Ma descente dans l’enfer du sud d’Israël, trois mois après le massacre du 7 octobre

22 localités du sud d’Israël à la frontière avec Gaza. Il me semble que le monde a déjà oublié la raison pour laquelle Israël est en guerre à Gaza afin de détruire le Hamas qui menace l’Etat d’Israël, et qui a effectué un massacre, un pogrom comme les juifs n’en ont pas subi depuis la Shoah. Les Palestiniens ont assassiné, torture, brûlé vif, abusé sexuellement des civils, des femmes, des bébés, tous innocents attaqués dans leurs lits, leurs maisons un Shabbat de Simha Torah.

D’autres personnes ont été kidnappées à Gaza en violation des règles élémentaires de la guerre et à ce jour, 136 otages dont un bébé d’un an et des personnes de 80 ans et plus sont toujours entre les mains des terroristes du Hamas !

Devant ces horreurs, le monde, les organisations onusiennes en particulier, la Croix-Rouge, dont la mission est la protection de l’enfant, de femmes, restent silencieux, ou demandent l’aide humanitaire pour les Palestiniens de Gaza.

J’aimerais rappeler qu’une partie de ces civils « innocents » palestiniens sont ceux qui sont arrivés dans la deuxième vague après les initiateurs de cet horrible pogrom le samedi noir du 7 octobre dans les localités attaquées par les terroristes du Hamas afin de les piller et pire encore, qui ont violé et commis des atrocités !

Ce sont ces civils « innocents » qui ont encouragé les terroristes du Hamas sur leur route vers les localités israéliennes avant le massacre, et les mêmes « innocents » qui ont attaqué les otages en route quand ils ont été emmenés à Gaza !

J’ai été invitée à participer à une visite dans les localités et lieux du sud où le massacre s’est déroulé ce 7 octobre, une visite organisée par le ministère des Affaires étrangères pour ceux qui œuvrent dans le but de faire état de ce qui s’est réellement passé, et donner une image correspondant aux événements de ce jour et des suivants. Et ce, pour lutter contre les fake-news, la désinformation entre autres.

En vérité, j’ai beaucoup hésité.

D’un côté, j’étais tentée d’y aller car il m’était très important de voir les choses par moi-même.

D’un autre côté, j’ai eu peur de mes réactions en me rendant sur place, bien que depuis le 7 octobre, Jour du massacre jusqu’à présent, je me renseigne pour être le plus près de la réalité.

Par conséquent j’ai visionné des vidéos, écouté des témoignages des familles qui ont vécu dans leur chair le cauchemar, de ceux qui ont perdu un proche ou dont les proches ont été kidnappés. J’ai beaucoup parlé et parlé encore aux médias étrangers, bref j’étais très proche de tout cela.

Mais rien ne peut remplacer une visite sur place, sur les routes où les terroristes circulaient avec leurs vans blancs et leurs armements, à Sderot, sur le site du Festival Nova, au kibboutz Kfar Aza pour écouter les témoignages des personnes qui ont vécu l’enfer ce jour-là.

Nous avons commencé la journée à Sderot, sur les ruines du commissariat de police, nous avons écouté les récits de ce qui s’est passé sur place ce Shabbat noir, vu des vidéos, et compris qu’entre ceux qui ont été assassinés et ceux qui ont été sauvés c’était souvent une question de chance, ou une décision qui a fait la différence.

Une des histoires m’a beaucoup marquée car elle montre comment une décision peut changer le cours des choses.

Une famille de Sderot, le père, la mère et les deux enfants ont décidé de quitter la ville dès les premières alarmes et de se diriger vers Tel-Aviv comme ils l’ont toujours fait dans ces cas-là, et comme d’autres habitants de Sderot avaient l’habitude de le faire.

Mais les alertes à la roquette ont recommencé à retentir, et le papa est sorti du véhicule pour mettre ses enfants à l’abri. Malheureusement, il a été abattu par les terroristes, de même que sa femme. Miraculeusement les terroristes n’ont pas vu les deux enfants qui sont restées à l’arrière dans la voiture et qui de longue heures après ont été sauvées par la police israélienne et ont été accueillies par leur tante. Mais ces deux petites filles ont vu comment leurs parents ont été assassinés. On nous a dit que peut-être si le papa n’avait pas arrêté la voiture, auraient-ils été sauvés ce jour-là. Une « mauvaise » décision.

Nous avons écouté le témoignage bouleversant et émouvant d’une habitante de Sderot, Gitait, qui était chez elle avec sa petite fille du cinq ans dans le mamad, avec un couteau de cuisine en écoutant les terroristes a l’extérieur. Et comme elle nous l’a dit, « nous les habitants de Sderot, nous avions l’habitude des roquettes, des alarmes ». Sa fille et elle souffraient déjà auparavant de traumatismes à cause de leur proximité de Gaza et des opérations précédentes. C’est pour cette raison que les habitants du Sdérot comme toutes les localités qui ont été attaquées, ont pensé d’abord que c’était la même chose mais ils ont vite compris que cette fois il s’agissait d’un autre scenario.

Après Sdérot, nous sommes allés au Kibboutz Nahal Oz, un kibboutz qui a été « sauvé car la veille du massacre une unité de l’armée israélienne dormait dans le kibboutz et c’est elle qui a lutté contre les terroristes qui avaient envahi le kibboutz avec les membres de l’unité de sécurité du kibboutz.

Les chiffres sont dramatiques : 16 membres de ce kibboutz ont été assassinés, et 5 kidnappés, depuis 3 sont rentrés, et 2 sont toujours captifs à Gaza. Un bilan beaucoup moins lourd en comparaison avec d’autres localités de la zone. Dans la ferme laitière du kibboutz on voit les traces des tirs de balles.

Une autre histoire triste de ce kibboutz concerne un membre qui est sorti ce matin-là pour faire du jogging. Quand sa famille a compris qu’il s’agissait d’une attaque terroriste, ils ont demandé aux membres de l’unité de sécurité d’aller le chercher pour le sauver. Cela a été fait. Mais comme la maison de la famille de cette personne était proche de l’entrée du kibboutz, l’endroit par où les terroristes sont arrivés, les terroristes du Hamas sont rentrés chez lui et ont assassiné toute sa famille. C’est le seul survivant.

A Nahal Oz, j’ai entendu cette phrase que mes amis habitant dans un kibboutz répétaient avant ce samedi de malheur. « ici c’est 0 % d’enfer et 95 % de paradis ».

Après Nahal Oz, nous nous sommes retrouvés sur le site du Festival Nova, où 364 personnes ont été assassinées. Que de vies brisées ou perdues pour qui, le seul crime est de venir écouter de la musique, danser, vivre, sans savoir qu’il s’agit des dernières minutes de bonheur.

On marche dans cet endroit et on pense que dans chaque coin ici peut être quelqu’un/une s’est caché en essayant de se sauver, sauver quelqu’un qui leur est cher. On voit sur la route tous ces abris contre les roquettes qui sont devenus des pièges de mort, d’où les terroristes ont tiré, jeté des grenades, afin d’assassiner tout le monde.

C’est dans ces mêmes lieux que d’autres horreurs se sont déroulées comme les viols, on ne peut oublier cette belle femme à la robe noire, assassinée comme les autres et on ne peut s’empêcher d’éclater en sanglots. Pourquoi tant de cruauté ?

Après Nova, nous sommes allés au kibboutz Kfar Aza, une des localités qui a été complètement détruite ce 7 octobre.

Dans le kibboutz tout s’arrête ce jour-là. On voit les cabanes de la fête qui sont restées sur place, des affiches des candidats aux élections municipales, régionales Ofir Libstein, (qui faisait partie aussi de l’unité de sécurité et de garde du kibboutz, et qui est tombé en combattant les terroristes. Son fils Nizan Libstein a été assassiné lui aussi par les terroristes du Hamas).

Ofir Libstein à Ashkelon, le 27 novembre 2018. (Crédit : Flash90)

Nous avons été guidés dans le kibboutz par une personne du porte-parolat de l’armée, ainsi que par le porte-parolat de la police. En route nous avons écouté des témoignages des membres du kibboutz comme celui de l’ami de Nizan Libstein qui nous a raconté à l’extérieur de sa maison les derniers minutes de sa vie. Il nous a raconté aussi que Nizan venait d’emménager, que lui et ses amis avaient construit un nouveau bar dans ce nouvel appartement.

Il a longuement parlé de ce qui se déroulait ce jour du pogrome dans le kibboutz car lui-même est membre du kibboutz, responsable de la sécurité du kibboutz.

Ce fut un témoignage bouleversant devant la porte de la maison du Nizan. Nous avions froid au dos et les larmes aux yeux. Nizan n’avait que 19 ans, toute la vie devant lui. Son père était âgé de 50 ans. Ils reposent tous les deux côte à côte dans le cimetière des victimes des actes barbares des terroristes inhumains qui sont venus assassiner des Juifs !

Nizan Libstein (Crédit : autorisation)

Dans le kibboutz nous avons écouté plusieurs témoignages de diverses familles, nous avons marché dans les ruines, sommes rentrés dans les maisons dévastées. Nous avons vu les divers signes sur chaque maison qui ont une signification concrète de ce qui s’est passé là.

Tous nous ont raconté les horreurs commises par ces terroristes du Hamas. Tous !!

Nous nous trouvions près de Gaza, nous lui faisions face (comme à Nahal Oz ou Sagia), les bruits incessants des bombardements et de l’artillerie de l’armée israélienne ont continué longtemps, on voyait parfaitement la fumée des incendies. Nos kibboutznikim vivaient en fait tout près de la frontière avec Gaza).

L’entrée du kibboutz par où sont rentrés les terroristes se trouvait en face de nous, mais aussi très près des maisons des jeunes du kibboutz Kfar Aza. C’est une des raisons pour lesquelles tant de personnes furent assassinées précisément à cet endroit du kibboutz.

A Kfar Aza, 64 personnes furent assassinées, 18 personnes kidnappées à Gaza, dont 5 se trouvent toujours à Gaza aux mains des terroristes du Hamas.

Ce qu’on nous a expliqué et qui m’est resté gravé en tête c’est que dans la première vague une centaine de terroristes du Hamas sont rentrés dans le kibboutz Kfar Aza, et y ont perpétré leurs massacres. Mais ensuite une deuxième vague a suivi : « des Palestiniens innocents » de Gaza, en moto, à pied pour piller, voler, violer les Israéliens sans défense.

Des Palestiniens cruels et sans foi ni loi, assassins de bébés, d’enfants, de femmes jeunes ou très âgées.

Rappelons que pour ce seul jour du 7 octobre on compte près de 1 200 personnes assassinées par le Hamas. Le nombre réel des victimes ne peut encore être connu car on continue de décompter encore et encore des corps ou des indices.

Au Festival de musique Nova, 364 personnes ont été tuées non assassinées consciemment et avec préméditation et 45 kidnappées et retenues dans les geôles de Gaza.

Notre drame actuel ce sont les 136 otages qui se trouvent tous à Gaza aux mains du terroristes du Hamas et de ses complices, et personne ne connaît leur état. Sont-ils tous en vie ? Plus de 100 jours qu’ils sont otages ! Il est temps que le monde fasse tout pour qu’ils reviennent chez eux. Ces sont des civils qui ont été kidnappés dans leur maison ou dans leur lit, ou dans un festival de musique !

Cela fait plus d’une semaine que je suis rentrée de cette visite. « L’enfer et le cauchemar ».

Tout ce que j’ai vu, entendu, tout reste ancré en moi très profondément. Je suis sûre que je resterai marquée pour toujours par ce spectacle macabre. Cependant, je tiens à le partager avec vous justement parce que trop de monde a déjà oublié le malheur qui s’est abattu sur nous le 7 octobre et qui est la seule raison qui a forcé Israël à entrer en guerre contre le Hamas. Les objectifs de cette guerre sont connus : démanteler la capacité militaire du Hamas et ramener les otages à la maison.

CAR C’EST EUX OU NOUS !

à propos de l'auteur
Miriam a fait ses études à Paris et est titulaire d'un Doctorat d'histoire, (université Paris I Panthéon-Sorbonne) sur les Relations Internationales et en particulier entre la France et Israël. Passionnée par la France et Israël, elle a écrit un livre sur leurs relations: "La France et Israël 1947-1970, de la création de l’État d’Israël au départ des Vedettes de Cherbourg", publié en janvier 2009 chez Honore Champion. Ce livre a été traduit en hébreu et est paru en 2014 chez Resling. Elle participe à des documentaires et intervient régulièrement dans des médias en français, ainsi qu'en anglais et hébreu en tant qu'expert dans les relations internationales. Mais également, elle participe à des conférences internationales et dispense des cours dans différentes langues.
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