendant le confinement, elle nous a tous aidés à obtenir des droits citoyens dont mon comptable n’avait même pas idée.

« Mais d’où tu maîtrises des choses comme ça, toi« , lui ai-je demandé, alors qu’à mes fourneaux, elle cuisinait ses galettes de riz (« je veux bien que vous m’invitiez, mais c’est moi qui cuisine pour vous ») et elle m’a répondu modestement qu’elle gérait un théâtre et j’ai trouvé ça joli.

Et puis le mois dernier, j’ai su qu’elle était en larmes parce que le dépôt qui abritait les décors de son théâtre avait entièrement brûlé. Ma pauvre chérie, hiye beseder. Oui, mais il y en avait quand même pour un million de shekels…

« –Tu avais, dans un dépôt, pour un million de shekels de matériel de théâtre ? Mais… c’est quoi, ton théâtre ?
-Je t’envoie le lien, on a lancé une cagnotte participative. »

C’est comme ça que j’ai découvert le théâtre Nefesh ve Shoresh.

Le théâtre Nefesh ve Shoresh est né de l’association du théâtre Nefesh, l’âme, premier théâtre juif professionnel du Canada fondé en 1978 par Howard Rypp et du théâtre Shoresh, la racine, fondé il y a plus de 30 ans par le père de Adar, Shlomi Ben David.

Notre petite Adar est directrice d’un théâtre ambulant à la Molière.

Plus de 100 professionnels de la scène, dramaturges, metteurs en scène, acteurs, scénographes, costumiers, accessoiristes, machinistes, décorateurs, musiciens, commerçants, chauffeurs et techniciens y sont associés.

Chaque jour, un camion sort du dépôt du Moshav Mishmar HaShiva avec à son bord, la lumière et le son, les vidéoprojecteurs, les ordinateurs, les instruments de musique, les marionnettes, les décors, les costumes et tous les accessoires d’une pièce de théâtre clé en mains qui va se jouer, chaque jour, devant un public différent, des jeunes aux plus âgés, dans un lieu différent, écoles, lycées et toutes les institutions culturelles, éducatives et sociales d’Israël et du monde entier, en cinq langues s’il vous plaît, en hébreu, en arabe, en anglais, en amharique, en yiddish.
Le spectacle terminé, on remballe et le camion rentre à la caverne d’Ali Baba.

C’est cette caverne magique qui a été complètement détruite par le feu. Sur les 1000 m2 d’entrepôt, rien n’a pu être sauvé. Rien.

Rien, hormis l’énergie et le désir de continuer de ceux pour qui, quoi qu’il arrive, the show must go on.

Il faut qu’on les aide.
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à propos de l'auteur
Elle a fait de la radio, de la presse écrite, beaucoup de dessins et des chroniques d’audience en France. Depuis 10 ans en Israël, elle enseigne et a même fini par ouvrir une galerie d’art (ce pays rend fou). Plus concrètement, elle est surtout la mère dépassée de trois merveilles de gosses et réussit très bien le clafoutis, le crumble et le tiramisu.
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