Naftali est de retour

L'ancien Premier ministre Naftali Bennett s'exprimant lors d'une conférence d'Israel Hayom, le 14 août 2024. (Crédit : Capture d'écran ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)
L'ancien Premier ministre Naftali Bennett s'exprimant lors d'une conférence d'Israel Hayom, le 14 août 2024. (Crédit : Capture d'écran ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d'auteur)

On l’avait déjà compris, mais on en a aujourd’hui la confirmation : Naftali Bennett revient en politique.

L’information peut paraître dérisoire à l’heure où la guerre continue à Gaza et à la frontière Nord, et alors que 101 otages (dont la moitié seraient vivants selon le Premier ministre) sont encore détenus par le Hamas. C’est précisément cette raison qui a été évoquée par Naftali Bennett : la gravité de la situation le conduit à changer ses plans et à retourner plus vite que prévu en politique.

Lors d’une rencontre organisée par la fédération juive de Montréal, à laquelle participaient nombre d’Israéliens expatriés, Naftali Bennet a dévoilé son projet : un gouvernement composé de personnes de droite et de gauche, religieuses et laïques, agissant notamment pour que les ultra-orthodoxes soient des citoyens comme les autres, égaux en droits et devoirs.

Une vision qui rappelle celle du « gouvernement du changement » qu’il a formé en 2021 avec la coalition battue lors des élections du 1er novembre 2022. Celle-ci comportait un parti arabe (Ra’am de Mansour Abbas). Naftali Bennett se garde bien d’évoquer une réédition de cette alliance. Il est vrai que depuis le 7 octobre, en dépit de la bonne conduite des Arabes israéliens, cette perspective ne risque pas de faire recette…

Ce n’est que l’une des conséquences de la tragédie nationale. Une autre est la nécessité de tenir un discours sécuritaire intransigeant. Naftali Bennett n’a pas trop à se forcer. Ancien officier du prestigieux commando d’élite Sayeret ha matkal (la troupe de l’État-Major), il a commencé en politique à la droite de la droite, partisan de l’annexion de la Cisjordanie.

Au poste de Premier ministre, il s’est montré beaucoup plus pragmatique, conduisant une politique de centre droit.

Le succès de Naftali Bennett dépendra de paramètres qu’il ne maîtrise pas : le sort de la guerre, la date des élections (au plus tard fin 2026), l’offre politique à ce moment-là… Sur ce dernier point, il devra d’abord s’entendre avec son rival et allié : Avigdor Liberman. Liste commune ou listes séparées ? Pour l’heure, l’ambition des deux hommes plaide plutôt pour une émulation avant un accord post-électoral.

Les sondages créditent Naftali Bennett d’un score lui permettant de prétendre au poste de Premier ministre. Pour l’emporter dans les urnes, il devra présenter un programme crédible susceptible de rassurer les Israéliens et affronter la violence des attaques de ses adversaires fidèles à Binyamin Netanyahu. Comme il y a trois ans, ceux-ci emploieront tous les moyens pour le discréditer.

à propos de l'auteur
Philippe Velilla est né en 1955 à Paris. Docteur en droit, fonctionnaire à la Ville de Paris, puis au ministère français de l’Economie de 1975 à 2015, il a été détaché de 1990 à 1994 auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Il a aussi enseigné l’économie d’Israël à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 1997 à 2001, et le droit européen à La Sorbonne de 2005 à 2015. Il est de retour en Israël depuis cette date. Habitant à Yafo, il consacre son temps à l’enseignement et à l’écriture. Il est l’auteur de "Les Juifs et la droite" (Pascal, 2010), "La République et les tribus" (Buchet-Chastel, 2014), "Génération SOS Racisme" (avec Taly Jaoui, Le Bord de l’Eau, 2015), "Israël et ses conflits" (Le Bord de l’Eau, 2017), "La gauche a changé" (L'Harmattan, 2023). Il est régulièrement invité sur I24News, et collabore à plusieurs revues.
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