« Le Camp d’Atlit », un lieu chargé d’histoire et d’espoir
Aujourd’hui je vous emmène visiter le passionnant camp de détention d’Atlit, un véritable musée à ciel ouvert, lieu incomparable et incontournable à découvrir.
Vous y apprendrez l’histoire incroyable de ces immigrants juifs, illégaux aux yeux des autorités britanniques, qui durant 14 ans (de 1934 à 1948), fuirent les persécutions en Europe et au péril de leur vie, tentèrent, pas toujours avec succès, d’atteindre la Palestine sous mandat britannique, la terre de leurs ancêtres et pensaient-ils, trouver la liberté.
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Bienvenue à Atlit ! Dans ce centre, entouré de barbelés, 120 000 personnes passèrent entre 1934, lorsque la situation en Allemagne notamment commençait à devenir intolérable et 1948, date de la création de l’Etat d’Israël.
Le centre pouvait contenir jusqu’à 15 000 personnes et lorsqu’il était rempli, le trop plein de personnes était redirigé vers l’île de Chypre où un autre camp s’était construit.
Mais pourquoi ce camp ?
Car depuis 1918, la Palestine était sous mandat britannique et le pays était peuplé essentiellement d’Arabes, aux yeux de qui l’installation progressive de juifs dans des villages (kibbutzim, moshavim), en plus de l’afflux de juifs fuyant les persécutions nazis, devenait décidément problématique.
Leurs voix s’élevaient de plus en plus, et les autorités britanniques, soucieuses de maintenir une sorte de paix sociale, instituèrent les « White Papers » (papiers blancs) servant à établir un quota de juifs ayant accès au territoire.
En effet, les premiers immigrants juifs étaient arrivés d’Europe de l’Est dès les années 1882 dans le but de fuir les « pogroms » afin de trouver refuge et démarrer une nouvelle vie sur la terre de leurs pères.
La création des premiers villages agricoles datent de ces années-là. Ces premiers immigrants achetèrent aux Arabes des terres souvent incultivables, entourées de marécages et s’ils ne mourraient pas d’épuisement à la tâche, ils mourraient souvent de la malaria qu’ils ne savaient pas encore traiter.
Certains abandonnaient et retournaient vers leur pays d’origine alors que d’autres s’obstinaient à demeurer et une poignée réussit à créer ainsi les premières colonies juives en Palestine. Tout ceci vous est raconté dans le merveilleux petit musée de la Première Aliyah à Zirchon Yaakov où je vous emmènerai lors d’une future visite.
Ces moshavim et kibbutzim étaient prêts à accueillir les nouveaux immigrants en provenance d’Europe, mais les autorités ne le voyaient pas de cet œil.
Ces hommes, femmes et enfants s’entassaient par centaines, parfois plus, dans des bateaux battant pavillon étranger dont les commandants de bord n’étaient, bien entendu, pas juifs et ceci afin d’éviter d’être repérés dans les eaux internationales.
Les conditions de vie à bord étaient on ne peut plus difficiles car il était interdit d’aller sur le pont et les bateaux, ayant été vidés de leurs cabines, étaient « meublés » de façon à pouvoir accueillir un maximum de personnes.
On pourrait dire que c’était les pionniers des « boat people » ! Ces personnes déracinées quittaient un pays où ils n’avaient aucun avenir pour tenter d’atteindre un pays où leur avenir était incertain.
Peut-on imaginer leur état d’esprit ?
Et pourtant ! Les survivants de ces voyages épiques nous racontent comment, armés de leur modeste et unique valise contenant les souvenirs de toute une vie, ils arrivaient en Palestine, emplis de joie et d’espoir, aspirants à un avenir meilleur.
Malgré la difficulté et l’incertitude du voyage, ces bateaux représentaient pour eux la liberté.
De ce fait, entre 1934 et le début de la Seconde Guerre mondiale, plus de 20 000 immigrants arrivèrent sur 50 bateaux; 16 000 de plus sur 25 bateaux durant les 4 années que dura la guerre. Rien qu’en 1946, 22 000 survivants des camps de la mort, sur 22 bateaux, atterrirent, 70 000 au total durant les 3 années après la guerre. Les chiffres sont édifiants !
Alors que trouvaient-ils à leur arrivée ?
Eh bien, c’est cela que vous voyez dans ce merveilleux musée. Les bateaux accostaient dans le port de Haïfa, les personnes étaient tout de suite arrêtées par les autorités, mises dans des convois de bus et transportées au camp où tous étaient d’emblée séparés, hommes d’un côté, femmes et enfants de l’autre.
Le bâtiment principal est encore intact et l’on y voit les douches de désinfection, passage obligatoire avant de pouvoir intégrer le camp.
La désinfection était chose courante afin d’éviter la propagation de maladies. Mais imaginons un instant, ce qui pouvait traverser l’esprit de ces personnes venant de camps de concentration en Europe et qui avaient le sentiment de revivre la même horreur indescriptible.
Néanmoins, une fois cette épreuve passée, ils s’installaient dans leur nouvelle vie, dans ce camp provisoire où ils pouvaient rester deux mois ou deux ans.
Des activités s’organisaient, de même que des fêtes religieuses qu’ils pouvaient célébrer, en toute liberté, pour la première fois depuis des années.
Ces personnes arrivaient de toutes parts, sans langage commun, et par conséquent, une école d’hébreu, les premiers ulpanim, avec des professeurs venus de l’extérieur, leur était proposé afin d’avoir une langue commune avec laquelle ils pouvaient échanger souvenirs passés et futurs projets.
De grands baraquements accueillaient jusqu’à 70 personnes et on peut en voir la reconstitution. On y voit les objets de la vie ordinaire.
Les autres choses que l’on peut voir : un des bateaux dans lesquels les immigrants sont arrivés ainsi que deux présentations audiovisuelles dont une sur un des événements phares du camp, l’autre à même le bateau, relatant la traversée.
Il s’agit ici d’un moment clé dans l’histoire d’Eretz Israël et du peuple Juif, un moment parfois méconnu que tout juif ou non-juif se doit d’apprendre. On ressort de cette visite, éclairé et ému.
On rejoint Atlit par la route côtière n° 2 à 20 km au sud de Haïfa.
Le musée est ouvert du dimanche au jeudi de 9h à 17h ainsi que le vendredi et veille de jours fériés de 9h à 13h ainsi que le samedi sur rdv.
Tél : 972-4-984-1980 Email: atlit@shimur.org.il