Merci, Monsieur le gouverneur Amir Yaron
Envers et contre tous, le gouverneur de la Banque d’Israël Amir Yaron tient solidement les rênes de la politique monétaire, au risque de se faire des ennemis dans la classe politique.
L’indépendance de la Banque centrale d’Israël n’est plus à démontrer ; elle protège l’économie en guerre, donne confiance aux investisseurs à la recherche de stabilité et réduit les incertitudes sur les marchés financiers.
Dans les Perspectives économiques que l’OCDE vient de publier, l’organisation internationale délivre un satisfecit à la Banque d’Israël dont « la politique monétaire doit rester restrictive pour garantir le retour de l’inflation dans la fourchette cible ».
En poste depuis 2018, le professeur Amir Yaron n’a pas déçu ; il tient bon face aux pressions des politiciens qui voudraient lui dicter une politique monétaire plus souple mais qui reste du seul ressort de la Banque centrale.
C’est en 2010 que la nouvelle Loi sur la Banque d’Israël réformait les statuts de la Banque ; dans son article 5, elle précisait que « la Banque sera indépendante dans le choix de ses mesures et dans l’exercice de ses pouvoirs afin d’atteindre ses objectifs et de remplir ses missions ». Elle n’a donc à recevoir d’instructions politiques de personne.
Pressions politiques
En d’autres termes, le Trésor israélien ne peut pas demander à la Banque centrale de financer un déficit budgétaire, ni d’imprimer de la monnaie ; ce qui garantit une rigueur monétaire indispensable en temps de guerre ou de crise politique.
On se souvient que, tout au long de 2023, le ministre des Finances Bezalel Smotrich s’est élevé publiquement et fréquemment contre le taux d’intérêt directeur de la banque centrale qu’il jugeait trop élevé, exigeant à plusieurs reprises la baisse des taux.
Alors que le mandat du gouverneur Amir Yaron arrivait à son terme en décembre 2023, Smotrich espérait son remplacement par un gouverneur plus coopératif.
La guerre en aura voulu autrement ; Netanyahu a estimé, à juste titre, qu’en période de conflit militaire, il valait mieux maintenir le gouverneur en place, notamment pour garantir la stabilité des prix et renforcer la confiance des investisseurs.
Le mandat d’Amir Yaron a donc été reconduit pour cinq années supplémentaires, au grand dam de Bezalel Smotrich mais pour le plus grand bien de l’économie israélienne.
Artillerie lourde
Depuis le 7 octobre 2023, la Banque d’Israël dirigée par Amir Yaron n’a pas failli à sa tâche ; elle a sorti l’artillerie lourde pour soutenir l’activité et participer au financement de la guerre, prenant des mesures courageuses :
- elle a annoncé son intention d’injecter 30 milliards de dollars dans l’économie pour soutenir l’activité et participer au financement de la guerre ;
- elle a autorisé les banques à accorder des prêts à conditions préférentielles aux entreprises touchées par les dégâts de la guerre ;
- elle a relevé le taux directeur jusqu’à 4,75% en mai 2023 (pour le stabiliser à 4,5% depuis janvier 2024) dans le but d’endiguer l’inflation qui est repartie à la hausse ;
- elle a accumulé des réserves en devises qui ont atteint, en septembre 2024, un record historique à 220 milliards de dollars.
Nul doute que la politique de rigueur monétaire de la Banque d’Israël a contribué à renforcer la confiance des agences de notation financière et des investisseurs à une économie en guerre.
La détermination de la Banque centrale pour remplir son rôle et pour rester indépendante du pouvoir politique permet de maintenir la résilience de l’économie israélienne en temps de crise.
Encore merci, Monsieur le gouverneur Amir Yaron !