Le droit au Bonheur : nous n’avons pas d’autres pays

© Stocklib / Artem Kniaz
© Stocklib / Artem Kniaz

L’autre jour, en entendant l’émission sur Kan concernant les juifs éthiopiens, qui exposaient les conditions de leurs Alyah, comment ils ont été secourus ; bref, par une connexion dont seul mon cerveau semble avoir les secrets, j’ai pensé à toutes les personnes qui sont venues s’installer en Israël au fil du temps.

Voyons de plus près par exemple les Russes ou Ukrainiens qui fuyant la guerre, qui sont venus s’installer dernièrement. De fait la majorité des personnes – juifs venus s’installer, n’ont aucune autre porte de sortie. Israël était le seul pays dans lequel ils pouvaient vivre; donnant à ce mantra toute sa raison :

« Israël notre pays, nous n’en avons pas d’autres« 

A mon avis, ce mantra est à double sens.

D’un côté, il démontre l’absolue nécessité du pays, et justifie – si besoin encore soulignant que les juifs n’ont pas d’autres pays : on pourrait écrire le côté face. Cependant, on doit dépasser ce schéma, car il est à le double sens, le côté pile est que puisqu’il n’y pas d’autres pays induit le « ma laassot » et place forcément, les citoyens israéliens dans une situation victimaire.

En effet, les citoyens sont placés -consciemment ou non- dans une situation d’acceptation, pour tout et rien : accepter le système, accepter le pays, la guerre, les attentats, les prix, les monopoles… bref, accepter tout et aussi n’importe quoi.

Dans la constitution américaine, il est écrit :

Le droit au bonheur.

Dans la déclaration d’Indépendance :

Nous tenons pour évidentes par elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont dotés par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Un principe inscrit pour tous les citoyens.

Comme on le sait déjà l’état israélien n’a pas de constitution :

WE HEREBY DECLARE that, with effect from the moment of the termination of the Mandate being tonight, the eve of Sabbath, the 6th Iyar, 5708 (15th May, 1948), and until the establishment of the elected, regular authorities of the State in accordance with the Constitution which shall be adopted by the Elected Constituent Assembly not later than the 1st October 1948, the National Council shall act as a Provisional Council of State, and its executive organ … shall be the Provisional Government of the Jewish State, to be called « Israel ».

Le fait est que depuis 75 ans, l’état juif, par le biais de ses politiques ou de ses citoyens, n’arrêtent pas de se disputer, n’arrivant pas à décider du socle de l’état. Et l’état se laisse évoluer au gré des élections toujours nombreuses.

Cette lacune constitutionnelle ne profite pas aux citoyens, car ils sont toujours dans une situation d’instabilité. En ne fixant pas les règles, l’état – les politiques gardent le pouvoir absolu sur les Israéliens et leurs destins. Le citoyen est toujours placé en situation de n’avoir pas de réel choix, passé la date des élections. Pour illustration : même les maires eux aussi élus (avec cette nouvelle *youpitralala* réforme de la répartition de l’Arnona), sont aussi mis en situation de devoir avaler des couleuvres sans réel pouvoir (à part celui de manifester) donc de devoir accepter un état de fait, qui ne devrait pas être. Le citoyen est trop souvent placé dans la situation de n’avoir pas le choix de, sous le mantra « nous n’avons pas d’autres pays ».

Pour finir aujourd’hui, c’est yod malkhout*, liée à la reconnaissance : la reconnaissance d’avoir un pays juif, un pays qui est là pour accueillir les juifs du monde, nous en sommes tous reconnaissants face à ce miracle israélien. La reconnaissance ne doit pas aveugler les besoins, la nécessité de dépasser le droit du sol, mais d’inclure aussi d’y inclure un droit au bonheur.

Bonne Fête de Shavouot !

* ne sachant pas quand la note sera publiée 3 Sivan, et avec toutes mes excuses pour les erreurs.

https://www.adalah.org/uploads/oldfiles/Public/files/democratic_constitution-francais.pdf

à propos de l'auteur
Nouvelle immigrante revenue de Suisse. Patricia est ingénieure, professeure de Sciences et artiste.
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