Le choix de Benny

Partira ? Partira pas ? La question n’est plus formulée en termes théoriques.
Benny Gantz a posé samedi soir 18 mai un ultimatum à Binyamin Netanyahou : présenter avant le 8 juin un plan exprimant les buts de la guerre et les prévisions pour le jour d’après. Sinon, le gouvernement d’urgence nationale verrait son parti, Ha mahané ha mamlakhti (Le camp de l’État) le quitter.
La réponse de Binyamin Netanyahou ne s’est pas faite attendre : Benny Gantz ferait mieux de poser un ultimatum au Hamas. Des négociateurs essaient de concilier les points de vue, mais les chances d’aboutir à un compromis entre les deux hommes est mince. D’ailleurs, Gadi Eizenkot, le fidèle compagnon de Benny Gantz, lui aussi ministre sans portefeuille au sein du cabinet de guerre, envisagerait même que son parti quitte le gouvernement avant le 8 juin, cette date n’ayant rien de sacré.
Cette dramatisation de la vie politique n’intervient pas n’importe quand. Depuis des mois, les deux anciens chefs d’État-Major ont le sentiment que l’armée, en l’absence d’objectifs stratégiques clairs, navigue à vue. Plus encore, les incertitudes sur la fin des combats et les projets pour la gestion de Gaza le jour d’après brouillent encore un peu plus les perspectives et nuisent largement à l’image du pays auprès des États-Unis.
Au Cabinet de guerre, le responsable de la question des otages, le général de réserve Nitzan Alon, a présenté une proposition de reprise des négociations incluant une nouvelle formulation de la réponse à l’exigence du Hamas de cessation durable des combats. Ce qui constitue une forme de réplique au grief de Benny Gantz et Gadi Eizenkot pour qui le Premier ministre ne laisserait aucune chance à un accord.
On aurait tort de voir dans cette crise gouvernementale une simple péripétie politicienne. Il s’agit d’une véritable confrontation entre deux conceptions de la guerre, de sa fin, et de ses suites. Les interrogations de Benny Gantz sont celles de millions d’Israéliens qui ne savent plus de quoi il retourne, alors que chaque jour apporte son lot d’informations sur la mort de soldats et sur celle d’otages dont on ignorait tout.
Les familles des captifs n’en peuvent plus et leur combat se radicalise. Les 60 000 personnes déplacées dans le nord pour échapper aux tirs du Hezbollah ne croient pas à un retour rapide chez eux. Leurs compagnons d’infortune du sud avaient commencé à retrouver leurs maisons, mais les roquettes du Hamas pourraient bien les dissuader de rentrer. D’ailleurs, dans le nord de Gaza et à Khan Younès que l’on croyait sous contrôle, les groupes terroristes relèvent la tête. Une raison de plus pour considérer qu’il faut changer de stratégie. Et de gouvernement.