Le rêve sioniste vu par….
Après un article sur I24 news, que j’ai trouvé intéressant, j’ai eu envie ici de répondre car j’ai été choquée par une partie de celui-ci, extrait ci-dessous, mais pas seulement :
Ces difficultés sont aussi souvent renforcées par le fait qu’ils ont du mal à accepter la nécessaire baisse de leur niveau de vie. « Il n’est pas toujours facile pour une famille qui immigre de France de comprendre que pour s’en sortir financièrement, elle doit renoncer à avoir deux voitures ou à manger des produits français qui coûtent deux fois plus cher », souligne à i24NEWS Ariel Kandel, le directeur général de Qualita, organisme qui soutient les olims de France dans leur intégration. Il affirme ainsi que « le secret de l’intégration est l’adaptation ».
Pour un directeur qui s’occupe des olims de France, j’ai trouvé ce stéréotype vraiment choquant. Et perso, je ne suis pas fan de la communauté française en Israël. Cette association aide plusieurs milliers de familles (je ne connais pas les chiffres) d’origine française, donc, il doit quand même se rendre compte que ce n’est pas la situation des personnes qui sont en difficulté en Israël.
Alors, les chaussettes m’en tombent. Elle doit renoncer à deux voitures déjà, là, je peux dire que je connais peu de personnes qui ont des voitures en Israël. Les voitures ici, surtout si vous habitez la région « centre », c’est-à-dire Tel Aviv et environs, c’est pratiquement inutile, peu de personnes ont une voiture et encore moins deux et c’est très cher ! Ensuite, la remarque « renoncer à manger des produits français deux fois plus chers…« . Alors à se demander si ce Monsieur va faire ses courses au Supermarché, car TOUS les produits en Israël, sont plus chers qu’en Europe. Le Courrier International et d’autres journaux l’ont relayé : Tel-Aviv est classée la ville la plus chère du monde: transports, alimentation, logement… tout est plus cher.
Sur Twitter, j’ai posté plusieurs comparaisons de produits :
Lait : deux fois plus cher qu’en Suisse;
Dentifrice : environ deux fois plus cher qu’en Suisse;
Sandwich : deux fois plus cher;
Pâtes… plus chères;
Yaourts… plus cher… etc etc etc.
Bref, alors vivre à Tel Aviv, c’est plus cher que vivre à Zurich. Alors d’accuser les gens, surtout de la part d’un directeur d’une association, je trouve cela assez scandaleux.
Ensuite : le député Yomtob Kalfon* souligne néanmoins la nécessité de régler un malentendu de départ chez les olims. « Les immigrants de France arrivent avec des revendications, et s’attendent à ce qu’on leur déroule le tapis rouge… l’état providence…
Quel tapis rouge ? Je me suis sentie interpellée par ces propos car l’immigration « suisse ou française » est -à peu près- la même (sauf au niveau communautarisme, on pourrait en reparler). Je trouve ces phrases particulièrement cruelles, qu’on soit conscient des difficultés de la communauté francophone à s’intégrer (ça aussi, on pourrait analyser le mot « intégration »). Je pense que la revendication essentielle des personnes est qu’ici ou ailleurs celle de vivre dignement.
Pour finir, « attaquons nous » à l’idéologie : le secret de l’intégration c’est qu’il faut « renoncer à son niveau de vie ». Et bien, pour quelle raison ?
Donnez-moi une bonne raison ?
On demande finalement, pour vivre le « rêve sioniste » de devenir des citoyens pauvres, à la limite esclaves** ; un système très compliqué de vacances, qui fait que vous avez droit à quelques jours les premières années de votre contrat, mauvais salaire, tout en continuant d’enrichir une couche de la population très très riche (via des monopoles).
Personnellement, je n’ai pas l’habitude de rouler en Rolls, ni de manger du Caviar (de plus ce n’est pas cacher), mais je n’ai quand même pas l’habitude de me faire traiter comme un chien, ni de manger des salades concombres-tomates tous les jours.
Alors « crise Corona » aidant, les juifs français commencent à se révolter***, comme une partie de la société israélienne pour d’autres raisons, assez proche, niveau de vie, vie chère. Cependant, la plupart des juifs franco-israéliens ont fait une Alyah d’idéaliste, sioniste, pensant trouver ici une nouvelle vie. Finalement, beaucoup ont trouvé le soleil et la plage, mais surtout la dure réalité d’une vie de sioniste « travailler dur pour rien, s’endetter, vivre à crédit, raboter sur la bouffe… ». De plus les israéliens français sont dépassés par un système et une mentalité assez triviale. Sans compter, par exemple qu’il n’y a pratiquement pas de cinéma en Israël (déjà avant la crise), peu de loisirs, beaucoup des activités sont familiales, et les Israéliens, comme le dit le député, finalement n’ont plus besoin des immigrés, ils sont assez nombreux.
Alors Face à la cruelle réalité, peut-être que M. le député et M. le directeur devraient plutôt se poser la question : Où est passé le rêve sioniste ?
*Sauf imprévu de Yamina : le parti politique de Benett;
*J’extrapole
***Je pourrais écrire un article beaucoup plus long, je choisis de développer encore une prochaine fois.