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L’Histoire sans péridurale

Une rétrospective du monde qui oublie en tournant sur lui-même qu’il tourne autour d’un autre monde

Vu de l’Occident en congés annuels et arrosé seulement par une presse qui fait son beurre fondu avec la canicule (petit nom de l’Etoile Sirius qui apparait entre juillet et août dans la Constellation du Chien), le Moyen-Orient semble aussi dominé par cette étrange conjonction stellaire et optique entre Vénus et Jupiter qui semblent entamer des négociations à l’ouest du Firmament nocturne de l’Hémisphère nord pour se mettre en ordre d’une nouvelle bataille.

Vénus a frôlé Jupiter. Aux signes des étoiles, le présent humain préfère celui des résolutions, des harangues et des images déversées plus abondantes encore que les déjections du magma solaire dans notre espace-temps.

Dans cet intense bombardement médiatique, reste finalement un silence. Un silence d’interrogation sur la gloire et la poussière, sur la vie et la mort, sur la solitude et l’appel.  » Assur ne nous secourra pas, nous ne monterons pas sur un cheval, et nous n’appellerons plus Dieu les ouvrages de notre main ; en toi seul l’orphelin trouve miséricorde. » (Osée 14:4)

L’Arabie multiplie le buzz autour d’une intentionnalité de « dialogue » informel « man to man » avec « l’entité sioniste » ennemie contre la menace de Daesh et de l’Iran envers son pétrole, la Mecque et son Altesse royale.

La Perse, elle, qui sent s’ouvrir une exceptionnelle « fenêtre d’opportunité » pour le renouveau de son antique toute-puissance a désormais le monopole régalien sur toute l’Asie centrale et mineure orientale.

L’UNESCO vient d’attribuer à Suse en Perse le statut enviable de « Patrimoine de l’Humanité » tandis que Palmyre rime avec martyre et que la Mésopotamie, les cités sahariennes lybiques et les beautés syriennes sombrent dans la poussière.

Israël retrouve une nécessaire « crédibilité », non pas par voie administrative mais par voie de conséquences : c’est la Bible, pour faire court, qui conte le récit du Peuple sorti de la servitude de Babel et de Misr, Egypte héllénisée puis arabisée qui aujourd’hui appelle au secours ; Israël tournant en boucle au Sinaï, une boucle ascendante et hélicoïdale comme l’ADN, jusqu’à Sion, une boucle qui n’est pas une boucle, qui est une traversée et qui n’a jamais été interrompue, malgré les révolutions « idolâtriques » et les luttes fratricides entre la Science et la Prophétie, qui reprend sa source.

Le cours de l’Histoire est une mystérieuse élévation vers une raison au-delà de toute raison et qui traverse toutes les pires épaisseurs.

Il ne faut être ni optimiste ni pessimiste, mais on le voit, tout est lié, sans exception. Du jour commémoratif de l’Indépendance américaine aux morts de Kobané, des massacres du Nigeria à la publication de l’encyclique du pape, des manifestations de juifs d’Afrique en Israël aux appels du pied des théoriciens opportunistes du Hamas qui sentent le vent du boulet de l’Etat islamique/Daesh passer à travers leurs oreilles. Tout est étrangement relié. Sans mobile ni sans sens commun apparent.

Archaïsmes de l’Europe post-coloniale et post-industrielle en voie de dématérialisation de ses peuples et de ses économies à l’Orient chrétien et juif qui suit la pente exactement contraire, en demande de matérialisation des « valeurs », des reconnaissances et des peuples.

Pour un rationaliste occidental, c’est étrange. Pour un népalais qui vient de voir débarquer chez lui une armada jamais vue de technologies et de bonnes volontés « judéo-chrétiennes » monter et démonter hôpitaux, temples, écoles et cabinets médicaux en un clin d’œil à plus de 5000 m d’altitude et en pleins neves, c’est une apparition bouleversante. Neve… : « Oasis ».

Le monde est un village pensait-on à l’aube des années 60, quand apparaissaient la mini-cassette, la télé couleur, le téléfax et les supermarchés. Non : le monde est le monde. Il oublie en tournant sur lui-même qu’il tourne autour d’un autre monde.

La seule différence est que ses océans les plus vastes et les plus profonds sont désormais ceux de la généralisation de ses massacres, de l’immensité de ses interrogations et de l’insondable abîme de ses incompréhensions.

Ce seront les conquêtes les plus longues à mener. Les plus passionnantes de l’encore longue Histoire humaine qui n’est pas au bout de son récit biblique, de sa saga « adamique » vers la Transfiguration de son humanité. Ca vient dans la douleur, mais ça vient !

Et plus que tout, il y a une sorte de rappel brutal à sa nature transcendante de la Mémoire qu’on n’anesthésie pas durablement. Toujours les faits têtus reviennent à l’écurie tant qu’ils sont nourris et abreuvés.

Et là encore, ce sont probablement les ennemis d’Israël, c’est-à-dire de l’Humanité telle qu’elle a été conçue et désirée qui la ramènent paradoxalement à la raison : « Reviens Israël ! » Nous t’offrirons, au lieu de taureaux, l’hommage de nos lèvres. ». Si seulement pouvait sortir du ventre (de la bouche) de tout cela une louange dont nous soyons les tuteurs ! (הושע / Osée ch.14)

Respirons profondément et félicitations aux futurs parents !

à propos de l'auteur
Jean Taranto, 53 ans, est français. Il est né près de Paris d'un père juif né en Bulgarie, et d'une mère juive née en Egypte, tous deux baptisés après un parcours très différent. Il est lui-même d'éducation et de formation catholiques. Il est passionné par la recherche du "religieux qui sommeille en l'Homme et se réveille souvent en s'étirant brutalement" et par le dialogue entre les croyances au-delà des seuls croyants et des "chapelles". Il vit en pleine campagne entouré de vignes dans le Sud-Ouest de la France dans l'insondable mystère de la France viticole, bigarrée, laïque et profonde
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