Le temps de la paix

Illustration. Des milliers de personnes lors d'une conférence pour la paix à la Menora Mivtachim Arena de Tel Aviv, le 1er juillet 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Illustration. Des milliers de personnes lors d'une conférence pour la paix à la Menora Mivtachim Arena de Tel Aviv, le 1er juillet 2024. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Il est encore trop tôt pour en parler, mais on peut déjà y réfléchir. L’intervention américaine en Iran s’inscrit dans une série de succès militaires qui depuis le 8 octobre 2023 ont redessiné la carte du Proche-Orient.

  • Au Liban, le Hezbollah est défait, et cela a contribué à :
  • la chute du régime de Hafez-el-Assad en Syrie,
  • et à la marginalisation des milices pro-iraniennes en Irak.
  • En Cisjordanie, les groupes terroristes sont neutralisés les uns après les autres.
  • Au Yémen, les Houthis subiront le contrecoup de la défaite de l’Iran.

Si l’opération Rising Lion se termine comme prévu par une défaite totale du régime des mollahs, Israël verra s’ouvrir une fenêtre d’opportunité pour considérer que la défaite de l’Iran prive le Hamas de ses approvisionnements en armes et en argent.

La guerre pourrait s’arrêter à Gaza, permettant de récupérer les 50 otages qui y sont encore. Plus largement, Israël se trouvera dans une situation inédite : sans ennemi à ses frontières et au-delà.

Des attentats pourront intervenir, mais pas la menace d’une armée.

L’Égypte et la Jordanie ont signé des accords de paix avec Israël depuis des décennies, une paix froide, mais une paix quand même, que toutes les guerres intervenues depuis n’ont jamais remise en cause.

Après les quatre pays ayant signé les accords d’Abraham (Émirats arabes unis, Bahreïn, Maroc, Soudan), d’autres pourraient suivre, et non des moindres :

  • l’Arabie saoudite était sur le point de normaliser ses relations avec Israël à la veille du 7 octobre,
  • et aujourd’hui, même la Syrie se déclare intéressée. D’ailleurs, elle négocie déjà secrètement avec Israël.

N’en déplaise aux esprits chagrins qui pensent qu’ « on ne peut rien faire avec les Arabes », beaucoup a déjà été fait et beaucoup peut encore se faire.

L’attitude de l’administration américaine complète cet alignement des planètes. Donald Trump est d’abord soucieux de procurer à l’économie américaine de nouveaux débouchés et de nouveaux financements. En mai dernier, il a ouvert la voie avec son voyage très réussi dans le Golfe en signant des contrats mirifiques. Nul doute que pour lui, l’avenir des relations avec l’Iran devrait se situer sur ce plan.

Face à la puissante Chine, la course est engagée – en profitant de l’affaiblissement de la Russie – pour établir dans la région une pax americana qui serait d’abord une pax economica.

À cette vision idyllique, il manque un élément majeur : le sort des Palestiniens. Avant le 7 octobre, on avait voulu les oublier, et ils se sont rappelés au bon souvenir des Israéliens par le pire moyen qui soit : le terrorisme de masse.

Avec la défaite de l’Iran et de tous les ennemis d’Israël, il n’y a plus de prétexte pour refuser de négocier une forme de coexistence avec les Palestiniens, qui parachèverait le temps de la paix.

à propos de l'auteur
Philippe Velilla est né en 1955 à Paris. Docteur en droit, fonctionnaire à la Ville de Paris, puis au ministère français de l’Economie de 1975 à 2015, il a été détaché de 1990 à 1994 auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Il a aussi enseigné l’économie d’Israël à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 1997 à 2001, et le droit européen à La Sorbonne de 2005 à 2015. Il est de retour en Israël depuis cette date. Habitant à Yafo, il consacre son temps à l’enseignement et à l’écriture. Il est l’auteur de "Les Juifs et la droite" (Pascal, 2010), "La République et les tribus" (Buchet-Chastel, 2014), "Génération SOS Racisme" (avec Taly Jaoui, Le Bord de l’Eau, 2015), "Israël et ses conflits" (Le Bord de l’Eau, 2017), "La gauche a changé" (L'Harmattan, 2023). Il est régulièrement invité sur I24News, et collabore à plusieurs revues.
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