Le futur de l’UNWRA, se réformer ou disparaitre

Des troupes de la Brigade Commando opérant au siège de l'UNRWA, dans la ville de Gaza, sur une photo publiée le 12 juillet 2024. (Crédit : Armée israélienne)
Des troupes de la Brigade Commando opérant au siège de l'UNRWA, dans la ville de Gaza, sur une photo publiée le 12 juillet 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Au moment où Israël vient de désigner l’institution organisation terroriste, comment en arrive-t-on à ce divorce ?

Rappel

Créé en 1949 à titre provisoire (résolution du 8 décembre 1949), l’organisation a survécu à de nombreuses crises. Présente sur plusieurs continents, elle est en charge de plusieurs millions de personnes déplacées. À Gaza il y a 8 camps pour 1.471.000 réfugiés et 13.000 employés à 99 % palestiniens. En Cisjordanie, on compte 19 camps officiels et 4 autres, non officiels, qui sont sous sa responsabilité.

En 1948, 750.000 réfugiés furent recensés. Quatre générations plus tard, ils sont devenus près de 6 millions, sans que la communauté internationale ne cherche réellement à résoudre cette situation depuis la création de l’État d’Israël, après quatre guerres (1948, 1956, 1967, 1973), et maintenant la cinquième contre le Hamas depuis 9 mois mois. Le financement, de l’ordre de 1.5 milliard de dollars est assuré par divers donateurs, dont les États-Unis pour un tiers.

Le conflit en cours à Gaza a mis en lumière de nombreux problèmes, passés longtemps sous silence, ou étouffés par convenance, pour ne pas contrarier la politique menée par certains pays donateurs, notamment l’Union Européenne, la France, la Suède, la Norvège, lesquels ont continué, jusqu’à il y a peu, à financer parallèlement diverses ONG ou associations caritatives, en réalité de faux-nez des organisations terroristes au pouvoir à Gaza.

Les faits

Le Hamas est devenu, de fait, le seul interlocuteur de l’UNRWA, qu’il contrôle directement et indirectement. La proximité naturelle qui prévalait à l’origine, est devenue au fil des années une promiscuité avec tous ses effets nocifs. Le pogrom du 7 octobre et les révélations documentées d’Israël ont mis en lumière un grand nombre de dysfonctionnements, ainsi que des complicités avérées grâce aux nombreux infiltrés du Hamas parmi les 13.000 Palestiniens employés par l’institution. Ils seraient près de 500 à avoir participé aux massacres du 7 octobre. On est passé de la tolérance à la complaisance. On a refusé de tenir compte de la liste des organisations terroristes fournie par les États-Unis, son premier donateur.

Après le 7 octobre, très publiquement, un haut responsable ne déclarait-il pas « le Hamas n’est pas une organisation terroriste ; pour nous, c’est une organisation politique », malgré les preuves fournies par Israël démontrant la participation directe ou indirecte d’un grand nombre de leurs salariés[1]. Les responsables ont feint de s’y intéresser, pour finalement ne rien faire. Dans cette situation, certains pays ont d’abord suspendu leur contribution, pour la reprendre devant les risques imminents d’effondrement pendant le conflit. Mais la question du contrôle de ces contributions, celle des conditions d’emploi des salariés de l’UNRWA, et des conditions de son fonctionnement sont sur la sellette.

Les résidents gazaouis de longue date (non réfugiés) et les réfugiés bénéficient de prestations identiques, même non justifiées. Grâce à son implantation et sa main mise à l’intérieur de l’UNRWA, le Hamas contrôle tout, notamment l’aide alimentaire. Régulièrement, sa police empêche les Gazaouis d’accéder directement à cette aide. Les images nombreuses en témoignent, ainsi que les stocks entretenus dans les tunnels au seul profit des terroristes eux-mêmes. Les pays donateurs ferment les yeux.

Les images fréquentes, où l’on voit le Hamas chasser les Gazaouis par la force, pour les empêcher d’accéder à l’aide, le confirment. Le statu quo ante n’est plus acceptable.

Tous réfugiés

Contrairement à la convention des réfugiés de l’ONU qui fait référence, elle ne s’applique pas pour le « statut de réfugié palestinien » qui s’obtient par filiation patrilinéaire (filiation d’un type d’organisation sociale fondée sur l’ascendance paternelle) à tous les déplacés de la guerre de 47- 49, quelle que soit leur nationalité depuis. Ce qui a entraîné une inflation importante de leur nombre réel et une augmentation budgétaire considérable. L’organisation terroriste peut ainsi bénéficier de contributions de l’ONU qui s’ajoutent aux autres sources de financement.

Les donateurs doivent exiger l’abrogation de ce soi-disant statut fabriqué sur mesure pour servir les intérêts d’organisations terroristes qui détournent à leur seul profit tous les avantages, et leur permet de les distiller au compte-gouttes, d’une main de fer, à la population qui n’a pas d’autre option. Car les organisations terroristes ont parfaitement verrouillé le contrôle des opérations. On voit bien avec quelle insistance, dans les négociations actuelles, les terroristes veulent récupérer le point de passage de Rafah frontalier avec l’Egypte, et le fameux couloir de Philadelphie.

Même si cela parait une tache impossible, le personnel en charge ne devrait plus être palestinien, car il est sous le joug du Hamas qui, par la corruption, la force, et la menace, maintient un contrôle total sur toutes les prestations. Il existe suffisamment de pays de langue arabe susceptibles de fournir du personnel pour assurer toutes les tâches sur le terrain.

On n’a pas oublié la déclaration d’un dirigeant du Hamas qui confirmait que les tunnels, et les produits alimentaires qui y étaient stockés, sont pour l’organisation (pas pour les Gazaouis). La distribution de l’aide est totalement subordonnée à la volonté des terroristes, en fonction de la docilité des habitants. Au final, les plus nécessiteux reçoivent beaucoup moins que ce qui leur est originellement destiné, allégeance au Hamas oblige.

L’UNRWA fait de la politique

Contrairement à son statut, son personnel, les hauts dirigeants et les cadres de l’organisation se répandent régulièrement en déclarations et affirmations catégoriques anti-israéliennes. La plupart du temps, il s’agit d’emboîter le pas, parfois même de précéder les affirmations des terroristes. Que n’a-t-on entendu depuis des mois, le mot de génocide et celui de famine, martelés par les hauts responsables de l’UNWRA.

Pendant ce temps, au Soudan, en Afrique, en Syrie, en Iran, ailleurs sur la planète, des hommes, des femmes, des enfants meurent, dans un grand silence. Les dirigeants des pays donateurs, essentiellement occidentaux, doivent exiger la plus stricte neutralité. Les hauts dirigeants ne sont pas à leur poste pour faire de la politique, mais uniquement de l’humanitaire.

La vocation éducative à géométrie variable

Il faut en finir avec les livres d’histoire et autres ouvrages, devenus vecteurs de l’antisémitisme. En juillet 2021, lors de la reprise du financement par les États-Unis, il était expressément inclu comme condition, que tous les outils pédagogiques mis à la disposition des enseignants seraient expurgés de toutes les références à l’antisémitisme. Cette condition n’a pas été respectée. Les donateurs doivent, sans délai, demander le retrait de tous les documents et ouvrages contenant des phrases ou textes antisémites. A défaut, suspendre leur financement jusqu’à ce que la remise à plat intervienne effectivement.

Depuis plusieurs décennies, l’UNRWA est devenue une sorte d’État dans l’État. Son « fond de commerce », sa « raison d’être », se confond avec les objectifs et les moyens des organisations qui appliquent une loi d’airain, qui est devenue leur bible. Les installations servent aux terroristes, à organiser et implanter leurs moyens militaires utilisés contre Israël, partout où se trouve des habitants, des écoliers, des hôpitaux.

A chaque découverte, filmée, photographiée, documentée, l’UNRWA s’étonne, proteste, prétend que ce n’est pas la réalité. Quand des écoles, des mosquées, des appartements réputés civils, servent de caches d’armes, de base de lance-roquettes, les dirigeants feignent de l’apprendre. Ce n’est pas l’exception, mais d’évidence la stratégie des organisations terroristes, utiliser la population comme bouclier humain, quel que soit le nombre de victimes. Contrairement aux beaux esprits, il n’y a pas de guerre propre et au delà, le concept de résistance en lieu et place de terrorisme (ce qu’il est) mérite qu’on y regarde de plus prêt.

Remplacer l’UNRWA défaillant

Alors que le parlement israélien vote des lois désignant l’UNRWA organisation terroriste, la question de son remplacement se pose d’autant plus brutalement. Le premier effet sera de l’exclure de Jérusalem-Est. Diverses organisations spécialisées peuvent la remplacer. On a bien vu qu’une organisation américaine World central kitchen a pu fournir des centaines de milliers de repas et d’autres biens. Il existe des ONG spécialisées et non politisées susceptibles d’assumer ces rôles. Il existe le World food program, l’Unesco pour l’éducation, pour la santé, de même la World Health program. Au stade où en est l’UNRWA, elle doit être remplacée. Son système originellement provisoire, 75 ans plus tard, est devenu l’auxiliaire d’organisations terroristes.

[1] https://www.timesofisrael.com/israel-sent-unrwa-list-of-100-employees-it-says-are-hamas-pij-terrorists-reports/

à propos de l'auteur
Ancien cadre supérieur et directeur de sociétés au sein de grands groupes français et étrangers, Francis Moritz a eu plusieurs vies professionnelles, depuis l’âge de 17 ans, qui l’ont amené à parcourir et connaître en profondeur de nombreux pays, avec à la clef la pratique de plusieurs langues, au contact des populations d’Europe de l’Est, d’Allemagne, d’Italie, d’Afrique et d’Asie. Il en a tiré des enseignements précieux qui lui donnent une certaine légitimité et une connaissance politique fine.
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