« Munich » à Paris en 2016?
« En septembre 1938, une démocratie (le Royaume-Uni) et une tyrannie (l’Allemagne nazie) se sont rencontrées à Munich – un événement synonyme d’apaisement et le sacrifice de la minuscule Tchécoslovaquie.
En août 1939, deux tyrannies (l’Union soviétique et l’Allemagne nazie) ont signé le pacte Molotov-Ribbentrop – un événement qui entraîna la mort de plus de 50 millions de personnes, dont six millions de Juifs.
En mai 2016, deux démocraties (la France et les Etats-Unis) vont convoquer à Paris quelque trente Etats (représentés pour la plupart par des démocrates, mais avec la présence de quelques tyrans), prétendument pour régler le conflit le plus long de l’Histoire – celui qui oppose Israéliens et Palestiniens –, alors qu’en réalité ils vont pénaliser les représentants des deux bords.
Cette réunion est-elle une initiative objective, impartiale et équilibrée, au service d’une médiation qui doit mener à une paix si difficile à atteindre ?
Son objectif ne serait-il pas plutôt de servir un diktat où Israël ferait office d’agneau pascal sacrifié ?
Quelles sont donc les motivations de ces deux hôtes conjoints ?
La France, malgré ou à cause de sa victimologie partagée avec Israël en tant que cible du terrorisme djihadiste, cherche peut-être à apaiser sa population d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient en pleine croissance ainsi que les idéologues d’extrême gauche, tout en glorifiant son rôle de protagoniste sur la scène internationale.
Les Etats-Unis, à l’heure du crépuscule d’Obama, se sont vus infliger un camouflet par le tsar russe de la néo-guerre froide. C’est pourquoi ils semblent maintenant se tourner vers le Moyen-Orient pour y jouer un rôle peu coûteux, sans présence effective sur le terrain, qui couvrirait leur politique d’apaisement avec l’Iran, et qui pourrait presque leur justifier un prix Nobel de la Paix reçu prématurément.
Pas plus tard que mois dernier, la France a révélé ses intentions, pour le moins inquiétantes, en menant la charge contre le patrimoine juif : à l’Unesco, elle a délégitimé le lien que les Juifs entretiennent avec le mont du Temple et bafoué l’intégrité juive du ‘‘Kotel’’, son Mur occidental.
En outre, juste avant de quitter ses fonctions, en février dernier, Laurent Fabius, ancien ministre des Affaires étrangères, a cherché à assurer sa succession en lançant des ballons d’essai à cette conférence. Mais il s’est clairement dévoilé en menaçant Israël – sous peine de rejet de la doctrine de Paris : il a annoncé que la France présentera au Conseil de sécurité de l’ONU une résolution unilatéralement anti-israélienne.
Des rumeurs courent sur la date tactique de présentation de cette résolution : elle aurait été programmée fin novembre ou en décembre prochain, afin de ne pas influer sur l’élection présidentielle américaine, mais pour permettre à Obama d’effectuer un revirement de dernière minute, boiteux et radical, de sa stratégie, en refusant à Israël le veto américain traditionnel.
Les Palestiniens ont salué la proposition franco-américaine, sachant que, bien qu’ils ne soient pas un Etat, ils siégeront dans une antichambre et auront accès à toute l’information ; ils pourront communiquer avec les médias et seront représentés par des mandataires officiels et des lobbyistes non gouvernementaux.
Pour sa part, Israël, bien qu’Etat souverain et membre de l’ONU, n’aura pas accès aux débats – une rebuffade diplomatique et une discrimination aux répercussions potentiellement antisémites.
Ce traitement de faveur saura-t-il apaiser les attentats islamistes en France et aux Etats-Unis ? Rien n’est moins sûr, mais par contre il encouragera certainement l’antisionisme antisémite de droite et de gauche en Europe et une recrudescence du terrorisme contre Israël, le tout accompagné d’une poussée de violence dans tout le Moyen-Orient.
Cette conférence méconnaît la réalité du conflit israélo-palestinien – ce dernier est devenu le perpétuel pain quotidien de tant de ministères des Affaires étrangères, d’organismes d’aide et d’ONG, qui auraient du mal à survivre si la paix était instaurée.
Après tout, ce conflit considéré comme insoluble serait en réalité le moins épineux du monde actuel, frappé de tant de guerres. Si les soi-disant artisans de la paix voulaient bien convaincre les dirigeants palestiniens de reconnaître Israël en tant qu’Etat juif, le conflit serait résolu à 90 %.
L’obstination des Palestiniens à refuser cette reconnaissance est la preuve de son intention à peine voilée d’éliminer l’Etat juif.
La validation par l’Unesco d’un patrimoine palestinien construit sur l’usurpation de l’identité juive ne fait que perpétuer le conflit, en fournissant à la ‘‘Palestine’’ la reconnaissance qui fait défaut à Israël.
Verra-t-on alors en ce mai 2016 l’avènement d’un nouveau Munich à Paris ?
La Russie, en tant qu’alliée dans la Deuxième Guerre mondiale et aujourd’hui partie prenante du Quartet du Moyen-Orient. avec l’Allemagne et le Royaume-Uni pour leurs propres raisons historiques et contemporaines, doit empêcher Paris et Washington d’évoquer un scénario qui mettrait en danger non seulement Israël, mais, à terme, elle-même.