Liberté, Égalité, Frères musulmans

Des étudiants du Lycée privé musulman Averroès travaillent, le 03 septembre 2004 à Lille, lors du deuxième jour de classe de l'année scolaire 2004-2005. (Crédit : François Lopresti / AFP)
Des étudiants du Lycée privé musulman Averroès travaillent, le 03 septembre 2004 à Lille, lors du deuxième jour de classe de l'année scolaire 2004-2005. (Crédit : François Lopresti / AFP)

SEMMO – Savoir Écouter les Maux du Moyen-Orient numéro 26 – 

Les Frères musulmans en France – Des ex-diplomates Iraniens parlent des négociations avec les États-Unis – Le Consulat français de Jérusalem manque-t-il d’empathie à l’égard des rescapés de la Shoah ?

Info n°1 : Liberté, Égalité, Frères musulmans.

(Crédit : Capture d’écran/Youtube ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur les droits d’auteur)

L’Imam Chalghoumi, l’ « Imam juif » aux yeux de très nombreux Musulmans, qui sont aussi très expressifs et menaçants, s’est prononcé récemment au sujet de l’infiltration des Frères musulmans au sein de la société française.

Profitant de l’interdiction par un tribunal administratif français de rompre le contrat d’association qui lie le groupe scolaire Averroès à Lille, une école qui prodigue un « enseignement privé musulman » à 800 enfants, l’Imam Chalghoumi s’est prononcé sur X (ex-tweeter) par un long message le 24 avril 2025.

L’Imam Chalghoumi nous informe que ce groupe scolaire est soutenu par l’association « Qatar Charity », une association liée aux Frères musulmans.

Selon l’Imam Chalghoumi, le groupe scolaire Averroès[1], dont la justice française vient d’interdire l’arrêt du financement par l’État, est une base d’enseignement des valeurs islamistes.

Mais cette école n’est pas la seule, poursuit l’Imam qui est d’ailleurs accusé d’être un agent du Mossad par ceux qui le haïssent.

Une idéologie islamiste s’enracine dans nos écoles, financées par l’argent du contribuable. Et Averroès n’est que l’arbre qui cache la forêt.

De très nombreuses écoles en France seraient affiliées aux Frères musulmans : l’IESH de Saint-Denis[2] ouvertement soutenue par le Qatar, ou le groupe scolaire al-Kindi[3].

L’Imam Chalghoumi met en garde les autorités françaises :

Ce sont aujourd’hui des dizaines de milliers d’enfants français qui sont exposés à une idéologie islamiste dans des cadres éducatifs tolérés par la République.

Et aussi :

C’est cela l’islam politique : il commence dans les écoles, il infiltre, il impose, il radicalise.

Rappelons que les Frères musulmans, cette confrérie née en Égypte dans le sillage de la chute de l’Empire ottoman, est interdite dans de nombreux pays musulmans. La Jordanie, dernier pays en date à avoir promulgué une telle interdiction, craint les risques de déstabilisation que cette mouvance, largement soutenue par la population, peut entraîner[4].

Que peut-on attendre de l’évolution de la France, si les enfants d’aujourd’hui, sont impunément imprégnés de cette idéologie ? La fraternité énoncée par la devise de la France, ne risque-t-elle pas de se transformer en confrérie ?

Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/french-tunisian-imam-hassen-chalghoumi-france-there-are-dozens-muslim-brotherhood-affiliated

Sur les Frères musulmans, le documentaire Michaël Prazan :

Info n°2 : « L’Iran ne négocie que pour tromper l’ennemi  »

Hossein Alizadeh est un ancien diplomate iranien. Ayant fait défection il y a une dizaine d’années, il parle aujourd’hui librement. Sur Eye For Iran[5], il s’est exprimé le 19 avril 2025 au sujet des pourparlers entre l’Iran et les États-Unis, qui ont lieu actuellement sous l’égide du Sultanat d’Oman.

Doté d’une expérience de plus de 21 ans au sein du ministère des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran, il a une opinion très arrêtée au sujet de ces négociations :

Pour l’Ayatollah Khamenei, la diplomatie est un outil destiné à tromper l’ennemi. Khamenei est un révolutionnaire qui veut détruire le système international en place depuis la fin de la 2ème guerre mondiale. Il veut bâtir la Oumma, qui, pour lui, est un bloc musulman, comme l’étaient les blocs de l’Ouest et de l’Est [qui s’affrontaient pendant la guerre froide]. [6]

Épisode 47 de la chaîne Youtube Iran International ايران اينترنشنال : « L’Iran va ‘tromper’ les États-Unis lors des négociations, prévient un ancien diplomate iranien ». (Crédit : Capture d’écran/Youtube ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Un peu plus loin, Alizadeh définit la Oumma, selon le sens coranique, défendu par l’Ayatollah Khamenei :

La Oummah se définit par le fait […] qu’il ne doit y avoir [sur terre], qu’un État et qu’un dirigeant. Dans le système sunnite, ce dirigeant est le Calife, mais dans le système chiite, c’est le Velayat-e faqih, [le Gardien de la Jurisprudence]. [7]

Hossein Alizadeh analyse que la volonté de constituer le bloc de la Oumma réside dans l’intention de constituer une opposition aux démocraties occidentales, dans l’objectif de les anéantir et d’unifier le monde sous le règne de l’islam.

Au sujet du concept de l’Oumma, Hossein Alizadeh précise que :

L’idée [de l’établissement d’un Califat] a pour origine la création des Frères musulmans en Égypte. Quatre ans après la chute du système de califat de l’Empire ottoman [en 1923] […], l’islam a dû faire face à une question fondamentale : durant 1300 ans, il y avait un Calife qui connectait la Terre et les Cieux. Et maintenant, il n’y a plus personne. La Turquie est devenue [avec la chute de Califat], un corps sans tête. L’idée de l’islam politique est de ramener cette tête à sa place. [8]

Le problème, poursuit Alizadeh, est que si les Chiites et les Sunnites sont d’accord sur le diagnostic, les uns pensent que la nouvelle tête ne pourra être que chiite, tandis que les autres ne la voient que sunnite.

On peut comprendre, que cette bataille idéologique entre chiisme et sunnisme comporte comme enjeu le fait de représenter la Oumma dans le monde, c’est-à-dire ce bloc qui affrontera le bloc occidental démocratique.

Concrètement, Hossein Alizadeh, estime :

 [Les négociateurs iraniens] croient au fait que l’islam doit être porté au pouvoir dans le monde entier, et contre les démocraties libérales occidentales. [9]

Et pour atteindre cet objectif, les diplomates peuvent faire appel à tout ce qui est dans leur pouvoir pour parvenir à cet objectif.

Assurément, l’administration Trump doit tenir compte de ce point de vue. En tant que dealmaker, qu’excellent négociateur, les procédés transactionnels sont maîtrisés par Donald Trump. Mais en tant qu’homme d’État, en tant que chef du monde libre, il lui revient de prendre en compte les objectifs à long terme de l’Iran, des objectifs qui, aux yeux des dirigeants iraniens, peuvent être atteints, bien entendu, longtemps après le mandat actuel de Trump ou après la mort de Khameinei.

Info n°3 : « Israël doit être anéanti »

Un autre ancien diplomate iranien, Amir Mousavi, qui lui n’a pas fait défection, a commenté les négociations entre l’Iran et les États–Unis. Pour lui, cette négociation a pour seul objectif de récupérer « ce qui leur appartient », c’est-à-dire, la levée des sanctions économiques. Mais l’objectif central reste bien le même.

Intervieweur : Est-ce qu’Israël reste un sujet central pour l’Iran ?
Amir Mousavi : Absolument.
Intervieweur : Les négociations avec les États–Unis ne changent rien ?
Amir Mousavi : Non, l’Iran ne cherche qu’à récupérer ce qui lui appartient.
Intervieweur : OK, et quand ce sera fait, Israël continuera d’exister ?
Amir Mousavi : Non, il faut qu’il soit anéanti.

(Crédit : MEMRI)

L’administration américaine a le choix, dans le cadre de ces négociations avec l’Iran, d’écouter, ou non, les anciens diplomates iraniens, et qui ont donc la parole libre – qu’ils aient fait défection (voir l’info n°2) ou pas.

Pour en savoir plus : https://www.memri.org/tv/iran-mousavi-nuclear-talks-death-to-america-israel-erased

Info n°4 : Le Consulat français de Jérusalem manque-t-il d’empathie vis-à-vis des enfants cachés pendant la Shoah ?

Capture d’écran de la publication Facebook a propos des commémorations de Yom HaShoah sur le compte du Consulat général de France à Jérusalem publié. (Crédit : Facebook)

Le Consulat de France à Jérusalem a commémoré le Yom HaShoah. Ce jour a été instauré par l’État d’Israël, et est l’occasion d’organiser des manifestations officielles, publiques, privées de toutes sortes. Tous les ans, certains – rares aujourd’hui – survivants de la Shoah sont écoutés avec attention par la société israélienne ; parvenir à attraper encore quelques mots de la part de ceux qui ont [sur]vécus [à] cette période unique dans l’histoire de l’humanité.

Ainsi, il y a quelques jours, une rencontre se tint dans les locaux de l’ « Institut français de Jérusalem – Romain Gary ». Le public était venu écouter les propos de Betty Eppel, ancienne enfant cachée durant la Shoah.

Le public a pu aussi écouter le témoignage de Anan Srour. Anan Srour n’était pas un enfant caché pendant la Shoah. Anan Srour est un psychologue arabe de Jérusalem. Il a fait ses études en Israël et en Allemagne. Sa thèse de Master portait sur les effets psychologiques « de la torture et de l’emprisonnement sur les prisonniers politiques Palestiniens ». Ses publications portent principalement sur les effets psychologiques des narratifs provenant des minorités chrétiennes et musulmanes en Israël.

On aurait pu imaginer que, dans le cadre de Yom HaShoah, en présence de survivants juifs, soit abordé le thème de l’enseignement de la Shoah auprès des enfants musulmans.

On aurait pu imaginer, voire souhaiter, que le facteur d’éducation à la haine des Juifs, auprès des enfants musulmans, soit étudié. On sait aujourd’hui que la Shoah a reposé entre autres sur une base de haine des Juifs historique présente dans les sociétés européennes avant même l’arrivée du nazisme.

Si la France, par la voix de son Consulat à Jérusalem, voulait réellement consacrer du temps utile à Yom HaShoah, dans l’objectif présumé de « plus jamais ça », on s’attendrait à ce que soit analysé l’antisémitisme qui est transmis aux enfants musulmans de la région. L’analyse d’un tel phénomène, qui reste à la source première du conflit israélo-arabe, pourrait alors peut-être être combattu, y compris par le Consulat de France à Jérusalem.

Mais non. Il fut malheureusement préféré d’ajouter aux témoignages poignants de personnes âgées survivants de la Shoah, le seul jour de l’année où ils sont écoutés, un psychologue qui parle des souffrances de minorités religieuses en Israël. Bien entendu, ces dernières doivent être écoutées, traitées, combattues. Mais faut-il les utiliser face à des survivants de la Shoah, comme pour leur dire : « ce que vous avez vécu est grave, c’est vrai, mais regardez, d’autres personnes souffrent aussi ».

N’est-ce pas une règle de base de la psychologie ? Écouter celui qui souffre ou a souffert, le réconforter, et surtout, surtout, ne pas lui dire : « mais d’autres que toi souffrent aussi ».

[1] https://www.lycee-averroes.com
[2] https://ieshdeparis.fr
[3] https://www.al-kindi.fr
[4] https://www.middleeasteye.net/news/jordan-decision-ban-muslim-brotherhood
[5] https://www.youtube.com/watch?v=D3ocmdt97_4
[6] Ibid. à partir de  9:53
[7] Ibid. à partir de 14:30
[8] Ibid. à partir de 19:30
[9] Ibid. à partir de 24 00

 

à propos de l'auteur
Laurent souhaiterait partager ses observations de la vie israélienne et française à travers son regard de Juif français devenu israélien en 2008. Il a pris l'habitude de regarder et analyser les phénomènes politiques, culturels, religieux, géopolitiques, sous un regard différent de celui qu'on a l'habitude de voir. En effet, avant d'arriver en Israël, il a vécu en France, en Allemagne, en Belgique et au Royaume Uni. Il observe les phénomènes humains avec un très large point de vue, puisant dans son expérience de vie et dans son désir d'écrire. Laurent a passé son enfance en Allemagne, fait ses études de management en Alsace et passé sa carrière professionnelle au Royaume-Uni, en France, en Belgique, en Israël.
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