Le premier Antimoderne : Isaac Orobio (1617-1687)

Le Capitole à Toulouse (bâti au 12e siècle) et la Maison de l'Infante à Saint-Jean-de-Luz où Isaac Orobio fut le médecin du Roi Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Espagne.

Il y a quelques années, j’ai lu les écrits du vil Spinoza et j’ai facilement remarqué qu’il avait non seulement préparé un chemin vers l’athéisme, mais qu’il avait aussi commencé à se faire un nom. Néanmoins, je pensais que cela ne causerait aucun mal considérable parce que les ignorants ne le comprendraient pas non plus ; et les savants, s’ils ne voulaient pas être trompés de leur plein gré, les rejetteraient aussitôt comme improbables et faux. Ainsi, ses idées ne seraient admises ou acceptées que par ceux qui haïssent la vérité et qui n’ont de goût que pour les nouvelles doctrines, même si elles sont fausses. Cependant, je sais par expérience que je me trompe. Par vantardise ou vanité, non seulement les ignorants de la populace essaient de comprendre les œuvres de Spinoza, et quand ils semblent les comprendre, ils sombrent misérablement dans l’abîme de l’athéisme vers lequel ils étaient déjà inclinés. Aussi, beaucoup de savants sont infectés par la même misérable contagion. — Isaac Orobio sur Spinoza, 1684.*

Nous avons tant de livres qui font partie de la culture séfarade, qui appartenaient à la période de la Renaissance en Europe ; pas seulement à la Renaissance, mais aussi à la culture médiévale. Les idées d’Orobio sont profondément enracinées dans cette tradition séfarade occidentale et nous font réfléchir en termes philosophiques maïmonidéens. Le célèbre historien Heinrich Graetz en fait l’éloge: « Il acquit la respectueuse admiration de ses éminents opposants au judaïsme pour sa probité et sa dialectique acérée. » Voltaire parle de lui dans une lettre : « Orobio est si savant qu’il ne donne aucune des illusions dont tant d’autres rabbins sont accusés; il est profond sans être obscur, il s’est fait remarquer en littérature, homme d’esprit agréable et d’une extrême politesse. »

On peut lire sur la pierre tombale d’Isaac Orobio de Castro qu’il était célèbre dans le monde entier. L’inscription commémorative, au cimetière juif portugais d’Ouderkerk, près d’Amsterdam dit : « Isaac habite au ciel, cette pierre marque la tombe d’un homme de valeur. Un homme encore vivant, qui a apporté de la lumière au monde. Car la sagesse est son nom, célèbre dans le monde entier. À savoir, Isaac Orobio de Castro, un brillant médecin, dont l’esprit s’est élevé le premier jour du mois de Kislev, année 5448 (1687). Que son âme soit liée par le lien de la vie. » Ceci est une traduction tirée de la biographie de Yosef Kaplan qui a écrit une biographie très complète -je pense qu’elle a été publiée en 1989.

Isaac Orobio est né Balthazar Alvarez à Bragance (Portugal, 1617). Il ne portait pas encore le nom d’Isaac Orobio de Castro qui n’est venu que plus tard. Il s’était inscrit comme étudiant en médecine à Osuna en Andalousie où il suivait le cursus traditionnel des médecins et des étudiants en médecine. C’est intéressant, car c’est à l’université qu’il apprit le Trivium qui englobe les trois sciences médiévales, la grammaire, la logique et la rhétorique; ce qui est très inhabituel, car on ne pense pas aujourd’hui que les médecins doivent étudier une langue et savoir communiquer, mais c’était très important à l’époque.

C’est donc quelque chose qu’il partagea plus tard avec la communauté d’Amsterdam et en particulier avec le rabbin Raphaël de Aguilar (1611-1679). En 1637, Isaac Orobio écrivit un poème et pour la première fois il signa sous le nom d’Orobio ; en 1649, il devint professeur de médecine à Séville, aussi en Andalousie, quelqu’un qui savait écrire en latin, ce qui est incroyable, mais très commun pour les étudiants de l’époque, le latin étant la langue de la connaissance et de l’érudition. Comme beaucoup de grands hommes, il souffrit de diffamation et de calomnies, donc il passa au moins 2 ans dans un donjon (1654 – 1655), puis fut de nouveau condamné par l’Inquisition à la réclusion à perpétuité (Séville, 1657), soit la prison à vie. C’est alors qu’il décida de s’enfuir avec sa famille.

Le trajet d’Isaac Orobio.

Avant d’arriver à Toulouse (France, 1659), il se fit à Saint-Esprit (Bayonne, France) des relations juives et devint professeur de chirurgie et de pharmacologie à Toulouse. Il y resta jusqu’à 1662, avant de partir finalement s’installer aux Pays-Bas, où il « Balthazar » devint Isaac ben Abraham et sa femme « Isabel », Esther .

Comme beaucoup de grands hommes, il souffrit de diffamation et de calomnies, donc il passa au moins 2 ans dans un donjon (1654 – 1655)

J’ai été surpris en lisant sa biographie écrite par Yosef Kaplan, un grand érudit. Yosef Kaplan a consulté de nombreux livres, de manuscrits, d’écrits et de transcriptions d’Isaac Orobio. Cependant, il a omis la partie la plus importante de sa vie en France : il doute qu’Isaac Orobio ait rencontré le roi de France parce que le roi de France Louis XIV, le Roi-Soleil, vivait généralement au Nord [de la France] et Isaac Orobio n’était jamais allé à Paris, ou peut-être avait-il visité Paris ou Versailles, mais il était peu probable qu’il y ait rencontré le roi là-bas.

« On doit supposer que Balthazar n’a jamais résidé à Paris, et que quelle que soit la fonction qu’il a remplie en sa qualité de médecin, il l’a remplie à Toulouse »

From Christianity to Judaism, p. 104. Yosef Kaplan, 1989.

Toutefois, le 14 octobre 1659, Louis XIV, le Roi-Soleil, alla dans le sud de la France, dans les Pyrénées, pour y négocier un accord de paix avec l’Espagne. Et la famille royale de France séjourna deux ans dans le Sud et ce sont pendant ces deux mêmes années qu’Isaac Orobio vécut aussi dans le Sud. Il se trouva donc là-bas au bon endroit au bon moment.

Les Capitouls accueillent le carrosse royal le 14 octobre 1659 à Toulouse.

Je ne peux pas imaginer l’organisation mobilisée pour tous les accueillir la cour du roi et tous ces gens. Nous voyons les images de la foule à Toulouse (1659) : 15 000 personnes et 8 000 chevaux avec le roi. Cela représentait beaucoup de monde pour une ville qui comptait alors 40 000 habitants. C’est donc là où Isaac Orobio rencontra Louis XIV, le Roi-Soleil, et Marie-Thérèse d’Espagne, fille du roi d’Espagne, qui devint plus tard reine de France et de Navarre. Isaac Orobio fut le médecin du roi quand il résida là-bas, je pense qu’il a soigna Maria Teresa, le roi et tout le peuple. Et le palais, c’était là où Isaac Orobio travaillait à l’époque. Et on voit aussi en-dessous la demeure du roi à Saint-Jean-de-Luz, où il côtoyait la reine et où probablement Isaac Orobio logeait également.

Le Capitole à Toulouse et la Maison de la famille royale à Saint-Jean-de-Luz.

Là-bas, dans le sud de la France, Isaac Orobio commença son apologétique, comme on l’appelle aujourd’hui. Il y débuta l’écriture des « Prevenciones divinas contra las idolatrías de las gentes » qui peut être traduit par «Avertissements divins contre les idolâtries des peuples». Dans son livre « Prevenciones Divinas », il fit une exégèse et consulta avec rabbi Aguilar tous les passages et textes qui mettaient en garde contre les futures tares irrationnelles présentées dans la religion chrétienne.

Par exemple, dans une page du chapitre 2 de « Prevenciones », il est dit: « Prevención a Israel contra la encarnación del Cristianismo » (« Contre l’incarnation du christianisme»), « Dijo mas el Señor a Su amado pueblo con la ocasión en que nuestro maestro Moshé quiso ver Su Divina Gloria“No me verá el hombre y vivirá.” Que es decir, “Ninguno de los vivientes puede ver con los ojos de la materialidad Mi Ser infinito. » Il parle dans ce passage de l’Exode : « Lorsque Moïse était l’homme le plus aimé de Dieu et Dieu lui dit ‘qu’aucun homme ne peut me voir et vivre »(כִּ֛י לֹֽא־יִרְא֥נִי הַודָ֖מוָחָֽי – Ex. 33:20). Et cela est contre l’idée matérielle ou temporelle, l’idée matérialiste de Dieu. On le voit beaucoup chez Maïmonide qui discute aussi dans le « Guide des perplexes » (I, Ch. 54) contre cette idée de donner une image ou délimiter l’idée de Dieu et du Divin. Isaac Orobio a également développé ce sujet dans ses « Prevenciones Divinas ».

Dans le Big Data de Google Ngrams, nous voyons que le mot « Dios » ou « Dieu » est le mot le plus fréquent dans le corpus des livres de l’humanité, surtout à l’époque des Lumières au Siècle de la raison.

Source: Google Ngram Viewer.

Ainsi, au Siècle de la raison, entre le 17ème et le 18ème siècle, la réalité était étudiée : on parle de métaphysique ; pour lui donner un sens : c’est l’épistémologie et atteindre « une vérité objective de l’être » : c’est l’ontologie dont Dieu est la source. Et la fréquence du mot «Dieu» dans les livres a atteint son apogée au « siècle de la Lumière ». L’idée moderne de la doxa dominante que la Renaissance était une époque athée est fausse. Il y a une idée populaire que c’était une époque «déiste» ou athée, mais au Siècle de la raison, les gens étaient vraiment immergés dans Dieu, dans les livres et la philosophie et c’était le sujet le plus important. Il en est ainsi depuis l’époque de la philosophie grecque et la Renaissance est en quelque sorte une restauration des idées gréco-romaines qui ont reçu une nouvelle vie à travers la philosophie scolastique.

Isaac Orobio a cité, comme on le voit parfois dans ses textes, Thomas d’Aquin et quelques érudits chrétiens et il est important de le mentionner, parce que quelqu’un comme Orobio n’a pas vu en l’épistémologie, qui est l’étude de la vérité objective, une vérité divisée en des disciplines distinctes. Aujourd’hui, après avoir fragmenté toutes les disciplines dans notre monde moderne, nous avons réinventé l’idée des «études interdisciplinaires » ; à cette époque, les études étaient déjà « interdisciplinaires » en soi.

« Interdisciplinaire » est une idée médiévale : selon Orobio, quelque chose qui est vrai dans le judaïsme, est vrai et doit être vrai aussi dans le christianisme et est également vrai dans la philosophie.

Orobio n’a pas vu en l’épistémologie, qui est l’étude de la vérité objective, une vérité divisée en des disciplines distinctes. Selon Orobio, quelque chose qui est vrai dans le judaïsme, est vrai et doit être vrai aussi dans le christianisme et est également vrai dans la philosophie.

En science aujourd’hui, on nous enseigne et on nous pousse constamment vers l’idée que l’univers est infini et qu’il y a un vide derrière. Je pense que c’est une idée courante dans la pensée moderne, qu’il y a un vide et que nous avons été privés de quelque chose derrière la réalité. Et la pensée que présente Orobio est une pensée médiévale qui démontre que derrière la réalité, il n’y a pas de vide : derrière la réalité, il y a Dieu. Parce qu’il y a un Créateur, le Créateur infini de l’univers et de tout ce que nous voyons de la réalité. La réalité est contingente et elle a un temps limité. Et c’est ce que nous découvrons dans son « Certamen Philosophicum » (Caso Filosofico en Defensa de la Verdad Divina y Natural, Shehakol, 2020). C’est un livre très profond. Il a fallu des siècles pour le traduire et il faut des années pour le digérer. Au chapitre1, partie I, page 77, la définition 1 est liée à ce que je mentionnais, c’est cette définition qu’il contredit.

Ce sont des propos basés sur la «pensée moderne» et Isaac Orobio y répond. Par exemple, la façon moderne de penser sur l’Être Nécessaire, est que « nécessaire » signifie en fait « nécessaire » au sens d’utilité, mais cela ne veut pas dire «nécessité» en termes utilitaires, cela définit une nécessité, comme quelque chose qui doit être là, comme une base. Et c’est ce que je voulais dire : « derrière la réalité, il y a Dieu, » l’Être nécessaire. Il n’y a pas de vide. Il y a Dieu et c’est la base. Quelque chose qui est nécessairement là, pas le vide : (Déf. 1) « Par Être Nécessaire s’entend, l’être dont l’existence est son essence même, ou un Être nécessaire qui existe essentiellement. » À l’ époque d’Orobio, les modernistes ont commencé à penser que le monde matériel que nous voyons et la réalité que nous voyons sont un « être nécessaire». Et c’est ce à quoi Orobio s’oppose : « Cette définition est vraie et ne convient qu’à l’Être suprême et tout-parfait qui est Dieu seul, qui existe essentiellement et dont l’existence est vraiment Une avec Son Être. Mais si quelqu’un, ou s’il (un spinoziste) entend appliquer cette définition à un ensemble de créatures rationnelles, ou à autre chose, dans ce cas, la définition nie Dieu en tant que créateur de l’univers, avec la conviction que ce même univers est comme un dieu, selon l’athéisme de Spinoza. » (Cas philosophique, Ch.1, I, p.77)

Et c’est le problème du paradigme matérialiste: en transformant l’univers en Dieu, après cela, où plaçons-nous l’idée de divinité, d’un Être distinct, séparé, au-delà de la réalité? Ce problème, les défauts de la pensée moderne et de la pensée de Spinoza sont que pour lui, « tout est un » (Éthique, Proposition 14). Il a perdu le sens de la distinction entre ce qui est « distinct », « différent » et « divers ». Dans la philosophie d’Orobio, ce sont des termes très clairs et nous ne pouvons que « comprendre» qu’il y a un Dieu, si nous savons qu’il existe un Être distinct, séparé de nous, au-delà du temporel et non séparé de nous, donc il y a deux perspectives : si nous sommes et si nous avons une âme divine et si nous sommes différents de Dieu -différents parce que nous avons cette similitude, cette âme divine-, Dieu est distinct de nous, mais nous sommes différents de lui. C’est donc la distinction de l’esprit et le corps, une distinction très mince, que l’on peut comprendre quand on s’habitue au langage d’Isaac Orobio.

L’aséité de Dieu dans la philosophie scolastique, l’«aséité » s’entendant quand Dieu est Un dans la philosophie scolastique -et non pas le monisme-, est une sorte unique d’existence constante par elle-même et en elle-même, sans causalité, par laquelle l’Être Nécessaire ne peut cesser d’exister ou cesser d’être. Si nous pensons, comme certains le pensent, que l’univers est infini, il ne peut pas y avoir de commencement et si l’univers avait un commencement, il ne pourrait pas être Dieu parce que pour qu’un être éternel soit éternel, cet être n’aurait pas de commencement. Ce sont donc des idées qui sont développées en termes logiques et nous voyons que dans son écriture les autres créatures ne peuvent pas être des êtres nécessaires sans causalité, ni être leur propre cause parce que les créatures ne peuvent pas être avant et après elles-mêmes. Et les créatures se forment et sont sujettes au changement. Évidemment, cela s’applique à toutes les créations et à toutes les créatures, mais pas à cet Être, omniprésent étant, ce que nous appelons en Hébreu הַמָּקוֹם « Hamakom » – Omniprésence (Lit., le Lieu).

Au chapitre 2, on voit les attributs (Cas philosophique, Chapitre 1, II, p.79) : « Définition 2 : Les attributs sont des qualités dont les essences constituent la nature de la chose dont ils sont des qualités, ils ne se distinguent donc pas de l’entité pour laquelle ils sont des attributs ou des qualités. » Ici Orobio répond : « Si cette définition est comprise de l’Être qui existe – c’est-à-dire Dieu -, elle est inadmissible sans distinction parce qu’il n’y a pas de qualités en Dieu, qui est dans son ensemble une essence très simple sans composition » L’idée d’Orobio de ne donner aucun attribut à Dieu, se retrouve aussi chez Maïmonide (Guide des perplexes, I, 57) ; chez Saadia Gaon (Croyances et opinions, II) et chez Gersonide (Guerres de Dieu, tome 5), etc., parce que les attributs ne sont pas des attributs en Dieu.

Dans le langage médiéval, les attributs en Dieu sont infinis parce que Dieu est infini et il ne peut pas y avoir de parties. Dieu ne peut pas avoir de composants car c’est illogique. Si Dieu était composé de quelque chose, quel composant serait-il venu en premier ? Ce composant serait donc le créateur. C’est absurde. Donc, tout ce qui est Dieu et la divinité est ce qui est infini et les attributs en Dieu ne sont pas des attributs en soi, ils sont appelés « perfections » parce qu’ils sont infinis, ils sont complets et ils ne sont qu’une essence.

Peut-être que certaines personnes pensent que ce sujet est tiré par les cheveux ou trop philosophique. Mais, quand nous étudions et quand il nous est commandé de dire et de méditer le « Shema Yisrael » (Deutéronome 6:4-7), il nous est commandé d’enseigner cette unicité (אֶחָֽד -Un) à nos enfants, d’étudier davantage et de méditer. Il est très simpliste de méditer sur le « Shema Yisrael » en termes de : Il n’y a qu’un seul Dieu parce que ce dieu d’entre eux et l’autre dieu des autres, et l’autre dieu de cette culture n’est pas le nôtre -c’est très simpliste! Ce que ces mots signifiaient pour les penseurs séfarades c’était de méditer sur les attributs. Et c’est l’enseignement des attributs qui est très ancien.

Cela a commencé avec Aristote, mais on peut le voir aussi avec le mot hébreu le plus typique מִידוֹת – Midot (Guide des perplexes, I, 54, 2), et on le voit dans Maïmonide, dans Saadia Gaon et dans Gersonide. Ainsi, nous voyons au point 2 de Isaac Orobio : « Les qualités sont des catégories, de l’aspect d’une substance, qui n’existent pas, ni ne subsistent par elles-mêmes. Et tout ce qui est Dieu est une substance constante qui existe par elle-même et à laquelle rien ne peut être ajouté. Les qualités ne sont données à Dieu que par analogie et non comme qualités significatives. »

Si les qualités sont matérielles, on ne peut pas donner de qualités à Dieu. C’est clair : « Nous donnons à l’ Essence divine ou Entité Nécessaire des attributs et des qualités ; non pas parce que ces divers qualités et attributs s’y trouvent, mais plutôt à cause de l’imbécillité de notre compréhension qui considérait (un attribut) connu chez les créatures quand nous les assignons à Dieu, l’infiniment parfait. Et si nous pouvions connaître Dieu tel qu’il est, nous ne connaîtrions qu’Un infini, indivisible perfection qui inclut toutes les qualités. Ainsi, si nous concevons cet attribut de telles qualités c’est une erreur de notre capacité limitée et une fiction de notre compréhension. »

J’ai fait de mon mieux pour rendre le texte autant compréhensible que possible, afin qu’il soit possible d’accéder aux idées. Dans les notes de bas de page, la note de bas de page 1 (p.82), j’ai écrit : « La composition résulte d’un ensemble de plusieurs choses différentes et distinctes les unes des autres, une composition de plusieurs parties, c’est le contraire de la simple essence de Dieu qui est indivisible, soit en réalité ou par le raisonnement, en action ou potentiel; rien ne peut être ajouté à l’essence simple ni en être retiré. » (p.83) « à l’exception des attributs suprêmes ou des catégories suprêmes, tous les attributs ne sont pas considérés comme des parties de l’essence, qui sont essentielles, comme le cas particulier des qualités. Une créature comme l’homme, reçoit la qualité d’être sage, cependant, cette qualité ne représente pas l’essence d’être un homme, un homme sans cette qualité est toujours un homme. D’autres attributs sont essentiels et font partie de l’essence, comme être rationnel ou sensible -ou le cas du vol des oiseaux qui reçoivent l’attribut de volatilité-, les attributs sont réels s’ils façonnent l’espèce et donc ils sont essentiels. » Et c’est ainsi que nous pouvons voir la manifestation des attributs de Dieu. Et c’est très important parce que même si nous ne pouvons même pas avoir une dé-finition de Dieu infini parce que notre intellect est limité et que notre perception est limitée, nous pouvons voir sa manifestation, la manifestation de Dieu par les attributs. Et c’est dans la pensée de la littérature médiévale que nous voyons la manifestation de Dieu au travers des attributs.

nous voyons la manifestation de Dieu au travers des attributs.

C’est un commandement de méditer sur Dieu de cette manière (Berakhot 13b:15), comme le faisaient les Séfarades . Et c’est une façon millénaire de méditer. Ce n’est pas quelque chose de nouveau. L’enseignement des attributs et perfections et tout ce langage peut nous être étranger, c’est vraiment quelque chose qui s’est développé depuis des millénaires et fait partie de l’antimodernisme. C’est notre mission de préserver cela et de le restaurer, pas seulement pour le transposer sur une autre page d’un livre, mais pour le restituer dans notre pensée.

* Isaac Orobio, Caso Filosófico en Defensa de la Verdad Divina y Natural: Certamen Philosophicum, Propugnatae Veritatis Divinae ac Naturalis, 2020, Shehakol Inc., Prologue d’Isaac Orobio.

Une version très légèrement modifiée de la vidéoconférence Habura de 90 minutes pour le Yahrzeit d’Isaac Orobio prononcée à Rosh Ḥodesh Kislev 5782, le 4 décembre 2021. Merci à Avi Garson.

à propos de l'auteur
Walter Hilliger est un homme de lettres polyglotte, essayiste et traducteur franco-caribéen. Il est traducteur éditeur des écritures manuscrites et fac-similés des auteurs séfarades du Grand Siècle, notamment Isaac Orobio (1617 - 1787), R. David Nieto (1654 - 1728), Menasseh Ben Israël (1604-1657), R. Moïse Raphaël d'Aguilar (1615 - 1679) et autres. Ses millions de mots transcrits, restaurés et numérisés génèrent des milliers de pages traduites en anglais et en espagnol actuel. https://www.exegetes.org/
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