Le retour à la vie après les camps de concentration
J’ai été hébergé par ma sœur et mon beau-frère et ils pourvoyaient à tous mes besoins. Ils sortaient eux aussi de la guerre, meurtris et n’ayant pas beaucoup de moyens, mais pour moi c’était du luxe.
J’avais reçu une mansarde pour me loger et à mes yeux c’était un palace. J’y étais seul, sans cette promiscuité qui m’avait fait tant souffrir et surtout, sans cette menace constante de me faire punir pour la moindre des peccadilles.
Deux jours après mon retour, j’étais au lit avec 40° de fièvre. J’y suis resté 15 jours, avec ma sœur à mon chevet. J’étais parti en Allemagne à 19 ans et à mon retour j’en avais 22. Ces trois années m’ont appris beaucoup de choses et m’ont forgé une certaine philosophie de la vie.
Trois mois après mon retour, j’ai eu un problème de … poids ! Je pesais 80 kilos ! C’était complètement anormal.
J’avalais certains jours jusqu’à trois dîners entre midi et quinze heure. Il a fallut, rapidement, prendre des mesures pour remédier à cette boulimie.
Heureusement ce n’était que de la mauvaise graisse et je m’en suis vite défait.
Passé tous ces problèmes de la réinsertion dans la vie de tous les jours, s’est posé le problème de pouvoir gagner sa vie pour subsister.
J’étais devenu un « être normal », il fallait songer à se mettre au travail. Les relations de mon beau-frère m’aidèrent amplement à trouver un job.
Je terminerai en remerciant tous ceux qui de loin ou de près, avec une parole, un geste ou tout simplement par leur attitude bienveillante, m’ont aidé au courant de cette période difficile de ma vie. Je ne les oublierai jamais.
Il serait indécent de ma part d’oublier de remercier les soldats alliés et toute l’infrastructure des armées qui ont contribué à anéantir les forces du mal qui voulaient asservir tout un continent.
J’ai une pensée émue pour ces soldats, ces jeunes gens de mon âge, venus de pays lointains, ne connaissant pas notre langue, n’ayant jamais mis leurs pieds en Europe et qui sont venus verser leur sang et mourir pour nous redonner la liberté et notre dignité d’être humain.
Qu’ils en soient bénis pour l’éternité !
J’ajouterai que pendant toute la rédaction des évènements de ma captivité, mon seul souci a été de raconter la vérité de ce que j’avais vécu personnellement et vu de mes propres yeux. A aucun moment, je n’ai cédé au sensationnalisme.
Fin du témoignage de Théo Zilberberg, rescapé des camps de concentration. Pour retrouver son témoignage dans son intégralité, cliquez ici.