Les Juifs paieront
Quelques heures après la clôture des bureaux de vote français ce 8 juillet 2024, l’incertitude règne. On sait que le Rassemblement National atteint un score historique puisque près d’un quart des 577 députés français porteront ses couleurs. Ce fait seul pourrait effrayer, on le comprend. Et pourtant, non, on s’attendait tellement à une majorité absolue qu’on en est à se rassurer.
Le RN ne gouvernera pas, ni seul, ni, sans aucun doute, au sein d’une coalition. Celui qui a le plus de chance de gouverner n’est sans doute pas le plus fort en voix, mais il l’est tant en vociférations qu’en nombre de députés élus. Tous les yeux se tournent donc vers Jean-Luc Mélenchon dirigeant de LFI-La France Insoumise, dont nombreux estiment qu’il est aussi le plus fort en outrances, en antisionisme, en haine des Juifs. S’il ne tient pas à s’user à Matignon, préférant sûrement se préserver pour les prochaines élections présidentielles, nul doute qu’il tiendra entre ses mains le sort de la France dès les prochains jours. Si ce n’est en tant que Premier Ministre, ce sera en leader des négociations de la coalition. Comme disait Obama au sujet de l’intervention militaire en Libye : « We will lead from behind »[1].
Cette négociation sera la clé. Nous en avons vu un aperçu dès la formation du NFP-Nouveau Front Populaire, il y a 3 semaines. Tenue comme une « Blitzkrieg », en 24 heures, Raphael Glucksmann avait été avalé tout cru par l’ogre Mélenchon, attendri qu’il avait été par les attaques anti-juives à son encontre, et donc rendu plus digeste. D’autres, dans sa position, se seraient endurci, auraient levé la tête. Lui s’est contenté de se soumettre aux Insoumis.
Donc, il y aura des négociations pour arriver à une coalition. Sur les retraites, sur le budget, sur le Smic. Elles seront rudes. Il y aura des blocages… et on versera de l’huile dans les rouages pour faire passer la pilule. L’huile, ce sera : Israël, les Juifs, les « colons », les sanctions contre les franco-israéliens, les vols directs Paris-Tel Aviv, la reconnaissance de la Palestine, le soutien aux ennemis d’Israël etc…
Pourquoi ? Il y a quatre raisons :
- LFI, le PS et Ensemble (Macron), peuvent être en désaccord sur tout mais « quand même, sur Israël, on est tous d’accord, il faut qu’Israël se calme, tout de même ! » entendra-t-on, a minima.
- Les Juifs en France, « combien de divisions »[2] ?
- Tous les élus de LFI qui ont tenu des propos exprimant leur haine des Juifs depuis le 7.10.2023, ont été élus facilement. Ils n’ont donc pas gagné « malgré » leurs propos mais « grâce » à eux. Cela va bien sûr encourager les démarches politiques futures.
- Depuis 9 mois, Emmanuel Macron a flirté avec les attitudes anti-juives et anti-israéliennes (absence à la marche contre l’antisémitisme, votes anti-Israël à l’ONU et à la CPI[3], interdiction aux entreprises israéliennes de participer à un salon international[4]…). La victoire du NFP va le conforter dans cette politique et il aura tout intérêt à « monnayer » sa poursuite, voire son accentuation, dans sa négociation avec le NFP.
D’une manière ou d’une autre, les Juifs en général et Israël en particulier, paieront. Ils paieront pour « la gouvernabilité » de la France, pour l’unité, pour la paix sociale. En façade, on continuera à entendre « les Juifs ont toute leur place en République », ou bien « s’attaquer à un Juif, c’est s’attaquer à la République », mais en arrière-plan, ce qu’il faudra entendre c’est « faites comme chez vous, mais n’oubliez pas que vous êtes chez nous », ou bien « s’il vous plaît, n’attisez pas la haine entre nous ».
Les Juifs lucides, eux, connaissent le protocole. Certains d’entre eux ne resteront pas dans le déni.
[1] Nous dirigerons depuis l’arrière.
[2] Le terme « divisions » est ici à comprendre au sens militaire, comme dans la bouche de Staline au sujet du Pape. Il ne s’agit pas des « divisions d’opinions » entre les Juifs, qui, elles, sont très nombreuses.
[4] https://fr.timesofisrael.com/la-france-annule-la-participation-des-entreprises-israeliennes-au-salon-eurostary/