Lettre ouverte à l’imam Hassan Chalghoumi : l’égalité homme-femme dans le Coran
Cher Hassan Chalghoumi,
Votre communiqué m’a fait chaud au cœur, rendre hommage à Mahsa Amina assassinée pour avoir mal mis son voile vous honore, je sais votre courage et votre ouvrage pour la paix, je connais les risques que vous prenez, en effet, vous portez bien votre nom Hassan, un homme bon.
Nous nous sommes rencontrés il y a peu à l’ambassade de France en Israël, vous souteniez un voyage de jeunes musulmans et cela ne m’a laissé aucun doute sur vos engagements pacifistes. Votre communiqué à propos de Mahsa et votre prise de position sur le hijab en tant que symbole d’oppression ne peut que nous rapprocher ;
toutefois, votre phrase sur l’égalité de l’homme et de la femme comme faisant partie
intégrante de l’avenir de nos civilisations m’interpelle.
De quelle civilisation parlons-nous ici ? Et permettez-moi, d’où parlez-vous lorsque vous dites cela ? Parlez-vous de votre place d’imam, littéralement « celui qui se tient devant » pour diriger la prière commune, celui qui conduit les prêches du vendredi et qui se réclame du kitab ? Kitab dans lequel justement la femme n’est pas l’égale de l’homme, ou bien, prenez-vous de fait vos distances avec un texte sacré dont la dimension atemporelle et donc anhistorique est axiomatique pour tous les croyants se réclamant de la religion musulmane ?
Votre hommage m’oblige en tant que femme née en terre d’islam; mais quid du verset 34 sourate 4 du coran dans lequel l’inégalité femme homme est inscrite noire sur blanc ?
« Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci… et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, Exhortez-les, éloignez-vous d’elles, dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes haut et grand ».
Mahsa a finalement désobéi à la prescription d’Allah et fut tuée pour cela, comment comptez-vous concilier vos aspirations honorables d’égalité hommes-femmes avec le dire de Dieu d’une supériorité ontologique de l’homme sur la femme inscrite dans le texte sacré lui-même ?
Je suis bien évidemment disposée à ouvrir ce débat avec vous afin de trouver une sortie honorable à cette impasse exégétique dans laquelle nous nous trouvons pour que plus aucune femme ne soit désormais assassinée sous couvert d’une injonction littéraliste du texte coranique.
Je reste persuadée qu’entre gens éclairés, un pont demeure possible.