Les Israéliens consomment moins mais dépensent plus

La chute de la consommation des ménages israéliens est impressionnante ; s’ils achètent moins depuis le début de 2023, ils dépensent davantage d’argent.

Alors que l’inflation renchérit le panier de la ménagère, les ventes de la grande distribution ne cessent de progresser, signe que la crise ne fait pas que des malheureux.

Avec une inflation annuelle qui frôle les 5 %, l’économie israélienne a mal démarré l’année. Au premier trimestre de 2023, la croissance a été lente : le PIB a augmenté de 3,1 % par rapport au trimestre précédent, ce qui signifie une croissance par habitant de 0,7 % seulement en rythme annuel.

Le Bureau Central de la Statistique à Jérusalem vient de publier un bilan chiffré de l’économie israélienne au premier trimestre 2023 ; les chiffres de l’évolution de la consommation des ménages sont saisissants.

Chute impressionnante

Le ralentissement de l’activité au premier trimestre de cette année découle principalement d’une inflation élevée qui ampute le pouvoir d’achat des ménages israéliens et freine leur consommation.

On peut carrément parler d’une chute ; de janvier à mars 2023, la consommation des ménages a baissé de 1,7 %. Comme la population israélienne augmente de 2,3 % l’an, la consommation par tête a chuté de 4 % en rythme annuel.

Pour faire face à l’augmentation de leurs dépenses liée à l’inflation, les Israéliens ont modifié leurs habitudes d’achat ; ils ont surtout essayé de ne pas comprimer leurs dépenses d’alimentation qui ont augmenté d’un petit 0,8 %.

En revanche, ils ont coupé dans les dépenses jugées moins indispensables. Parmi les articles que les Israéliens ont abandonné sur les étagères : les biens durables comme l’électroménager (-6 %) et les produits semi-durables comme habillement et loisirs (-11 %).

Perdants et gagnants

Il n’y a pas que des mauvaises nouvelles sur le front de l’inflation : alors que les ménages dépensent davantage tout en consommant moins, la grande distribution semble s’en tirer honorablement.

Il se trouve que, sur le premier trimestre 2023, le chiffre d’affaires des chaînes de distribution a progressé de 3,3 %.

Autrement dit, la hausse des prix a plus que compensé la baisse du volume des ventes de la grande distribution.

Si l’inflation pèse sur le pouvoir d’achat des ménages israéliens, certains commerces tirent leur épingle du jeu – notamment la grande et moyenne distribution.

Reste à attendre du gouvernement israélien un plan anti-inflation digne de ce nom qui permettrait à tous les ménages du pays de terminer leur mois sans découvert à la banque et sans accroître leur endettement.

à propos de l'auteur
Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de "Les Arabes d’Israël" (Autrement, 2008), "Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ?" (Armand Colin, 2012), "Les Israéliens, hypercréatifs !" (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et "Israël, mode d’emploi" (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : "Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël" (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.
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