Limogé !
Le 5 novembre, alors que le public attendait avec impatience les résultats des élections américaines, Benjamin Netanyahu est apparu sur les écrans de télévision pour dire qu’il limogeait Yoav Gallant, en raison de l’absence de confiance réciproque entre les deux hommes.
Déjà en mars 2023, le Premier ministre avait pris cette mesure qu’il dut rapporter sous la pression de l’opinion publique : des centaines de milliers d’Israéliens étaient descendus dans la rue pour protester.
Cette fois-ci, Benjamin Netanyahu a rondement mené l’affaire en nommant un successeur, Israël Katz, qui a pris ses fonctions au ministère de la Défense deux jours après. Car il y avait urgence pour le Premier ministre : les partis ultra-orthodoxes menaçaient de faire obstruction à la Knesset et même de faire tomber le gouvernement si n’était pas adopté un projet de loi exemptant les élèves de yeshiva du service militaire. Or, Yoav Gallant venait de faire envoyer 7 000 ordres de mobilisation à des jeunes de cette communauté.
On était bien loin du « manque de confiance ». D’ailleurs, le public israélien ne s’y est pas trompé : 52% des Israéliens estiment ce limogeage injustifié (contre 32%) et 49% des sondés pensent que cette décision est motivée par des considérations purement politiques. Yoav Gallant, devant les caméras, a lui-même exposé les divergences qu’il avait avec le Premier ministre :
- il était en faveur d’un accord sur les otages même au prix d’un arrêt de la guerre à Gaza ;
- il envisageait un avenir de la bande excluant une administration civile israélienne et l’implantation de nouvelles colonies ;
- il était favorable à la formation d’une commission nationale d’enquête sur les défaillances du 7 octobre.
En terminant son intervention, le ministre limogé n’a pas manqué de dire qu’il restait au service de son pays et a fait un salut militaire. Cette image peut être rapprochée de celle des chefs de l’opposition, Yaïr Lapid, Benny Gantz, Avigdor Liberman et Yaïr Golan, qui, une fois n’est pas coutume, ont affiché leur unité.
Au cours d’une conférence de presse, ils ont condamné vivement ce limogeage d’un ministre de la Défense intervenant en pleine guerre et la nomination d’un remplaçant dépourvu d’une sérieuse expérience en la matière.
Sur cette dernière image, il manquait deux personnalités importantes : Naftali Bennett que les sondages placent en successeur potentiel de Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant lui-même. Ce dernier retrouvera son siège de député Likoud, mais déjà les sondeurs testent son potentiel électoral. Libéré de ses obligations gouvernementales, il est allé écouter un concert de Shlomo Artzi, où il a été ovationné par le public.
En limogeant Yoav Gallant, Benjamin Netanyahu s’est débarrassé d’un ministre contestataire. Il a peut-être aussi fabriqué son meilleur ennemi.