Le Qatar : sa diplomatie, son football, sa haine des Juifs
SEMMO n° 6 – Savoir Écouter les Maux du Moyen-Orient –
Le Qatar : sa diplomatie, son football, sa haine des Juifs – L’élite libanaise sous l’eau – Massacre de Palestiniens ? Assad connaît – Le plafond de verre des iraniennes.
Info n°1 : le Qatar : sa diplomatie, son football, sa haine des Juifs
Al-Sharq est un quotidien qatari gouvernemental. C’est un des trois grands journaux publié à Doha. Le 24 octobre 2024, le journaliste Ibrahim Abd Al-Razzaq Aal Ibrahim, y a publié un article dans lequel il fustige les Juifs et les sionistes.
Le sionisme se caractérise par la saleté, la perversité et la dépravation […]. Il se fonde sur le meurtre, la cruauté, les expulsions, les destructions de la flore et de la faune (sic), l’épuration ethnique, et le racisme.
Et de citer sa source (Coran 5 :64), ce qui bien sûr prouve que Al-Razzaq Aal Ibrahim assimile volontairement les sionistes aux Juifs.
Il poursuit sa diatribe :
…ils sucent le sang des nations, constituent une junte corrompue et qui corrompt, qui dévore les biens d’autrui, et qui falsifie les faits et l’histoire, qui est pleine de rancœur et de jalousie.
Mais ce n’est pas tout. Comme pour tenter de convaincre ses lecteurs qui ne le seraient pas jusqu’à présent, il ajoute :
Ils n’abandonneront jamais ces traits de caractère, parce qu’ils sont Juifs et fils de Sion. Ils sont irresponsables […] et dénués de boussole morale. La corruption morale est propre à tous les Juifs. C’est un gène dont ils héritent quelle que soit leur origine.
Et pour joindre la parole aux actes, Al-Razzaq Aal Ibrahim conclut par :
Le monde entier et l’humanité ne jouiront jamais ni de sûreté, ni de sécurité, ni de paix, ni de calme, tant que le cancer de l’entité sioniste restera sur la terre de la Palestine bénite.
Rappelons que le Qatar se pose en médiateur de tous les conflits du monde, tout en abritant la direction du Hamas. Pour ceux qui n’en n’étaient pas encore convaincus pourtant, le Qatar défend les intérêts du Hamas. Après le 7 octobre 2023, le monde entier aurait dû faire pression sur cet État musulman qui se prétend acceptable aux yeux de l’Occident. Malheureusement, cela ne s’est pas fait.
Ce genre d’article prouve l’ampleur de cette erreur dramatique.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/reports/article-qatari-government-daily-jews-and-zionists-are-inherently-and-universally-wicked-and#_edn2
Info n°2 : l’élite libanaise sous l’eau
Le Docteur Talal Atrissi est doyen de l’école doctorale des Lettres et des Sciences humaines et sociales de l’Université du Liban. Il est aussi analyste politique et est intervenu à l’université de la Sorbonne en 2016 dans le cadre d’un séminaire de l’Académie de Géopolitique de Paris[1].
Et il pense que le chiffre de 6 millions de Juifs tués pendant la Shoah est largement exagéré. La preuve, selon lui ? La population juive mondiale était inférieure à 6 millions avant la guerre.
Malgré cela, se lamente le Docteur d’université, l’ « holocauste » est devenu partie intégrante du « narratif médiatique psychologique » que les Juifs utilisent contre le reste du monde. Il poursuit en expliquant que dès que quelqu’un dit quelque chose de mal contre eux, les Juifs répondent en accusant d’antisémitisme et de soutien à la Shoah.
Les Juifs prétendent qu’on les massacre, qu’on les viole, qu’on les tue, s’insurge Atrissi. Et d’ailleurs, ajoute-t-il, c’est ce qu’ils disent à propos du Hamas. Or, il s’avère que ce sont de purs mensonges.
Talal Atrissi est un membre de l’intelligentsia libanaise, de son élite. Il est un prescripteur d’opinion. Il ne s’identifie pas à un dangereux islamiste extrémiste. Et malgré tout, sa haine des Juifs le rend aveugle, idiot et paranoïaque.
Le numéro 4 de « SEMMO – Savoir Écouter les Maux du Moyen-Orient » comportait un article consacré au « naufrage de l’élite française ». L’élite libanaise, elle, n’a peut-être jamais sorti la tête de l’eau.
Pour en savoir plus : https://www.memri.org/tv/lebanon-political-analyst-talal-atrissi-jews-accuse-antisemitism-holocaust-hamas
Info n°3 : massacre de Palestiniens ? Le dictateur syrien sait de quoi il parle. Ça crève les yeux.
Bachar al-Assad exerce le métier de dictateur syrien, après avoir entrepris des études d’ophtalmologie. Laurent Fabius en 2012, en tant que ministre des Affaires étrangères français, promettait son départ imminent[2]. Comme nous le savons, le Quai d’Orsay n’a pas été entendu, Laurent Fabius n’est plus en fonction depuis longtemps… Et Bachar al-Assad, lui, exerce toujours.
D’ailleurs, en novembre 2024, il était même invité à s’exprimer lors d’un sommet arabo-islamique qui se tenait en Arabie Saoudite pour évoquer « la situation critique de la Palestine et l’extension du conflit actuel au Liban ».
Bachar al-Assad y accusa Israël de barbarie, se disant sans doute qu’il ne pouvait pas être moins moralisateur que Macron l’avait été quelques semaines auparavant[3]. Mais il reprocha aussi à Israël d’être « une entité colonisatrice illégale », d’être « doté d’un complexe de supériorité illusoire » et de « schizophrénie ». Pour justifier cette dernière, Assad reprocha aux Israéliens de tout à la fois haïr les Nazis et adopter leur idéologie.
Une analyse rapide pourrait excuser l’accusation de « barbarie », du fait du précédent du Président Macron, mais après réflexion, on se dirait que Assad sait personnellement ce qu’est la barbarie. Depuis le début de la guerre civile syrienne en mars 2011, l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme indique que Assad est responsable de plus de 500 000 morts, et de l’utilisation de torture et d’armes non-conventionnelles[4]. Il serait donc en mesure de constater que la guerre défensive et existentielle d’Israël contre le Hamas, une guerre menée avec un niveau de moralité sans précédent dans l’histoire, n’a rien à voir avec les exactions qu’il a commises dans son propre pays.
L’accusation « d’entité colonisatrice illégale », elle, est cohérente avec son désir de voir Israël rayé de la carte, désir qu’il partage avec son soutien principal, la République islamique d’Iran.
L’accusation de « complexe du supériorité illusoire », pourrait paraître dérisoire. Mais, il faut savoir qu’elle tient au fait que l’Islam a, depuis sa création, voulu tenir les Juifs sous le statut d’infériorité de dhimmi. La simple existence d’Israël est une insulte aux yeux de l’Islam.
Pour ce qui est de l’accusation de « schizophrénie », on pourrait éventuellement la pardonner à Assad. Il estime sans doute faire partie de la communauté médicale, grâce à sa formation d’ophtalmologue. Il se risque donc à un diagnostic psychiatrique, sur tout un peuple, oubliant par là qu’un ophtalmologue qui se reconvertit en dictateur est lui-même très atteint par le syndrome de double personnalité. Ça crève les yeux !
Pour en savoir plus, en particulier en ce qui concerne les messages de plusieurs leaders d’opinion palestiniens et arabes en général dénonçant l’hypocrisie de Assad : https://www.memri.org/reports/syrian-and-arab-journalists-react-assads-anti-israel-speech-arab-islamic-summit-assad-has#_edn8
Info n°4 : le plafond de verre pour les femmes iraniennes aurait été brisé. Reste le hidjab.
Elle s’appelle Masoumeh Ebtekar. Elle a entamé sa carrière politique comme gardienne des otages de l’ambassade américaine à Téhéran en 1979. Sa maîtrise de l’anglais lui avait permis aussi d’être la porte-parole des preneurs d’otages[5].
De 2017 à 2021, elle était vice-présidente de la République islamique d’Iran, en charge des affaires féminines et de la famille.
Le 19 novembre 2024, Stephen Sackur, journaliste de la BBC, l’a interviewée dans le cadre de l’émission « Hard Talk »[6].
La qualité journalistique de l’interview de la BBC pourrait faire l’objet d’un article à part entière, mais l’objet ici est de voir ce que Madame Ebtekar veut dire au monde.
Elle regrette que « les médias occidentaux dépeignent son pays négativement depuis plusieurs années ». Si elle admet que les jeunes Iraniennes questionnent leur mode de vie, le port du hidjab, leur liberté, elle pense aussi que les choses vont fortement s’améliorer grâce à l’arrivée du nouveau Président Pezechkian, présenté comme « modéré ».
Lorsque Stephen Sackur exprime son étonnement, prenant pour exemple le récent cas de la jeune étudiante Ahoo Daryaee, qui a été brutalisée par la police des mœurs pour « mauvais port de hijab », l’ancienne Vice-Présidente des femmes se défend argumentant que « de nombreux cas similaires se produisent dans les pays Européens soi-disant libéraux ». Selon elle, la police s’y comporte également de manière violente à l’égard de manifestants antisémites, des manifestants qui « protestent contre l’occupation illégale de la Palestine par le régime sioniste ».
Le jour même de cette interview, l’Assemblée Générale de l’ONU qui, il faut bien l’avouer, fait preuve de perspicacité inégale, a approuvé par 77 voix « pour », 28 voix « contre » et 66 abstentions, une résolution[7] critiquant l’Iran pour ses multiples infractions aux Droits de l’Homme en général, ceux de la femme en particulier et exprimant sa préoccupation par rapport à sa politique du hijab[8].
Malgré une amélioration générale dont Madame Ebtekar tente de nous convaincre, l’Iran a exécuté plus de 700 personnes depuis le début de 2024, soit plus de trois quarts de toutes les exécutions capitales du monde entier. L’année 2023 avait déjà battu un record avec 853 exécutions. À ce rythme, 2024 dépassera sans doute le millier d’exécutions. Les femmes paient un très lourd tribut à ce massacre.
Mais cela ne trouble pas Madame Ektebar qui rejette le terme d’ « apartheid de genre » utilisé par les mouvements féministes iraniens. Selon elle, les femmes iraniennes font désormais partie de la société civile et ont « fracassé le plafond de verre »[9]. Il ne leur reste plus qu’à se défaire de la camisole de force que le régime des mollahs leur impose. Ne nous y trompons pas. Si le « plafond de verre » est virtuel, les femmes iraniennes ne peuvent choisir qu’entre la vraie prison du hidjab ou la vraie prison de béton. Mais cette privation de liberté, comme celle des otages américains en 1979, ne dérange pas Madame Ebtekar.
[1] https://www.youtube.com/watch?v=GSxy7xn9eFA
[2] https://www.dailymotion.com/video/xrzwlz
[3] Macron avait accusé Israël de semer la barbarie. Voir ici l’article de Times Of Israel
[4] https://www.syriahr.com/en/328044/
[5] https://www.iranintl.com/en/202411032469
[6] https://www.bbc.co.uk/programmes/m00259lz
[7] https://documents.un.org/doc/undoc/ltd/n24/333/32/pdf/n2433332.pdf
[8] https://www.iranintl.com/en/202411200121
[9] https://x.com/ebtekarm/status/1829087549437956531