Monsieur le Président de l’État, réveillez-vous et prenez l’initiative ! 

Le président Isaac Herzog s'exprimant lors d'une conférence sur l'enseignement supérieur, à Herzliya, le 21 novembre 2024. (Crédit : Kobi Gideon / GPO)
Le président Isaac Herzog s'exprimant lors d'une conférence sur l'enseignement supérieur, à Herzliya, le 21 novembre 2024. (Crédit : Kobi Gideon / GPO)

Le président Isaac Herzog a été élu avec le soutien de Benjamin Netanyahu, mais cela n’implique pas une obligation politique ou morale de couvrir ses actions. Le président, qui représente le bien-être du public tout entier, doit agir et faire le lien entre les différentes couches de la population.

Lorsque la manifestation contre le renversement judiciaire de la coalition la plus extrême jamais formée en Israël a été mise en place, le président Herzog s’est attelé à la mission suprême de l’unité du peuple et de la préservation du caractère démocratique de l’État et des valeurs de la Déclaration d’indépendance. Mais il s’est endormi, et se contente de déclarations sans détermination.

Quatorze mois après le « samedi noir », alors que le pays est en guerre sanglante, Netanyahu et son gouvernement reprennent leur « guerre » contre le système judiciaire et mènent une législation qui risque de faire effondrer la démocratie israélienne. Les manifestations massives, tant du public opposé à la révolution gouvernementale que des familles des otages et de leurs partisans, ont atteint un sommet sans précédent, mais sans résultat. Netanyahu et son gouvernement nient les ressentiments du public et ignorent ses cris.

Il ne reste que l’intervention du président de l’État. Il devrait clairement exiger la mise en place immédiate d’une commission d’enquête nationale. Si cela n’est pas fait, il devra initier, au nom de la majorité du public, la création d’une commission parallèle à la commission nationale, avec une composition et des pouvoirs similaires, et déclarer sans équivoque que si ses conclusions ne sont pas mises en œuvre, il démissionnera et rejoindra le soulèvement du peuple.

Il devrait également imposer l’arrêt de la guerre dans la bande de Gaza pour le retour des otages. Comme le dit Maïmonide : « Il n’y a pas de plus grande mitzva que la libération des captifs ». Le deuil et le coût de la guerre sont cependant familiers à Israël, mais le sacrifice des otages dans les cachots du Hamas ne sera jamais pardonné.

Si le président Herzog ne se réveille pas et ne prend pas l’initiative au nom du peuple, il serait inscrit, avec la coalition du « 7 octobre », dans le « livre noir » de l’histoire israélienne pour l’éternité.

On ne se souviendra de lui que pour les humiliations subies par Netanyahu. Souvenons-nous de celle du 17 octobre 2023, dix jours après le pogrom à la frontière de Gaza, quand le président américain lui-même est venu exprimer son soutien à Israël et à sa sécurité et à son intégrité.

À la descente de l’avion du président Joe Biden, Netanyahu a couru vers lui pour l’embrasser en premier. Comme un voyou sautant sur un butin, Netanyahu s’est assuré d’empêcher de force le président de l’État d’accueillir le président américain comme il se doit, selon le protocole et les pratiques du monde éclairé. Un véritable scandale. Une honte et une humiliation que le président de l’État a préféré avaler.

Le pays se trouve aujourd’hui à une époque qu’il n’a jamais connue depuis sa création. Un pogrom s’est produit sur son territoire souverain. Le peuple crie pour sortir du labyrinthe dans lequel il s’est retrouvé. Depuis la création du dernier gouvernement, l’État est orphelin, sans « mère » (la présidence) qui protège tous ses enfants sans distinction et avec un « père » (le Premier ministre) qui privilégie un enfant par rapport à un autre pour conserver ses biens.

à propos de l'auteur
Né en 1947 à Meknès au Maroc, il a vécu en Israël de 1962 à 1988 avant de s’installer à Paris en 1988. Éditeur franco-israélien, il a conçu et dirigé à Paris de nombreux projets culturels, en particulier : une galerie d’art israélien moderne, un club littéraire et artistique autour du judaïsme contemporain et une librairie-café méditerranéenne. Il a conçu et dirigé, en 1998 le stand Israël Hote d’honneur (400 m2) au salon du livre et de la presse de Genève. Auteur d’une thèse de doctorat socio-littéraire sur la littérature israélienne, traduite et publiée en français, depuis la création d’Israël (1948) jusqu’à nos jours, il a publié deux bibliographies : • 2000 titres à thème juif - 1420 biographies d’auteurs", préfacée par Emmanuel Le Roy Ladurie, éd. Stavit, Paris 1998 ; • Littératures d’Israël, éd. Stavit, Paris 2003. Auteur bilingue (Hébreu-Français), il a publié : • A L’Autre Parnasse - Confessionsde femmees dans un café littéraire, roman paru en hébreu et en français en 2011, en anglais et en espagnol en 2013, éd. StavNet. • A l'Ombre des Murailles - souvenirs d'enfance du mellah de Meknès, Maroc, paru en hébreu et en français en 2015, en anglais et en espagnol en 2023, éd. StavNet. • Israël : politique et société – De Ben Gourion à Netanyahu, paru en Français, en Anglais et Allemand en 2021, ed. StavNet. • Trilogie pour enfant, écrite en hébreu et accompagnée de traduction en Français, illustrée par Alec Borenstein. Papi, vient vite ! Papi, tu dérailles ?!, Papi vient au dsert ! Mickael Pariente publie régulièrement des articles d'opinion dans la presse israélienne : Le Haaretz, Times of Israel, Ynet, Itonout... et en France, Libération, Le Monde...
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