La bible et Les Prophètes d’Israël
Historiquement le premier livre saint de l’Humanité, la Bible est aujourd’hui le plus grand des best sellers. Avec plus 540 traductions depuis l’hébreu originel, elle est lisible dans à peu près toutes les langues de la planète.
Le mot « Bible » provient de la traduction de l’hébreu à l’ancien grec » Ta biblia », qui est un substantif signifiant Les livres (en fait des rouleaux). C’est en passant de la traduction du grec au latin que le mot est devenu un singulier « biblia » : le livre.
Premier livre à offrir aux hommes une explication de la Création du monde, la Bible établit un lien étroit entre Le Créateur de ce monde, et le peuple qui L’a accepté comme tel, et qu’il nomme le Dieu d’Israël.
Époustouflante destinée pour un livre qui, au départ, ne s’adressait qu’à un seul peuple, petit en nombre, divisé en 12 tribus qui se regroupaient sous l’appellation des « enfants d’israël » et qui acceptèrent la Loi de leur Dieu.
Première des Dix Paroles (Dix Commandements pour le Christianisme) de cette Loi remise par Moïse à son peuple : Je suis l’Eternel ton Dieu...
Deuxième des Dix Paroles : tu n’auras pas d’autres dieux… (Exode 20: 2-17)
Le nom d’Israël est donc tout naturellement, et à tout jamais lié à la Bible. Pour la simple et bonne raison qu’il en fut pendant longtemps le seul destinataire. Les autres peuples croyants étant presque tous polythéistes à l’époque.
C’est petit à petit, et bien plus tard, que ce livre se propage parmi les autres peuples, et que ce Dieu (grâce notamment d’abord au Christianisme, puis à l’islam) deviendra Celui de presque la moitié de l’Humanité vivante.
il ne suffit pas d’avoir reçu la Loi, encore faut-il que cette loi soit divulguée, accomplie, et puisse être un guide moral quotidien pour le peuple juif.
Cela dit, pour les juifs, la « Bible » hébraïque porte le nom de T(a)N(a)K(h). Nom qui est un acronyme de trois mots hébreux: T pour Torah (la loi) N pour Néviim (les prophètes) et K pour Kétouvim (les écrits/hagiographes).
Le Tanakh est donc l’ensemble des livres Saints du peuple juif. Et ce pluriel est très important pour qui connait un peu la pensée juive.
Composée de cinq rouleaux (la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deuteronome), la Torah – La loi reçue par Moïse – est sans nul doute la plus importante, car dictée par Dieu Lui-même. Elle reste le livre de référence de toute analyse ou questionnement, et des innombrables commentaires des érudits juifs. {rappelons au passage, que la Mishna et la Guemara qui forment le Talmud, sont des explications et les explications des explications de comment il faut interpréter la Torah.}
Toutefois pour Israël, de tous temps, elle demeure totalement indissociable des Neviim, les prophètes. Et l’étude des prophètes qui ont écrit (ce n’était pas le cas de tous) a souvent permis une meilleure compréhension de cette même Torah.
Les Néviim ont assurément un rôle crucial, qui découle directement du Livre saint.
En effet, il ne suffit pas d’avoir reçu la Loi, encore faut-il que cette loi soit divulguée, accomplie, et puisse être un guide moral quotidien pour le peuple juif.
La réception de la Torah et la prophétie (en fait l’interprétation de cette loi) sont deux réalités parfaitement solidaires, et l’une ne va pas sans l’autre. Citons à ce propos le grand Maimonide dans son livre Le Guide des égarés : … « car s’il n’est point de prophètes, il n’est point de Torah. »
C’est même une injonction directe de Dieu : » l’Eternel parla à Moïse, et dit: parle aux enfants d’Israël, et dis leur…. » (Exode 31:12 et 31:13). D’ailleurs beaucoup des grandes prières du Judaïsme commencent par le fameux « shema Israël » qui signifie Écoute Israël, et qui fait suite en droite ligne à cette injonction.
Moïse notre maître, incontestablement le plus grand des prophètes juifs, (qui sont à peu près une vingtaine en tout) reçut la Torah en même temps que l’ordre divin de la faire connaitre aux enfants d’Israël. Tous les autres prophètes marchent sur ses pas.
De cette obligation de diffuser son contenu, naît l’étroite intimité entre la réception de la Loi, elle-même d’inspiration prophétique, et son but qui est l’accomplissement par les hommes de cette loi.
Le rôle principal des prophètes est donc bien d’expliquer les volontés de Dieu, afin de mieux prévenir, en s’adressant à sa conscience, le peuple juif des conséquences de son comportement.
Mais attention, ceux-ci ne sont en aucun cas des devins qui tentent de lire l’avenir dans une boule de cristal, ou dans quelque autre objet qui ne serait pas la Torah.
S’il arrive aux prophètes de parler de l’avenir, (ce qui n’est pas, loin s’en faut, leur activité principale) ce n’est que pour mieux attirer l’attention du peuple d’Israël sur les intentions de Dieu et de Sa loi.
Toute leur légitimité repose sur une bonne compréhension de l’étude approfondie de celle-ci, qui leur permet d’atteindre l’intuition prophétique. Même si tous ceux qui étudient la Torah, ne deviennent évidemment pas prophètes, puisque l’élection d’un homme (ou d’une femme) au rang de prophète est l’affaire de Dieu, uniquement.
Mais dans le judaïsme, il est toujours un lettré très au fait des écrits saints, et qui sans cesse se réfère à eux. Il est inconcevable pour les juifs d’imaginer qu’un prophète ne sache ni lire ni écrire, (comme c’est le cas pour Mahomet en Islam) et que cet analphabétisme (avéré ou non dans le cas de Mahomet) soit un facteur favorisant, voire prouvant son élection.
Les prophètes juifs doivent d’abord élever leurs qualités intellectuelles et morales par l’étude de la Torah, et finissent, à force de réflexions et de travail, par éventuellement atteindre l’intuition prophétique, avec l’aide de Dieu.
Nulle autre technique n’est admise, et surtout pas celles qui font appel à des forces obscures et obscurantistes. Il faut savoir que, pour la religion juive, toute tentative de prédire l’avenir sans don de prophétie est synonyme de superstition, donc répréhensible.
Les prophètes juifs ne sont donc en rien comparables aux magiciens d’Egypte, aux augures romains, aux pythies grecques, ou tout autre liseur d’avenir qui posséderait un certain type de don, plus ou moins occulte.
En ce sens, ce sont plus des « savants » capables de prédire telle action divine, grâce a leurs connaissances bibliques, que des « sorciers » annonciateurs de bonnes ou de mauvaises nouvelles, par l’interprétation parfaitement subjective de tel outil, ou telle technique.
En réalité , tout oppose les prophètes et les devins : la valeur morale, la dimension uniquement spirituelle, la source transcendante du message, et surtout leur rôle respectif dans la société humaine.
La prophétie d’Israel est basée sur une seule source transcendante, le Créateur des cieux et de la terre. Il en est la cause première et l’issue finale…
Ce tableau ne serait pas suffisamment objectif sans rendre l’honneur que méritent, les sept femmes qui, dans le Talmud, sont reconnues comme prophétesses, (bien qu’aucune d’elles n’ait écrit) :
Sarah (femme d’Abraham), Myriam (soeur de Moïse), Déborah (qui mérite une mention spéciale car elle est la seule à être à la fois prophète et juge, et qui régna sur Israël), Hannah (mère du prophète Samuel), Avigael (deuxième femme du roi David), Houlda et Esther (devenue reine de Perse, héroïne encensée de Pourim, qui sauva son peuple de la destruction).
Et surtout, je ne voudrais pas terminer cet article en laissant l’impression que les paroles écrites des prophètes juifs appartiennent à un passé éculé, ou un avenir hypothétique, et que leurs promesses (en réalité, les promesses de Dieu) restent sans écho de nos jours.
Au contraire, ils ont résonné très puissamment à chaque génération, et résonnent plus fort encore depuis le retour d’Israël sur la terre que son Dieu lui a promis.
Je pourrais citer à ce sujet de nombreux passages qui montreraient l’acuité des prophéties, mais je me contenterai de certaine de celles des prophètes Ezechiel et Esaïe :
– « En ce jour (l’expression employée ici en hébreu se rapporte toujours aux temps messianiques), le Seigneur étendra une seconde fois la main pour reprendre possession du reste de son peuple… Il rassemblera les bannis d’Israël et recueillera les dispersés de Juda des quatre coins de la terre » (Esaïe 11)…
« Je vous rassemblerai du milieu des peuples, je vous recueillerai des pays où vous êtes disséminés et Je vous donnerai le territoire d’Israël » (Ezéchiel 11:17)
Promesse faite il y a près de 2600 ans, et…. Promesse tenue
NB : Pour le judaïsme, le don de prophétie a disparu depuis la destruction du Deuxième Temple, et ne ré-apparaîtra qu’à la fin de la construction du Troisième.
Pour finir, je me fais un devoir de citer l’excellent livre d’Abraham Livni : le retour d’israël et l’espérance du monde… Livre qui m’inspire beaucoup, et m’a beaucoup aidé à écrire ces lignes.