Merci M. Trump !

Jamais l’auteur de ces lignes, anti-trumpiste revendiqué, n’aurait imaginé intituler ainsi un de ses articles. Mais force est de reconnaître que sans l’intervention du président élu le 5 novembre dernier, il n’y aurait pas eu d’accord sur la libération des otages.
On se doutait que l’équipe de Donald Trump avait des intentions en la matière, on a aujourd’hui la certitude qu’elle est passée à l’acte. Steve Witkoff, envoyé spécial au Proche-Orient de la nouvelle administration américaine, a imposé le samedi 11 janvier les termes de l’accord à un Premier ministre israélien qui a dû s’incliner.
Il faut dire que l’homme d’affaires américain devenu diplomate n’y est pas allé de main morte. Il a obligé Benjamin Netanyahu à négocier avec lui le shabbat, ce qui ne se fait jamais, surtout pour un Premier ministre de droite dépendant de ses alliés religieux.
L’entretien aurait été des plus rudes, le Premier ministre israélien n’ayant rien à opposer à un ordre donné sur un ton comminatoire : « C’est à prendre ou à laisser ! ». Il a pris, et n’est peut-être pas au bout de ses peines. Ses alliés d’extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, refusent l’accord et pourraient faire tomber le gouvernement.
Mais tous les députés de ces deux partis ne sont pas prêts à franchir le pas. D’autant que dans leur public, une fraction minoritaire soutient l’accord à l’instar de l’immense majorité des Israéliens. Ceci, en dépit des difficultés de dernière minute et des inquiétudes sur la deuxième phase qui s’ouvrira après 6 semaines de cessez-le-feu.
Rien ne dit que les protagonistes trouveront un terrain d’entente pour libérer les 65 otages, morts ou vivants, qui devraient rejoindre les 33 à libérer au cours de la première phase. Les familles concernées ont émis de vives critiques sur l’absence d’un accord global impliquant la libération des 98 en un seul bloc. On sait que cela aurait signifié la fin de la guerre et le retrait définitif de l’armée israélienne de Gaza.
Deux conditions dont Benjamin Netanyahu ne veut pas entendre parler, lui qui a promis une « victoire totale », alors que chacun sait bien qu’il restera toujours ici ou là des terroristes du Hamas prêts à commettre de nouveaux crimes.
À l’heure où ces lignes sont écrites, on peut raisonnablement penser que la libération des otages va commencer le dimanche 19 janvier après le cessez-le-feu qui interviendrait à 12h15.
Nul doute que les images du retour des cinq jeunes soldates seront aussi émouvantes que celles de leur enlèvement. Sur cette vidéo, on entendait l’une d’elles, Naama Lévy, dire à ses ravisseurs : « J’ai des amis en Palestine ». Elle apprendra très vite qu’elle en a aussi à la Maison-blanche à défaut d’en trouver au sein du gouvernement de son pays. Comme ses concitoyens et leurs amis dans le Monde, elle ne pourra pas dire « Merci M. Netanyahu », mais : « Merci M. Trump ».