Liberté, Egalité, Fraternité … Pas vraiment pour les Juifs de France !

La France est la troisième communauté juive dans le monde avec environ 500,000 personnes, après Israël et les Etats-Unis.

Mais au rythme actuel, les choses pourraient changer d’ici une dizaine d’années. La France connaît actuellement un exode très troublant de la communauté juive.

Bien qu’elle ne soit pas le seul pays d’Europe occidentale à connaître un retour en force de l’immigration vers Israël, les statistiques sont époustouflantes.

La communauté juive de France est très ancienne. Elle remonte au 1er siècle après JC à Lugdunum (aujourd’hui Lyon). On peut retracer le cheminement de cette même communauté à travers les âges, ponctué par divers actes d’antisémitisme.

Pour les Juifs de France, la plume des Pères de l’Église a conduit à l’épée des Croisades.

En outre, de nombreuses expulsions ont également provoqué un certain ostracisme des Juifs à un moment où le reste de l’Europe connaissait « l’illumination ». L’affaire Dreyfus est la preuve qu’au tournant du 19ème siècle, les Juifs français se rendaient déjà compte que leur sécurité était en danger. Evidemment, à l’époque, ils ne pouvaient guère imaginer l’immense catastrophe qu’allait être la Shoah.

Pour « régler la question juive », l’Allemagne nazie avait alors choisi comme solution l’annihilation totale de toute personne juive. Le résultat en fut la disparition de 80 000 Juifs français.

Malgré l’existence de nombreux ennemis, n’oublions pas que les Juifs français avaient aussi quelques grands amis. On peut citer l’empereur Charlemagne (747-814) ainsi que Napoléon Bonaparte (1769-1821). D’ailleurs, ce dernier a encore aujourd’hui une prière qui lui est consacrée dans de nombreux livres de prières des synagogues françaises.

C’est à l’époque de la Révolution française de 1789 que la devise « Liberté, Egalité, Fraternité » est née. Elle continue à être la devise de la République française actuelle, mais ne semble pas s’appliquer de la même manière au peuple juif.

La France a toujours eu des relations très ambiguës avec la communauté juive. Les évènements récents me portent à croire que les Juifs de France envisagent sérieusement d’abandonner leur pays. Depuis plusieurs années, ils ont commencé à émigrer en Eretz Yisrael en très grands nombres.

Près de 100 000 personnes juives ont quitté la France depuis 1919. On estime que plus de 7 000 juifs ont quitté l’Hexagone au cours de ces 3 dernières années et leur nombre ne cesse de croître, sans aucun signe de ralentissement.

Plus de 1400 sont partis dans les trois premiers mois de 2014, démontrant une tendance jamais égalée depuis 1948.

La raison pour laquelle les Juifs français veulent faire leur alyah en Israël est bien sûr directement liée à la récente montée d’actes antisémites, ainsi que les morts qui y sont liées.

Examinons quelques-unes des manifestations antisémites des trois dernières décennies :

Il est clair que l’antisémitisme se porte bien partout dans le monde, mais la France reste l’un des terrains les plus propices pour la haine des juifs. L’antisémitisme y est très profondément ancré, et a même été renforcé par l’influence islamique au cours de ces 60 dernières années.

En 1980, à Paris, dans le Marais à la veille de Simhat Torah, une bombe a explosé dans la synagogue de la rue Copernic, causant la mort de quatre personnes et en blessant plus de 40.

Seulement 2 ans plus tard, en 1982, dans le même quartier, l’épicerie juive Jo Goldenberg a été attaquée par des terroristes qui ont jeté une grenade à l’intérieur du restaurant et ont ensuite tiré à bout portant sur les clients, causant la mort de 6 personnes et en blessant 22.

En 2003, le disc-jockey juif Sébastien Sellam a été brutalement assassiné par son « ami » musulman qui a affirmé:« J’ai tué mon Juif, j’irai au ciel « . Étonnamment, cette tragédie n’a pas été qualifiée d’acte d’antisémite par les autorités.

En 2006, le jeune Ilan Halimi a été torturé et tué par un groupe de musulmans français d’Afrique du Nord connu sous le nom du Gang des Barbares. La mort de Halimi a laissé la communauté juive de Paris en état de choc. Cela a même incité beaucoup à organiser leur départ de France.

En 2012, Mohammed Merah a tué sept personnes à Toulouse et Montauban. Quatre de ses victimes étaient juives : un rabbin, deux de ses enfants et un autre élève de l’école juive Ozar Hatorah.

Et bien sûr, en février dernier, dans les rues de Paris, les manifestants marchaient et criaient: «Juifs dehors, la France n’est pas pour toi ! »

Il est si dangereux d’être Juif en France que les Juifs religieux cachent leur kippa quand ils sont en public. La France est à la fois la plus grande communauté juive d’Europe et la plus dangereuse.

Cette récente montée de l’émigration vers Israël n’est pas simplement une réaction de dernière minute de la part de la communauté juive de France. Il faut du temps pour se préparer à une telle démarche, qui s’avère culturellement, émotionnellement et financièrement pesante pour chaque famille qui fait son alyah. 

Sur le papier, ou gravée dans la pierre de taille des monuments français, la devise « Liberté, Egalité, Fraternité» sonne bien. Mais dans la rue, c’est une toute autre histoire. Le gouvernement (indépendamment de ses appartenances politiques) en parle peu et en fait encore moins.

Donc, s’il semble que les Juifs de l’Hexagone abandonnent de plus en plus la France ces derniers temps, c’est probablement parce que dans la plupart des cas, la France les a déjà abandonné.

C’est pourquoi nous nous devons de soutenir et protéger Israël en tant que refuge pour les Juifs de France (car ils s’y sentent indésirables) mais aussi pour tous ceux du reste de la planète.

à propos de l'auteur
Olivier enseigne la Bible et les racines juives du christianisme. Né à Paris, il écrit et enseigne aujourd'hui, aux Etats-Unis et en France, sur l'antisémitisme classique et nouveau. Il est l'auteur de deux livres dont un sur l'antisémitisme. Il travaille actuellement à la suite de son ouvrage paru en 2007 sur l'antisémitisme ("They have conspired against you"). Olivier est aussi le directeur régional de Chosen People à Seattle.
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