Le consommateur israélien en a marre de se faire avoir

© Stocklib / Hyejin Kang
© Stocklib / Hyejin Kang

Trop, c’est trop ! L’Israélien en a marre de se faire pigeonner : au supermarché, la valse des étiquettes lui donne le tournis, sans compter les nouvelles taxes que le gouvernement a concoctées.

Après deux années de pandémie, trois vaccinations et quatre scrutins électoraux rapprochés, le retour à la normale tarde à arriver ; et voilà que l’inflation est devenue l’invitée encombrante de la rentrée.

Le consommateur israélien a le vague sentiment de se faire avoir ; malgré les promesses de ses dirigeants, la cherté de la vie bat des records et son pouvoir d’achat est en chute libre.

D’un côté, la liste des prix qui flambent s’allonge de jour en jour (alimentation, carburant, électroménager, etc.) ; de l’autre, le consommateur va débourser davantage d’argent pour certains produits et services soumis à de nouvelles taxes.

Alors que l’année 2021 touche à sa fin, le consommateur israélien en a marre, dix fois marre :

1. Marre d’être la vache à lait du Trésor public qui veut l’éduquer à acheter moins de vaisselle jetable et à boire moins de boisson sucrée.

2. Marre de tout payer plus cher qu’ailleurs, comme l’habillement, la cosmétique ou la restauration qui coûtent plus cher à Tel Aviv qu’à Barcelone ou Berlin.

3. Marre des combines des supermarchés qui vendent moins cher dans les villes et quartiers peuplés majoritairement de Juifs ultraorthodoxes.

4. Marre de la valse des étiquettes dans les grandes surfaces et de la parade trouvée par le gouvernement qui veut supprimer les étiquettes accolées sur chaque article dans les rayons des supermarchés.

5. Marre des cartels de producteurs et distributeurs qui tirent les prix vers le haut, et des pouvoirs publics qui sont incapables de réguler les marchés pour freiner la hausse des prix.

6. Marre d’un shekel fort qui aurait dû neutraliser l’inflation en abaissant le prix des produits importés mais qui, curieusement, n’a aucune incidence sur les prix (à l’exception des billets d’avion).

7. Marre des banques qui ferment leurs agences de quartier pour réduire les coûts de fonctionnement mais qui augmentent les commissions bancaires.

8. Marre de perdre des heures dans les embouteillages sur les routes et d’être bientôt soumis à un péage routier à l’entrée de Tel Aviv.

9. Marre du réchauffement climatique qui bouleverse sa vie quotidienne et du retard de la « nation startup » pour accélérer la transition énergétique.

10. Marre d’être victime de cyberattaques qui visent des institutions israéliennes (hôpitaux, assurances, sites de rencontres, etc.) et de voir ses données personnelles circuler sur la toile.

Oui, le consommateur israélien en a marre de se faire avoir, mais marre, marre, marre !

à propos de l'auteur
Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem où il est installé depuis 1983. Il possède un doctorat en sciences économiques de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de Technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux relations israélo-palestiniennes. Il est notamment l’auteur de "Les Arabes d’Israël" (Autrement, 2008), "Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ?" (Armand Colin, 2012), "Les Israéliens, hypercréatifs !" (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et "Israël, mode d’emploi" (Editions Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage paru : "Les Années Netanyahou, le grand virage d’Israël" (L’Harmattan, 2022). Régulièrement, il commente l’actualité économique au Proche-Orient dans les médias français et israéliens.
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