Le Tel Aviv que vous n’avez jamais vu
Vous avez visité Neve Tzedek environ un million de fois. Vous connaissez Shenkin comme votre poche. Vous savez même comment contourner le centre Dizengoff sans vous retrouver dans cette partie bizarre de l’autre côté de la rue. Vous avez dégusté un petit-déjeuner, un déjeuner et un dîner au Benedict environ un million de fois.
Cet article est fait pour vous.
Vous n’achetez vos poissons que chez un seul vendeur du shouk. Vous avez même déjeuné dans l’un de ces restaurants de travailleurs dans le quartier yéménite. Vous savez où trouver un Malabi végétalien.
Vous avez voté Meretz sept fois dans vos trois années en Israël.
Cet article est fait pour vous.
Vous payez environ dix-sept mille shekels par mois de loyer pour une colocation dans un loft pourri près de la rue Shocken. Vous n’avez même pas de climatiseur. Ou de lave-vaisselle. Ou de placard. Ou de lave-linge.
Vous faites du Pilates dans le centre Salame (non, pas Shalma). Vous ne mangez du houmous que chez Abu Hassan à Jaffa.
Vous savez qui vous êtes.
Cet article est fait pour vous.
Les dix meilleurs quartiers de Tel Aviv où vous n’avez probablement jamais mis les pieds
1. Neve Shaanan. Ancienne gare routière centrale. Si vous êtes ici, vous recherchez une dose d’héroïne, des rapports sexuels non protégés avec une transsexuelle ou à apprendre à parler français dans le dialecte de Brazzaville. Bravo, courageux explorateur.
Cet endroit est l’un des trésors de Tel Aviv et vous vous y sentirez comme si vous étiez partis en vacances à l’étranger. Mais personnellement, je languis l’époque où la chose la plus dangereuse qu’on y vendait était une cassette de Zohar Argov ou un film de Van Damme sur VHS.
2. Nahalat Itshak. Si vous êtes arrivés jusqu’à ce petit quartier tranquille niché derrière le Centre Azrieli, c’est uniquement parce que vous avez fait un mauvais virage. Azrieli se trouve à droite de Yigal Alon. Pas à gauche. Mais restez un peu là. Admirez le château d’eau. Et le country club que vous ne pourrez jamais vous permettre. Parce que vous êtes pauvre.
3. Florentine. Je sais ce que vous pensez. Je vis à Florentine. Ou j’ai été à Florentine de nombreuses fois. J’ai mangé des tacos et bu de la sangria au Mezcal. Peu importe. Je pourrais dire que vous êtes un hippie. Arrêtez de lire et allez raser cette stupide moustache. Elle n’est plus du tout à la mode de toutes façons. Déménagez à Givatayim ou ailleurs.
4. Kfar Shalem. Comment êtes-vous arrivé ici ? Oh, je sais. Vous avez vu une annonce sur yad2. Deux pièces. A Tel-Aviv. Moins de quatre mille shekels par mois. Calme. Vous avez pensé « Hé, qu’est-ce qui peut clocher ? » Ce n’est pas mal du tout. Il suffit de ne dire à personne que vous avez voté Meretz. Ou que vous n’aimez pas les soirées karaoké.
5. Yad Eliyahu. La main d’Elie. Comme le dos de sa main. Vous connaissez bien ce lieu, non ? Vous déjeunez toujours à Dixie. Vous êtes un grand fan de l’équipe de basket-ball Maccabi Tel Aviv. Vous allez voir tous leurs matchs. Mais il y a tellement plus à Yad Eliyahu que du basket-ball. Il y a le glauque et désuet Cinerama. La bibliothèque pour aveugles. Et bien sûr, une ancienne maison de retraite. Amusez-vous bien.
6. Le quartier Tikva. Qui signifie le quartier « Espoir ». Où celui qui entre abandonne tout espoir. Si vous vous trouvez dans le quartier Tikva et que vous n’êtes pas là pour une bonne raison, courez. Je plaisante. Ce n’est pas si grave que ça. Alors au moins, marchez vite.
7. Jaffa Daled. Vous pouvez penser que vous connaissez Jaffa. Vous avez consommé des brunchs trop chers au Pua au marché des puces (Peshpeshim). Ou vous achetez votre houmous chez Abu Hassan. Vous avez rassemblé tous vos potes de France et pris une photo sur ce stupide pont des vœux. Peu importe. Vous n’êtes pas costaud. Vous n’êtes pas un gars des rues. Traînez votre âme de touriste à Ajami. Ou mieux encore. Au parc Davidoff à Jaffa Daled. Si vous avez survécu aux junkies et criminels dégénérés vous ne survivrez certainement pas un examen de routine à l’hôpital Wolfson.
8. Abu Cabir. Si vous connaissez ce quartier, c’est que vous avez été incarcéré. Bravo. Vous avez été accusé d’évasion fiscale, d’homicide involontaire ou d’un autre crime. Très impressionnant.
Lorsque vous terminerez de purger votre peine, il y a un endroit idéal pour manger un shishlik et kebab, à la station d’essence à l’angle des rues Ben Tzvi et Herzl. Ou amenez votre voiture pour un contrôle annuel au Makhon Hadarom, où votre voiture sera contrôlée pendant qu’on vous hurlera pendant une heure : « Tourne ton p… de volant ! Arrête. Freine ! J’ai dit freine ! Plus fort !!! »
9. Le quartier « Argazim ». Littéralement, le quartier des « caisses ». En 1992, l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin a déclaré que ce merveilleux quartier de Tel Aviv lui rappelait « le camp de réfugiés de Jabalya ». Je voulais prendre des photos, mais je tiens trop à ma vie.
10. Le quartier Ezra. Probablement le seul quartier de tout le pays à avoir bénéficié de la tyrannie de Saddam Hussein.
Après avoir été frappé d’un missile Scud dans la première guerre du Golfe (ô, Saddam, tu parais aujourd’hui si pittoresque et avunculaire par rapport à ces tarés de l’Etat islamique), tout le quartier a subi un ravalement extrême. OK, pas extrême, mais pas mal.
Alors la prochaine fois qu’un parent ou un ami vous demande de lui montrer les véritables rues de Tel Aviv, oubliez Rothschild et la place HaBima
Embarquez-les dans un périple inoubliable dans le Tel Aviv que personne ne voit.
Et si vous survivez, vous aurez une histoire terrible à raconter au Bouddha Burger pendant que vous mangerez votre Seitan Burger.
Le plus triste de tout ce blog, c’est que je ne pouvais me payer un appartement de deux pièces dans aucun de ces quartiers. Pas même au camp de réfugiés, alias « Argazim ». Non. Aucun.
Et, j’imagine que vous non plus.
Donc votez Bibi. Encore une fois. Cela aidera sûrement.