Le nucléaire iranien : orgueil national ou menace mondiale ?

Les slogans « Mort à l’Amérique » et « Mort à Israël » ont de nouveau retenti, cette année encore en présence du Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Ce dernier multiplie les déclarations incendiaires, promettant l’anéantissement d’Israël avec une constance inquiétante.
Dans ce climat tendu, le président Donald Trump avait entamé des négociations avec Téhéran. Mais celles-ci se sont vite heurtées à une stratégie dilatoire : les Iraniens ont multiplié les exigences, tout en profitant de ce répit pour se faire livrer par la Chine du matériel destiné à la fabrication de centaines de missiles balistiques.
Deux scénarios s’offraient alors à Israël :
- soit Israël agissait unilatéralement,
- soit en coordination avec les États-Unis.
Or, tout indique que l’État hébreu a choisi d’intervenir seul, ciblant les infrastructures nucléaires et balistiques iraniennes, sans appui militaire direct de Washington.
Donald Trump, fidèle à son approche transactionnelle, espérait d’abord un « deal » avec Moscou, puis avec Téhéran, semblant sous-estimer la nature idéologique et vindicative des régimes autoritaires, insensibles aux logiques de compromis, même au prix du malheur de leurs propres peuples. Il a exprimé sa volonté d’éviter tout embrasement régional et, un temps, a tenté de contenir Israël. Mais, à la lueur de ses toutes dernières déclarations, il semble s’être résigné : parvenir à un accord crédible avec l’Iran sur le nucléaire était illusoire.
Les monarchies sunnites du Golfe, directement menacées par les visées hégémoniques iraniennes, ont accueilli Trump avec faste, investi massivement aux États-Unis, espérant en retour un pacte de sécurité.
Or, ni garantie de défense ni transfert de technologie nucléaire à des fins civiles ne leur ont été accordés. Nul doute qu’ils se sentent soulagés par l’attaque israélienne en Iran, mais ils craignent en même temps que la guerre déborde sur leurs installations pétrolières.
Une question demeure lancinante : pourquoi l’Iran, assis sur d’immenses réserves pétrolières, s’acharne-t-il à enrichir massivement de l’uranium ? Les sanctions internationales asphyxient son économie, mais le régime persiste à voir dans la maîtrise du nucléaire un levier stratégique et un pilier de la fierté nationale.
Depuis le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire des « 5+1 », la défiance est mutuelle entre l’Iran et les États-Unis. Toutefois, il est désormais évident que l’Iran n’a jamais véritablement eu l’intention de respecter les termes de cet accord ni permis la visite de toutes ses installations nucléaires par l’Agence internationale de l’énergie atomique .
De surcroît, Téhéran refuse catégoriquement toute limitation concernant ses missiles balistiques, désormais capables de frapper l’Europe.
La politique expansionniste iranienne a semé le chaos et la misère au Liban, en Syrie, en Irak, à Gaza et au Yémen. Les menaces récentes contre les bases américaines, les installations pétrolières du Golfe et Israël s’inscrivent dans cette logique de confrontation. Les Houthis, malgré les pertes infligées, poursuivent leurs attaques contre Israël.
Pourtant, l’Iran ne peut véritablement compter ni sur la Russie, engluée dans d’autres priorités, ni même sur la Chine, qui dépend de Téhéran pour la majorité de ses importations pétrolières, mais reste prudente dans son engagement.
Les dizaines de milliards investis par l’Iran pour maintenir Bachar al-Assad au pouvoir en Syrie et pour armer le Hezbollah au Liban semblent aujourd’hui engloutis. Quant aux milices affiliées à l’Iran, elles lui ont tourné progressivement le dos.
Certes, une révolte populaire en Iran reste hypothétique. Mais le mécontentement de la population iranienne est palpable. Faute d’exutoire intérieur, le régime pourrait bien être tenté, dans un avenir proche, d’attaquer Israël par tous ses moyens, sans plus chercher à se dissimuler derrière ses proxys.
Les prochaines semaines s’annoncent décisives, et sans doute sous haute tension.