Macron, ignorant ou mégalo infantile

Le président français Emmanuel Macron écoutant une conférence de presse, à Paphos, Chypre, le 11 octobre 2024. (Crédit : Petros Karadjias/AP)
Le président français Emmanuel Macron écoutant une conférence de presse, à Paphos, Chypre, le 11 octobre 2024. (Crédit : Petros Karadjias/AP)

Le président Emmanuel Macron semble s’être égaré dans le labyrinthe moyen-oriental. Il multiplie les propos infondés envers Israël. Faire des déclarations appelant à un cessez-le-feu, même si les belligérants ne l’écoutent pas, est légitime. Cependant, jouer au révisionniste d’un genre nouveau, en manipulant des faits historiques de manière abjecte, voire infantile, ne peut qu’isoler la France sur la scène internationale. Son double jeu, alias « en même temps » ne fonctionne plus.

Macron ignore l’attachement trimillénaire du judaïsme à sa Terre Sainte. Sans vouloir donner un cours d’histoire récent sur l’ONU, rappelons que le 29 novembre 1947, quelques mois avant de la fin du mandat britannique, l’organisation des Nations-Unies proposa de diviser la Palestine en deux États indépendants : un juif et un arabe, avec une zone internationale pour Jérusalem, en raison de son importance religieuse pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans (résolution 181). Les dirigeants de la communauté juive en Palestine (Yishouv) acceptèrent la partition malgré le petit territoire octroyé à l’État juif. Les Arabes palestiniens, soutenus par la Ligue arabe, refusèrent.

Les Juifs de la diaspora n’ont jamais renoncé à leur terre ancestrale. Leur désir a toujours été d’y retourner sans l’intention de conquérir un pays ou de combattre ses résidents. Ils souhaitaient seulement exaucer la prière : « L’an prochain à Jérusalem », proclamée par les Juifs de la diaspora lors de cérémonies ou de fêtes ; le soutien au sioniste réclamant la création d’un État juif en Palestine, particulièrement après la Seconde Guerre mondiale et la Shoah.

Le rejet des Palestiniens du plan de l’ONU amplifia les confrontations entre les deux camps et conduisit à une escalade des violences. Ces affrontements se poursuivirent jusqu’à la première guerre israélo-arabe déclenchée à la suite de la déclaration de l’Indépendance d’Israël le 14 mai 1948.

Bien que le plan de partage de l’ONU ait cherché à établir la base juridique de la création de l’État d’Israël, il ne réussit pas à imposer la paix. Les conflits se succédèrent et s’étendirent dans tout le Moyen-Orient. Soulignons qu’aucun peuple au monde, sauf les peuples arabes, ne renie le lien historique et viscéral des Juifs avec la Terre sainte, même ceux opposés à la création d’un État juif.

Le 14 mai 1948, le Conseil national du Yishouv proclama son indépendance. L’État d’Israël fut alors refondé au prix du sang versé par des jeunes dans la fleur de l’âge.

Contrairement au Liban, une parcelle de la Syrie créée par la France, et à la Jordanie, une partie de la Terre sainte créée par le Royaume-Uni, la Terre d’Israël a toujours été la patrie du peuple juif.

Les États-Unis, le Royaume Uni, le Canada, et bien d’autres pays n’utilisent pas une telle hypocrisie. Ils appellent à un cessez-le-feu afin d’éviter à la région un embrasement ingérable. Ils ne condamnent pas partialement Israël qui se bat contre des terroristes djihadistes qui veulent sa destruction, avant de s’en prendre au reste de l’Occident.

La France soutient une solution à deux États, à juste titre, et appelle régulièrement à des négociations dans l’espoir de résoudre le conflit israélo-palestinien. Pour peser dans les discussions, elle doit être crédible au moins aux yeux d’un des deux belligérants. Or, aucun d’entre eux ne lui fait confiance, ni ne la considèrent comme un partenaire fiable.

La politique arabe du Quai d’Orsay et des présidents successifs de la France est pour le moins ambiguë. Elle se prononce en faveur des pays arabes surtout pendant les guerres, tout en entretenant avec Israël des relations économiques, scientifiques, culturelles et touristiques ayant peu d’équivalent avec d’autres pays. Ces manœuvres sont-elles sincères ? La France croit-elle que le monde arabe soit dupe ?

La France devrait avoir le courage de poursuivre une attitude ferme face au djihad islamique, au lieu d’utiliser des mensonges démagogiques.

En politique, le monde est blanc ou noir. Il n’y a aucune place pour l’ambiguïté, la contradiction, le paradoxe, a dit Milan Kundera

à propos de l'auteur
Né en 1947 à Meknès, au Maroc, il a vécu en Israël de 1962 à 1988 avant de s’installer à Paris. Éditeur franco-israélien, il a conçu et dirigé de nombreux projets culturels à Paris, en particulier : une galerie d’art moderne israélien, un club littéraire et artistique autour du judaïsme contemporain ainsi qu’une librairie-café méditerranéenne. En1998, il a conçu et dirigé, le stand « Israël – hôte d’honneur » (400 m2) au Salon du livre et de la presse à Genève. Auteur d’une thèse de doctorat socio-littéraire sur la littérature israélienne traduite et publiée en français, depuis la création d’Israël (1948) jusqu’à 2005, année de la soutenance. Mickael Pariente a également publié deux bibliographies : 2000 titres à thème juif - 1420 biographies d’auteurs, préfacée par Emmanuel Le Roy Ladurie, ancien président de la Bibliothèque nationale, éd. Stavit, Paris 1998 et Littératures d’Israël, éd. Stavit, Paris 2003. Écrivain bilingue (hébreu-français), il a publié : L’Autre Parnasse – Confessions de femmes dans un café littéraire, roman paru en hébreu et en français en 2011, et en anglais et en espagnol en 2013, éd. StavNet ; A l'Ombre des murailles – souvenirs d'enfance au mellah de Meknès, récit paru en hébreu et en français en 2015, ainsi qu’en anglais et en espagnol en 2023, éd. StavNet ; Israël : politique et société – de Ben Gourion à Netanyahu, paru en français, en anglais et allemand en 2021, éd. StavNet ; Papi, vient vite ! Papi, tu dérailles ?! Papi vient au désert ! – trilogie pour enfants, écrite en hébreu et accompagnée d’une traduction en français, illustrée par Alec Borenstein ; Sarah – Née sous X, roman paru en français, hébreu, anglais et en espagnol, en 2022, éd. StavNet Mickael Pariente publie régulièrement des articles d'opinion dans la presse israélienne : Haaretz, Ma’ariv, Zman Israel, Ynet... en hébreu et en français, Libération, Le Monde, et Times of Israel…
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