Les cinq doigts du Thalys
Ce qu’ont fait ces cinq hommes français, britannique et américains en entrant en terre arrageoise depuis Bruxelles-Midi et en maîtrisant un adversaire torse-nu, armé de 9 chargeurs de 10 cartouches et d’un fusil-mitrailleur d’assaut doit être médité en Israël et dans toute l’Europe : quand une vie ou 100 vies sont en jeu, on ne compte ni combien elles sont, ni combien elles valent, ni de quelle religion ou parti politique elles dépendent. Ni si elles sont religieuses ou laïques. On sur-vit !
Je suis incapable de dire ce que j’aurais fait à leur place, et que personne ne s’avise de couler dans le marbre une « évidence » de l’acte fraternel.
Mais j’aurais pensé aux miens et vu les moments les plus importants de ma vie défiler sous mes yeux, et probablement pas les plus spectaculaires ni les plus honorables aux yeux des autres. C’est ce « regard pour soi, en soi » qu’il faut toujours garder à l’esprit, y compris dans les moments de tranquillité, de joie et de paix.
Cela est une prévention efficace contre le mépris, l’indifférence et, finalement, le meurtre ; la mémoire d’où l’on vient et de qui l’on est. Caïn n’a pas tué son frère gratuitement. Il l’a tué PARCE QU’IL ETAIT SON FRERE. Au nom de sa fraternité. Il l’a tué par convoitise d’héritage alors qu’il en avait sa part. Il a OUBLIE qui il était et DE QUI il venait.
Ce « mystère » de la convoitise du « Bien » que donne le « Bon » (seul D. est Bon) est sempiternel. Il nous appartient de le percer à jour et de le transcender dans nos actions et nos paroles « bonnes ».
Il faudra aussi s’interroger rudement sans doute, sur l’amnésie RECURRRENTE qui frappe l’Europe, inépuisable sujet de réflexion pour moi. Cela est à rapprocher, peut-être, des constantes récriminations des hébreux, qui, bien qu’ayant « connu » la manne, ont alterné avec obstination entre la certitude de la louange et sa mise en doute. Cela est une première question : la manne : « qu’est-ce que c’est » ?
Qu’est-ce qui fait qu’ayant l’Evidence du « mal » et du « bien », du « bon » et du « mauvais » sous les yeux, les yeux restent fermés et le coeur contraint ? Et qu’est-ce qui fait que parmi 300 passagers 5 ou peut-être plus, dont trois se sont trouvés là et ne devaient pas y être, se lèvent et DECIDENT d’agir ? La décision est création disait Erasme.
Pour cette dernière question, j’ai une réponse : c’est pour que soit manifesté que LA VOLONTE D’AGIR est PLUS EFFICACE que la FATALITE DU MAL. Une évidence ?.. Alors….?
A ceux qui ne croient pas en D. parce qu’ils mettent trop de crédit en ses caricatures, le jettent en dehors de leurs blessures, et prêtent trop d’attention aux grimaces obscènes qui en sont données (ce en quoi ils ont raison d’être méfiants mais pas forcément gagnants dans l’ironie qui est toujours faiblesse), je dis ceci : comme David a été choisi pour changer le monde du haut de sa petitesse et s’est levé pour mener non plus des moutons mais un peuple, les 5 témoins du Thalys ont été CHOISIS (tirés) du fond de leur sommeil de voyageurs pour changer le destin de 295 autres. Comme les doigts d’UNE SEULE MAIN, ils se sont levés.
Nous devons TOUT à cette main-là. Elle n’est pas vengeresse, elle est juste. Et les tentatives ineptes des relais d’opinion, en France, pour en atténuer la portée (il faudra s’interroger sur les pressions qui s’abattent sur les avocats de ce jeune terroriste et les journalistes français et dont on peut subodorer d’où elles viennent) révèlent à quel point la France est gangrenée non pas par « l’islam », mais par un remord mortifère et abject entretenu par un aréopage de « décideurs médiatiques » et de politiciens intellectuellement véreux dont le seul intérêt est de gagner pouvoir, argent et influence et qui jouent sur la peur et la « repentance » comme ils aiment agacer leur chat les jours de pluie.
Il faut vite donner aux intellectuels oisifs, aux adeptes du paupérisme militant, aux identitaires nostalgiques de « l’Action française » désinhibés par l’alcool des sondages, aux phalangistes de la récrimination des peuples et aux théoriciens de la Révolution permanente au nom de la tolérance de classe de quoi s’occuper ou dépenser leur argent utilement. Pour indemniser les rescapés et victimes du terrorisme et fleurir les tombes des morts, par exemple…
L’acte de résistance des 5 du Thalys est une claque dans la figure de M. Dieudonné qui est une marionnette de l’inconsolable et pathologique remord français.
C’est aussi une claque dans l’antiaméricanisme antisioniste xénophobe et raciste, et un douloureux retour de bâton pour une large frange des élites de ce pays qui serinent au peuple depuis 40 ans que rien ne vaut rien et qu’il n’est bon qu’à subir un médiocre et fatal destin pour monnaie de sa gabegie révolutionnaire.
C’est pourquoi je ne suis ni fataliste, ni désespéré, ni optimiste. Je connais assez l’Humain pour savoir qu’il me surprend tellement que ça en devient presque ordinaire.
Ce geste est purement une « logique divine ». Imprévisible. Irrésistible. On peut appeler ça « courage », « bon sens » « héroïsme »… C’est tout simplement un acte d’Humanité, c’est-à-dire de divinité : par l’Homme et pour l’Homme.
C’est la réponse la plus percutante et la plus persuasive qui soit aux organisations terroristes : « vous êtes des milliers d’assaillants ? mais vous ne pouvez rien contre NOUS 5 ! C’est toute l’Histoire d’Israël. C’est aussi toute l’Histoire d’Adam. C’est toute l’Histoire tout court.
La paix, ce n’est pas le status quo 50/50 sous administration neutre (donc inefficace à résoudre les conflits lancinants) façon ONU. C’est une poignée de gens ordinaires assez fous pour montrer au monde une Sagesse sans mesure avec eux-mêmes et au-delà de tout mal. C’est pourquoi elle viendra par la plus petite porte et non en triomphe. Aujourd’hui, elle n’est pas entrée en gare, triomphante, sur un ballast en tapis rouge. Elle est venue d’une main ferme, ensanglantée, dans le confinement d’un boyau de verre et de PVC, et née d’un combat.
La paix n’est pas un cocktail d’ambassade ni d’embrassades.
Tout comme David est venu par le plus petit chemin et non par un vote de l’ONU après d’intenses négociations et quelques meurtres par procuration, suivies d’un toast à son règne, la Paix d’Israël est venue de l’humilité incommensurable du Tout-Puissant remise entre les mains d’un berger sans importance ni diadème. C’est alors qu’elle a rassemblé tous les peuples sur Sa montagne.
Que ce qui vient d’arriver nous porte à le méditer, peut-être, si nous y voyons un quelconque intérêt pour nous-même.
Se lever de son sommeil, sans réfléchir, réveiller ses amis, sans réfléchir. Y aller, sans réfléchir. Agir sans penser à demain ni à hier… SE REVEILLER….
Pour nous, nations de substance païennes irriguées par la Révélation juive de l’unicité de D. créateur et son obstination divine à pardonner, et nourries par celle d’un Ressuscité « Salut » pour tout homme et qui est Rédemption, nous voici face à une question, pour la première fois, aussi crûment, depuis la Libération et l’agaçante rémanence de l’Holocauste : « sommes-nous vraiment ‘libérés’ « ?
Grâce à l’Eternel, il y a eu dans ce train des professionnels du combat au corps-à-corps entraînés à catalyser la peur, à la vider de son venin, et à faire la différence entre l’ennemi et l’ami au service d’un Etat libre, ami et démocratique.
On peut le dire : c’est un providentiel message à Israël (au sens le plus large et le plus universel qui soit) qui se sent aujourd’hui abandonné par l’Amérique (sur qui veille tout de même un « in God we trust » qui devrait aussi pouvoir fonctionner à Charleston et dans le sud américain)
Israël, c’est-à-dire aussi la France, c’est-à-dire aussi l’Europe qui prend le TGV après ses vacances aoûtiennes n’est pas abandonné par les Américains qui y profitent de ses ruelles, de ses cathédrales et de ses forteresses.
« Dans un moment comme celui-ci il faut se lever et faire quelque chose. Ne restez pas passifs. Levez-vous. »
(Anthony Sadler – défenseur des passagers du Thalys Amsterdam-Paris)
Ce texte m’a été inspiré par la chronique matinale du Rabbin Gabriel Farhi : « Des héros ordinaires » – Judaïques FM – 23 Août.