L’incident de Jérusalem, Pater Noster
L’histoire dans la Grande Histoire
Presque tout le monde connaît la chronologie de la création de l’État d’Israël. Voici un rappel des dates clés, avant et après, sans remonter jusqu’à l’Antiquité et aux Romains.
Chronologie
L’Empire ottoman a régné sur la région de 1517 à 1917, jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. En 1922, la Société des Nations confie à l’Angleterre un mandat pour mettre en œuvre la Déclaration Balfour de 1917 : créer un foyer juif en Palestine. Face aux nombreuses difficultés rencontrées par les Britanniques, l’ONU propose de mettre fin au mandat et de partager le territoire en deux États, avec Jérusalem sous mandat international.
L’Assemblée générale de l’ONU vote la résolution 181 le 29 novembre 1947, recommandant ce partage. Tous les États arabes s’y opposent. L’État d’Israël est proclamé le 14 mai 1948, déclenchant la guerre israélo-arabe qui se termine par un armistice signé le 3 avril 1949. Jérusalem passe sous contrôle du royaume hachémite de Jordanie, qui annexe en 1950 la rive ouest du Jourdain, incluant Jérusalem. Peu d’États protestent contre cette annexion et l’interdiction d’accès aux lieux saints.
En mai 1967, le blocus du détroit de Tiran par l’Égypte constitue un casus belli pour Israël. Malgré un avertissement et une promesse de maintenir le statu quo, la Jordanie rejoint les autres pays arabes pour attaquer Israël. Le 6 juin 1967, Israël déclenche la guerre des Six Jours et prend le contrôle de la rive ouest du Jourdain et de Jérusalem-Est, unifiant la ville qui devient la capitale. Dès lors, toutes les religions ont accès à leurs lieux saints, interdits durant les 19 années précédentes. Le 31 juillet 1988, la Jordanie renonce à toute souveraineté juridique et administrative sur la rive ouest.
Et depuis
À ce jour, plusieurs États reconnaissent cette situation, dont les États-Unis, mais pas la France, dont l’ambassade reste à Tel-Aviv, avec un consulat à Jérusalem et une présence côté Est.
Cela signifie que même après avoir été attaqué et avoir défendu son territoire, Israël est considéré par certains États comme occupant ces territoires.
Ce parallèle est évident lorsque, après le massacre de plus de 1 200 civils par le Hamas, une organisation terroriste, Israël est sommé d’accepter un cessez-le-feu, ou lorsqu’une autre organisation, le Hezbollah, bombarde Israël depuis le Liban, transformant le nord du pays en zone de non-droit.
On relève que la France considère que la branche militaire est une organisation terroriste mais pas la branche politique, qui la dirige, alors que l’UE et d’autres grands pays ne font pas ce subtil distinguo.
De l’Histoire à une histoire
Pour comprendre ces politiques parfois surprenantes, il faut remonter à des origines historiques anciennes. Disons-le, aux siècles passés, où avoir une politique arabe était la règle.
En 1920, le Traité de San Remo déclare nulles les capitulations antérieures à cette date. Le Traité de Lausanne de 1923 confirme cette position (signé par plusieurs puissances, dont la France). Il n’y a donc pas de propriétés extraterritoriales françaises en Israël, quelle que soit l’étiquette retenue.
Les capitulations sous l’Empire ottoman
Les sultans ottomans avaient accordé aux États européens des privilèges commerciaux, fiscaux, parfois diplomatiques, notamment pour leurs communautés chrétiennes et juives dans les territoires ottomans. Les consuls délivraient des brevets de protection (appelés Barat) qui permirent plus tard à leur bénéficiaires et descendants de revendiquer la nationalité des pays à l’origine de ces documents. La France reconnaît alors officiellement la fin de son statut particulier de « protection religieuse » en territoire ottoman, un rôle similaire à celui que la Jordanie exerce aujourd’hui sur la mosquée Al-Aqsa (le Dôme du Rocher) comme « gardienne du lieu ».
Les faits
Tous les lieux saints, qu’ils soient à l’Est ou à l’Ouest, se trouvent en territoire israélien. Ils ne sont pas « extraterritoriaux » pour la France et relèvent de la juridiction israélienne. Cela signifie que le consulat français ne dispose pas de prérogatives diplomatiques étendues comme une ambassade. La France n’est pas le Vatican, et le consul n’est pas le nonce apostolique. Pourtant, à chaque visite officielle, le même scénario se répète, comme si ces préséances et prérogatives diplomatiques, symboliques et formelles, avaient toujours lieu d’être. Nous ne sommes plus dans l’empire ottoman, c’était au siècle dernier.
La réalité
Il est utile de rappeler qu’un État est responsable de la sécurité des citoyens étrangers sur son territoire, y compris les diplomates. Si certains pensent que cet État est palestinien, il faut noter que l’Autorité Palestinienne n’est pas en mesure de garantir cette sécurité, qu’elle n’assure déjà pas à ses propres habitants. Seul Israël peut le faire sur son territoire.
Par ailleurs, on peut se demander si l’application de la loi de 1905, en ce contexte, ne relève pas d’une caricature de la laïcité française. La souveraineté étrangère ne s’applique pas sur ces lieux religieux, qui ne bénéficient pas des prérogatives diplomatiques. On imagine aisément les critiques que l’État d’Israël subirait en cas d’attentat contre un diplomate français, faute de protection israélienne.
Faut-il programmer ce type de visite alors que la situation régionale est déjà très complexe, alors que des dizaines d’otages, probablement encore vivants, restent captifs sous le joug du Hamas – cette organisation terroriste membre des Frères Musulmans, qui prône l’infiltration de l’Islamisme en Europe et déjà largement en France, comme pour le Hezbollah, toutes deux proxys de l’Iran ? Ce type d’exercice paraît tout à fait déconnecté de la réalité.
Vanité des vanités, tout est vanité.