Daniele Saffar
Polack, donc angoissée, mais je me soigne:)

Leftovers

Des personnes visitant le site du massacre du festival Supernova, à proximité du kibboutz Reïm, à la frontière entre Israël et Gaza, le 14 janvier 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)
Des personnes visitant le site du massacre du festival Supernova, à proximité du kibboutz Reïm, à la frontière entre Israël et Gaza, le 14 janvier 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

J’écoute la musique que Max Richter a composée pour la série télévisée « the Leftovers » et je pleure. Cette mélodie m’a bouleversée dès que je l’ai entendue pour la première fois en regardant la série. Cette série raconte comment des personnes réagissent à la disparition subite et inexpliquée de leurs proches, un certain jour d’octobre.

Je n’y avais jamais pensé avant aujourd’hui, mais c’est vraiment très proche de ce qu’ont vécu les familles des otages et tout le pays le 7 octobre 2023, et cette fiction prend presque des airs de prémonition.

Comment survivre ? Espérer, continuer comme si de rien était ? Essayer d’oublier pour ne pas souffrir ou bien tout faire pour raviver les souvenirs ? Voilà certaines des questions abordées dans « The Leftovers » et des questions que nous sommes amenés à nous poser, surtout ceux d’entre nous qui n’avons pas perdu de proches le 7 octobre 2023.

Nous sommes tous devenus des « leftovers », des restes d’une nation libre et fière, (peut-être trop) ébranlée et traumatisée par la perte de sécurité et la perte d’êtres chers, la perte d’inconnus qui nous sont devenus si proches avec le temps. Les Juifs du monde sont aussi devenus des « leftovers », des restes dont on veut à présent se débarrasser.

Plus d’un an que nous restons sans réponses, sans preuve d’effort réel de récupération des otages, plus d’un an que nous voyons le gouvernement et une certaine partie de la population se radicaliser.

Plus d’un an que nous évoluons dans un brouillard de plus en plus épais dans le pays et que les Juifs se font persécuter partout dans le monde.

Plus d’un an que les voyages deviennent impossibles à programmer, ce qui renforce notre sentiment d’isolement.

Plus d’un an que le peuple se déchire au sujet de différentes lois.

Plus d’un an que je réponds aux antisémites sur les réseaux sociaux, et si peu de choses ont changé.

Reste à espérer que l’élection de Trump (pourtant pas un modèle d’humanité ni de diplomatie) change la dynamique. Je me mets à espérer qu’il mette fin aux financements qataris des universités américaines, qu’il y empêche la violence des manifestations antisémites, qu’il interdise les mouvements de soutien au Hamas et autres terroristes. Peut-être, que s’il le fait, d’autres, comme le Canada, suivront ?

Je me mets à espérer que grâce à lui, l’idéologie woke ne sera plus prédominante dans les milieux intellectuels et artistiques, ni aux USA, ni ici, ni ailleurs et que l’on pourra à nouveau échanger des idées sans se faire insulter ou interdire.

Oui, paradoxalement, je reprends espoir, car c’est tout ce qu’il me reste.

Nb : « leftovers » cela désigne les restes d’un repas, mais dans la série, cela désigne ceux qui sont restés, ceux qui n’ont pas disparu.

à propos de l'auteur
Je suis professeur d'anglais depuis 30 ans dont 6 en Israël. Ayant le sens de l'humour, j'aime rire de tout mais je m'insurge contre la bêtise et l'injustice. Je suis intéressée par le cinéma, le théâtre, les spectacles ainsi que les danses. En effet, je pratique les rikoudey am ( danse populaire israélienne) depuis 36 ans.
Comments