L’opposition et Che Guevara

- Le commandante Che Guevara le disait :
Le métier d’un révolutionnaire c’est de faire la révolution.
Le métier d’un opposant est de s’opposer, et les dirigeants de l’opposition israélienne le font, mais bien faiblement. Ils ont pourtant un boulevard devant eux.
Sur tous les sujets importants (les otages, la commission nationale d’enquête, la conscription des ultra-orthodoxes… ), l’opinion publique conteste la politique menée. Une politique qui n’en est pas une, puisque le gouvernement, à l’instar de son chef, prince de l’esquive, se garde bien d’afficher clairement ses orientations.
- Les otages ? Il ferait tout pour les ramener.
- La commission nationale d’enquête ? Il propose une commission coalition/opposition incontestable.
- La conscription des ultra-orthodoxes ? Il cherche un terrain d’entente.
- Le budget 2025 ? Il a jusqu’au 31 mars…
Une tactique traduisant bien le véritable objectif de la coalition : durer.
Le public israélien ne s’y trompe pas puisqu’au fil des sondages, il réduit cette majorité « à droite toute » à une dimension minoritaire : entre 50 et 55 sièges (sur 120). Ce qui ne signifie pas que l’opposition soit automatiquement majoritaire puisque des 65 à 70 sièges restants, il faut déduire les 10 revenant aux partis arabes dont personne, après le 7 octobre, ne prend le risque de dire qu’ils pourraient entrer dans une prochaine coalition.
C’est donc une opposition bien timide et étriquée qui voit son leadership convoité par au moins trois élus :
- Yaïr Lapid, le chef en titre de l’opposition, aujourd’hui en chute libre ;
- Benny Gantz, qui se maintient vaille que vaille ;
- Avigdor Liberman, qui avec une quinzaine de sièges (contre six aujourd’hui) pourrait prétendre au premier rôle.
C’est sans compter avec des outsiders que l’électeur commence à regarder avec les yeux de Chimène :
- Yaïr Golan, qui fait revivre une gauche que l’on croyait morte ;
- Gadi Eizenkot, que beaucoup verraient bien à la place de son chef de parti Benny Gantz ;
- Naftali Bennett, cet ancien Premier ministre qu’on voit peu mais qui, à la tête d’un parti de droite anti-bibiste, pourrait rafler la mise et permettrait à tous les partis de l’opposition sioniste de disposer d’une majorité.
On l’aura compris : on peut reprocher à l’opposition sa timidité, mais sûrement pas son nombre de prétendants à la direction des affaires du pays.
On aimerait plutôt qu’elle consolide sa fonction en formulant des propositions pour demain : sur la gestion de Gaza, sur la solution du problème palestinien, sur l’avenir de la région. Sans oublier l’intégration des ultra-orthodoxes, les relations entre Juifs et Arabes, l’économie, la lutte contre la vie chère et la pauvreté…
En un mot retenir la leçon de Che Guevara – faire son métier en s’opposant – sans oublier de préparer l’avenir. Pas la révolution guévariste, mais ce qui serait une révolution pour Israël : la (re)construction d’une démocratie moderne.