Le palestinisme des universités françaises
Depuis le 7 octobre, certaines universités françaises ont, comme on dit aujourd’hui, « libéré la parole antisémite ». Les émeutiers, les bloqueurs et leurs instigateurs diplômés se présentent comme des antisionistes qui veulent combattre l’injustice commise par les Ju.., pardon, les Israéliens sionistes et leurs soutiens, et que Dieu les préserve, ils ne sont surtout pas antisémites. Bien sûr, on pourrait citer à leur intention la fameuse formule de Vladimir Jankélévitch à propos de « l’antisionisme » comme d’une « l’incroyable aubaine » :
« Car il nous donne la permission – et même le droit, et même le devoir – d’être antisémite au nom de la démocratie ! L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les Juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. Il ne serait plus nécessaire de les plaindre : ils auraient mérité leur sort »[1].
Mais cela n’explique pas la longue tradition du palestinisme, vieille idéologie qui prospère dans les universités depuis les années soixante, et qui nourrit en permanence l’imaginaire révolutionnaire de la jeunesse, abrutie à souhait par les militants du genre, de la race, du décolonialisme, de l’intersectionnalisme et d’autres pseudo-luttes contre la discrimination imaginaire et la défense de victimes qui n’existent pas.
Le palestinisme est une idéologie, voire une religion, qu’on peut définir à la suite de Pierre-André Taguieff, comme « l’ensemble des représentations et des croyances qui composent le mythe politique fondé sur les croyances à l’existence du « peuple palestinien » et sur sa sacralisation en tant que peuple-victime dont les bourreaux seraient « les sionistes » ou « l’entité sioniste » »[2].
Dans les années soixante, les intellectuels français de gauche, marqués par les combats pour l’indépendance de l’Algérie, découvrent les nouveaux damnés de la terre du Tiers-monde. Ils se font défenseurs du communisme latino-américain et asiatique, contestent la « suprématie occidentale », et vouent un culte aux nouveaux héros du moment : le Che, Castro, Mao Tse Dong, Ho Chi Min, Sékou Touré ou encore Gamal Abdel Nasser. Des tyrans sanguinaires qui séduisent par leur vocabulaire toute une génération d’universitaires.
Les premiers soutiens de la soi-disant « cause palestinienne » sont introduits dans la vie française par les maoïstes. En 1967, après la victoire d’Israël dans la guerre des Six Jours, est créé un comité de soutien au « peuple palestinien »[3]. Ce comité demande aux « travailleurs algériens, tunisiens et marocains en France » de soutenir les « victimes de la guerre »[4]. En 1969, la gauche prolétarienne crée les Comités Palestine, aussi ceux que nous voyons fleurir partout dans les facultés, ne sont pas une « nouveauté », la différence c’est qu’aujourd’hui ils sont les soutiens du Hamas.
En 1979 l’AFP (Association France Palestine) est née. L’un de ses contributeurs actifs est Alain Gresh, celui-là même qui a récemment invité Salah Hamouri, condamné pour avoir attenté à la vie d’un rabbin en Israël, célébré par une certaine frange universitaire comme le héros de la « résistance ». Le site de l’AFP en fait état, sans oublier les mains ensanglantées en guise de symbole de « résistance »[5].
Dans les années 1990, les soutiens à « la cause palestinienne » s’islamisent ouvertement. Il faut lire l’article de P.A. Taguieff cité plus haut, pour voir la trajectoire de ladite cause palestinienne et celle de son islamisation progressive. Le premier Comité islamique qui mobilise les musulmans est Le Comité de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens fondé en 1990. Il est lié à l’Union des Organisations Islamiques en France et affiche ouvertement son soutien au Hamas. Active en France, cette organisation est placée sur la liste des organisations terroristes par les USA et Israël.
En 2004, la Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient (CAPJPO), est fondée par deux anciens militants de la Lutte Ouvrière, Nicolas Shahshahani et Olivia Zemor. Leur but principal coïncide avec celui de BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) : boycotter Israël à tous les niveaux – économique, culturel, académique et politique. Ces militants visent le public des jeunes (les étudiants sont donc une proie idéale), et s’adressent souvent aux jeunes d’origine maghrébine, pour jouer sur les sentiments propres à une appartenance commune. Présents dans les facultés françaises, ils y officient sous le couvert de la liberté d’expression.
Cette nébuleuse anti-israélienne est aidée par le décolonialisme et l’intersectionnalisme (l’intersection de toutes les victimes imaginaires) qui ont déclaré que l’Homme blanc occidental était un ennemi, et que les Juifs sont des criminels qui représentent l’Occident en « Palestine ». Tout cela s’est exacerbé après le 7 octobre.
L’université est également le lieu où peuvent prospérer les thèses négationnistes. Nous l’avons vu depuis le 8 octobre où certains communiqués syndicaux universitaires condamnent l’attaque israélienne (sic !).
Produit universitaire, le négationnisme est né en France, au département de littérature de l’Université de Lyon II, créé par Robert Faurisson qui niait le génocide des Juifs. Par ailleurs, Faurisson se déclarait antisioniste, ce qui lui a valu de recevoir à l’époque, un prix des mains du président de la République islamique d’Iran, Mahmoud Ahmadinejad. Rappelons que l’antisionisme est une idéologie qui nie le droit du peuple juif à l’existence souveraine sur sa terre. C’est une idéologie totalitaire qui s’inscrit dans la continuité du communisme et du nazisme. Et c’est cette idéologie qui est portée au pinacle dans les établissements supérieurs. Aujourd’hui, le négationnisme est boosté par la gauche radicale et par ses alliés qui se nichent dans nos universités.
Les étudiants antisionistes de la Sorbonne, de Sciences Po, de Lille, n’ont jamais protesté contre la dictature islamiste totalitaire en Iran, il y a peu de chances qu’ils connaissent l’histoire du Proche Orient, ou l’histoire en général. Mais, pris en main par certains collègues, par des activistes de l’agit-prop propalestinienne, par les mensonges diffusés depuis des années au sujet de la « Palestine » mythologique, ces étudiants nient l’attaque génocidaire du Hamas et cultivent la haine des Juifs, en prétendant lutter contre les « sionistes », terme qu’ils emploient comme Sayyd Qutb, comme Mohammed Haj Amin al Hussejni ou comme Yahja Sinwar. Ils sont aidés par les activistes de LFI, les membres du BDS, les Comités Palestine qui transforment les universités en centres d’endoctrinement.
Il est trop tard aujourd’hui pour sauver ces institutions de la peste idéologique, il aurait fallu combattre ces idéologies à la racine et veiller à ce que l’université soit un lieu idéologiquement neutre. Mais l’institution universitaire continue sa belle tradition d’accueil des idéologies crapuleuses issues des utopies communistes, activement soutenues par la gauche radicale de la même manière qu’elle voue un culte au dieu Padevag, très vénéré dans le milieu.
[1] Vladimir Jankélévitch, L’Imprescriptible. Pardonner ? Dans l’honneur et la dignité, Seuil, 1986.
[2] « Les trois sources de l’islamo-palestinisme jihadiste (Haj Amin al-Husseini, Hassan al-Banna, Sayyid Qutb) et le massacre du 7 octobre », https://www.revuepolitique.fr/les-trois-sources-de-lislamo-palestinisme-jihadiste-haj-amin-al-husseini-hassan-al-banna-sayyid-qutb-et-le-massacre-du-7-octobre-2024/
[3] C’est nous qui mettons les guillemets, car il n’existe pas ni l’Etat Palestinien, ni territoires palestiniens, ni revendications de souveraineté nationale palestinienne à cette époque.
[4] https://www.lemonde.fr/archives/article/1967/06/22/l-aide-aux-victimes-arabes_2634653_1819218.html
[5] https://www.france-palestine.org/Conference-avec-Salah-Hammouri-et-Alain-Gresh-a-Grenoble