Le Madleen n’est pas l’Exodus mais un show médiatique !

La militante écologiste et anti-Israël Greta Thunberg et l'eurodéputée Rima Hassan rencontrent des journalistes à Catane, en Italie, avant leur départ pour Gaza, le 1er juin 2025. (Crédit : AP/Salvatore Cavalli)
La militante écologiste et anti-Israël Greta Thunberg et l'eurodéputée Rima Hassan rencontrent des journalistes à Catane, en Italie, avant leur départ pour Gaza, le 1er juin 2025. (Crédit : AP/Salvatore Cavalli)

Le Hamas a détruit Gaza mais gagné la guerre médiatique. La flottille de Rima Hassan et Greta Thumberg en est le dernier avatar. Il y a mieux pour faire avancer la cause de la paix !

Alors que les Palestiniens veulent se libérer du Hamas[1], que des organisations tentent de distribuer l’aide alimentaire en contournant la milice islamiste, tout est fait pour que le Hamas demeure un interlocuteur incontournable.

Rima Hassan, dont le soutien au groupe terroriste est connu, n’a rien emmené dans ses cales, hormis des journalistes. Si elle avait réellement voulu aller à Gaza, elle et ses acolytes[2], dont un soutien du Hezbollah, seraient passés par la frontière égyptienne, par Rafah, avec des vivres et des médicaments en quantité, tant le besoin est grand.

Il faut donc chercher ailleurs la raison de ce voyage très médiatisé : la confrontation pour faire reculer encore plus la résolution du conflit. Son unique raison d’être ?

Des influenceuses travestissent Gaza en émission de téléréalité !

Selfies, sourires et franches rigolades, on peine à croire qu’un « génocide » est en cours à Gaza, comme le prétendent les militants du Madleen, le bateau affrété pour l’occasion. S’il n’y a aucun Gazaoui souhaitant forcer le blocus parmi les 12 passagers, les influenceuses ont convié des journalistes d’Al Jazeera et de Blast pour couvrir l’évènement ou le susciter, au besoin.

Comme il ne se passe rien, on assiste à des scènes dignes du « Loft », pour ne pas dire des « Marseillais ». On surjoue la panique lorsque des drones survolent le « frêle esquif ». Une menace de « l’État génocidaire israélien » qui s’avère être, au final, des drones de surveillance grecques.

Le seul moment où cette flottille aurait pu porter le nom d’humanitaire, est le supposé sauvetage de quatre « réfugiés originaires du Soudan » qui « se sont jetés en mer au moment de l’intervention de la garde côtière libyenne ». Pourtant, les activistes les ont aussitôt remis aux autorités libyennes, se rendant ainsi complices de non-respect des droits humains.

Garder à bord des réfugiés soudanais en danger de mort aurait renforcé la crédibilité de la mission et donné un coup de projecteur salutaire sur la pire crise humanitaire de la planète depuis la seconde guerre mondiale, d’après l’ONU.

Si cela était vraiment impossible, alors pourquoi ne pas avoir changé de destination pour plaider la cause des 25,6 millions de soudanais en proie à la famine et ignorés de tous, quitte à reprendre le cap vers Gaza par la suite ?

Quand les médias désinforment et font le jeu des terroristes !

La campagne de désinformation menée depuis le 7 octobre 2023, où les fake news se suivent et se ressemblent, sans pour autant rendre les médias plus circonspects, n’a pas fait avancer d’un iota la cause palestinienne. Elle a juste fait drastiquement reculer la cause de la paix, et augmenté la haine d’Israël, ainsi que l’antisémitisme.

Il n’est pas besoin d’attendre le dénouement de l’entreprise, les conséquences sont connues d’avance. Quoi que fasse l’État hébreu, le résultat sera instrumentalisé pour imposer un peu plus l’idée qu’il est un État paria. C’est un piège médiatique, il n’y a pas de bonne solution.

Ne pas les laisser accoster, les passagers se poseront en victimes. Les laisser débarquer, on les verra tout tenter pour provoquer les « autorités d’occupation », hurler, invectiver les soldats ou la police, s’enchainer, se jeter à terre… Bref ce que l’on a vu mille fois faire par Greta pour sauver la planète. Sauf que cela se passera en Israël et sera relayé largement par des médias complaisants, voire militants, et commenté à l’infini. Cela ne fera qu’encourager de futures flottilles.

Quelle que soit l’option, les attaques contre les Juifs (pas contre un culte mais contre des individus) augmenteront, et les pressions sur Israël également. Le grand gagnant sera le Hamas dont la population de Gaza ne veut plus, et les plus grands perdants, les Palestiniens.

Être des artisans de la paix !

Il y a pourtant mieux à faire que de mettre de l’huile sur le feu et d’importer la guerre chez nous, avec son lot quasi-quotidien de passages à l’acte. Aujourd’hui le clivage est tel que l’on pourrait croire qu’il n’y a plus que des extrêmes irréconciliables.

Mais ce n’est pas un juste reflet de la réalité. Il s’agit d’un biais de représentativité. Les modérés sont le plus souvent réduits au silence, car privés d’antenne, quand ils ne sont pas menacés, au profit de ceux qui, d’un côté, appellent à l’intifada et au djihad, ou de l’autre, à réoccuper Gaza et annexer la Cisjordanie.

Si la paix est si difficile là-bas, donnons-nous les moyens de jeter les bases d’un rapprochement ici, entre modérés, sans arrière-pensée, et sans calcul politique. Pour le bien des deux peuples et la cohabitation pacifique de tous les français quels que soient leur soutien aux belligérants.

Une initiative vient d’être lancée qui s’inscrit dans cette perspective : « L’appel des 153 » pour « un congrès mondial pour la paix maintenant ». On peut ne pas être d’accord avec la formulation et trouver son objectif trop ambitieux. Mais si l’on ne fait rien la situation ne peut qu’empirer.

À Marseille, nous avions fondé le « Collectif tous enfants d’Abraham » (ensemble d’associations non religieuses) sous l’égide du Centre Culturel Edmond Fleg qui avait permis des avancées dans le dialogue interculturel et des prises de position en faveur de la paix.

Bien avant, l’Université d’Aix-Marseille avait hébergé le « Groupe d’Aix pour la paix », un think tank composé majoritairement d’économistes palestiniens et israéliens, présidé par le Professeur Gilbert Benhayoun. Il est grand temps de réactualiser ces démarches ancrées dans la réalité à Marseille et au-delà. Car il vaut mieux être un artisan de la paix qu’un acteur du chaos !

Article publié le 09/06/25 sur Le Diplomate : La cause palestinienne vaut mieux que ça !

[1] https://fr.timesofisrael.com/non-au-terrorisme-oui-a-la-paix-une-nouvelle-manifestation-anti-hamas-rapportee-a-gaza/

[2] https://www.lepoint.fr/monde/zaher-birawi-l-homme-derriere-la-flottille-de-la-liberte-accuse-d-etre-un-agent-du-hamas-10-06-2025-2591618_24.php

à propos de l'auteur
Hagay Sobol, Professeur de Médecine est également spécialiste du Moyen-Orient et des questions de terrorisme. A ce titre, il a été auditionné par la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale sur les individus et les filières djihadistes. Ancien élu PS et secrétaire fédéral chargé des coopérations en Méditerranée, il est vice-président du Think tank Le Mouvement. Président d’honneur du Centre Culturel Edmond Fleg de Marseille, il milite pour le dialogue interculturel depuis de nombreuses années à travers le collectif Tous Enfants d'Abraham.
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