Le naufrage d’Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au centre, arrivant à une réunion de la faction du Likud, à la Knesset, à Jérusalem, le 5 février 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au centre, arrivant à une réunion de la faction du Likud, à la Knesset, à Jérusalem, le 5 février 2024. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La menace sur l’existence même de l’État d’Israël, qu’il convient de craindre aujourd’hui, ne vient pas d’un quelconque ennemi extérieur, elle tient de la perte absolue de son sens moral dès l’avènement du dernier gouvernement, qui a osé remettre en cause les valeurs les plus essentielles de cet État qui avait réussi à maintenir, tant bien que mal, un régime démocratique depuis plus de 70 années. Ce faisant, ils ont méthodiquement provoqué une déchirure profonde dans le fragile tissu humain de cette société complexe.

Des millions de citoyens israéliens avaient pressenti la dérive fascisante de ce gouvernement d’ultra droite dès la fin de l’année 2022 et s’étaient mobilisés massivement pour les en empêcher. Des manifestations monstres se multipliaient sans relâche dans tout le pays afin de freiner cette escalade terrible vers un régime illibéral, inspiré ouvertement des méthodes du régime hongrois.

C’est dans ce contexte chaotique qu’advint le massacre ignoble perpétré par les terroristes du Hamas qui avaient bien senti la fragilité de cette société en souffrance.

Ils doivent leur sinistre victoire au leadership littéralement mafieux du gouvernement Netanyahou.

Comme ils doivent au même Netanyahou l’effondrement du rêve d’Oslo dans les années 90.

Le Hamas palestinien et la droite israélienne avaient alors oeuvré, main dans la main, pour anéantir l’immense espoir d’une « Paix à deux États », car ni les uns ni les autres n’y étaient intéressés, ayant chacun le projet d’une terre sans partage.

Ils ont si bien réussi leur coup qu’ils sont aujourd’hui les dirigeants sanguinaires des deux camps, pour le plus grand malheur de millions de Palestiniens et d’Israéliens qui n’ont jamais renoncé à une reconnaissance mutuelle et un partage équitable.

Au lendemain du 7 octobre, ils avaient le choix entre la vengeance militaire et la victoire de la morale humaine.

En choisissant immédiatement, de manière presque pulsionnelle, la première option, rejetant irrémédiablement la seconde, ils ont fait basculer le peuple d’Israël dans le déshonneur absolu. Ils ont massacré des milliers de Palestiniens de Gaza et ils ont cruellement sacrifié des dizaines de civils israéliens retenus otages dans des conditions effroyables.

Ce choix terrible représente l’ultime menace de la pérennité même de l’existence de l’État d’Israël.

 

 

 

à propos de l'auteur
Edgar est franco-israélien, ayant vécu plus de trente années en Israël, il est co-fondateur de l'association Bait Ham à Jérusalem en 1981. Par ailleurs, il est vice-Président de l'AJMF (Amitiés judéo-musulmane de France à Paris). Auteur d'un livre qui sortira fin octobre dont le titre est: Les amandiers en Fleur de Jérusalem, il est aussi co-fondateur de l'Association Carrefour des monde à Paris.
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