L’antisémitisme français (3ème partie) : De la Shoah au jihad planétaire

L’antisémitisme ne prend pas de répit pendant l’entre-deux guerres. Il continue à montrer sa tête hideuse avec la quasi-totalité de ses caractéristiques originales acquises au cours des siècles.

Qui aurait pu penser qu’en moins de deux décennies le pire était sur ​​le point d’avoir lieu, et qu’environ un tiers de la communauté juive mondiale allait disparaître ?

Hitler arrive « légalement » au pouvoir en 1933 et commence sa campagne contre les Juifs. Celle-ci se traduit par la Shoah et l’assassinat de six millions de Juifs dans toute l’Europe (sans parler d’autres groupes comme les Tziganes et différentes minorités religieuses).

Alors que l’Allemagne nazie met en place la « Solution finale » dès 1942, elle est grandement aidée par différents gouvernements.

L’un d’eux est bien sûr le gouvernement français de Vichy, sous la direction du maréchal Pétain. Environ 80 000 juifs français sont dès lors déportés (voir « Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France » par Serge Klarsfeld).

A la suite de la deuxième guerre mondiale, la haine envers le peuple juif semble devenir un sujet tabou dans le monde entier. Les souffrances subies par les juifs marquent les esprits, et on voit apparaitre la devise: “Plus Jamais !”

Même si la naissance de l’Etat moderne d’Israël en 1948 n’est pas une conséquence directe des horreurs de la Shoah, elle y est du moins étroitement liée. Il existe enfin un peu d’espoir pour les survivants de la Shoah et leurs familles.

Eretz Israël devient le havre de paix qu’ils n’avaient espéré qu’en rêves. Mais l’histoire prouve le contraire avec l’arrivée de quelques personnalités politiques au Moyen-Orient qui changent durablement la situation de la région… pour le pire !

Yasser Arafat est l’un d’entre eux. Né au Caire, en Égypte, Arafat (1929-2004) a passé une grande partie de sa vie à lutter contre Israël, le sionisme et le peuple juif.

En 1959, il fonde le Fatah, la faction de l’aile gauche de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) avec un seul objectif en
tête : la destruction totale d’Israël.

Il devient le père et le promoteur de « l’autodétermination des Palestiniens », pour laquelle il s’est battu toute sa vie, forçant littéralement Jordaniens, Syriens, Egyptiens et Libanais à devenir du jour au lendemain des « réfugiés palestiniens » dans le besoin de retrouver leur propre pays : la Palestine ! ( voir « Mythes et réalités: Le Guide du Conflit israélo-arabe » par Mitchell Bard).

Avant l’entrée d’Arafat sur ​​la scène politique du Moyen-Orient, les Palestiniens n’existent pas en tant que tel. Ils se disent être simplement des arabes et ne se considèrent point comme ayant une identité distincte ou comme ayant besoin de revenir à une terre « fictive ».

Le nationalisme palestinien ne devient un mouvement politique significatif que lorsqu’Arafat le popularise après la guerre des Six Jours en 1967.

A partir de ce moment, la propagande antisioniste commence à croître de manière exponentielle.

L’antisémitisme du Moyen-Orient change alors de nom pour adopter celui de “l’antisionisme” ou “anti-israélisme”. En réalité, une nouvelle forme d’antisémitisme a trouvé un terreau fertile pour se développer au Moyen-Orient. Il s’étend finalement à l’hexagone et bien au-delà.

Beaucoup de guerres sont menées entre Israël et ses ennemis adjacents (1948, 1967, 1973, 1982). Bien sûr, nous pouvons ajouter les deux Intifadas de 1987-1993 et 2000-2005 ainsi que la plus récente opération « Plomb durci » et la guerre de Gaza en 2014.

Sans entrer dans les détails à propos de tous ces conflits, il suffit de dire que lors des deux dernières décennies au moins, il semble y avoir une corrélation directe entre l’implication d’Israël dans les conflits du
Moyen-Orient et la culpabilité mondiale que porte chaque juif (du point de vue des ennemis d’Israël).

Quand quelque chose se passe en Israël et hérisse les plumes des palestiniens, les juifs à travers le monde sont insultés, harcelés, attaqués et même tués, comme à Toulouse, en France, en 2012.

En 2014, l’antisémitisme français est à son apogée. Les incidents antisémites se multiplient de façon exponentielle alors que les Juifs français continuent de porter la culpabilité des crimes d’Israël en Terre Sainte (quoique je ne dise pas qu’Israël soit coupable de crimes de guerre en aucune façon).

La culpabilité par association donne aux antisémites de France une raison pour blesser les juifs. De nombreux français en colère, la plupart du temps d’arrière-plan musulman, crient « Mort aux Juifs » dans les rues de Paris. Le pire est évité de justesse à Paris en juin dernier lors d’un rassemblement pro-palestinien.

Alors que beaucoup de ce « nouvel antisémitisme » provient de musulmans d’origine nord-africaine, on note aussi un retour des néo-nazis (un groupe qui avait presque disparu après la Seconde Guerre mondiale).

La gauche libérale, affirmant le multiculturalisme et la tolérance pour tous (sauf les Juifs bien sûr) aide également l’islam radical et les fanatiques d’extrême droite sous la direction de plus en plus populaire de Marine Le Pen.

Il semble que les juifs français n’aient absolument nul part où aller sauf en Israël. Beaucoup pensent même que la France n’est plus un pays sûr et ils projettent de faire leur « aliyah » dans un avenir proche.

L’antisémitisme en France a presque doublé au cours des 7 premiers mois de 2014 (augmentation de 91 %). Près de 3 300 Juifs français sont partis pour Israël en 2013 (60 % de plus qu’en 2012).

On estime que plus de 8000 personnes juives quitteront la France en 2014, ce qui fait de la France le premier pays au monde en termes d’aliyah juive vers Israël.

Étonnamment, le fait que les Juifs français quittent une France dangereuse pour un état d’Israël toujours en guerre n’affecte aucunement leur décision de partir.

L’antisémitisme français ne s’est pas matérialisé du jour au lendemain. Il est le résultat d’une haine progressive envers le peuple de Dieu, «la prunelle de son œil» (Zacharie 2: 8).

Il est devenu une sorte d’hybride de l’antisémitisme classique et du nouvel antisémitisme. Une nouvelle sorte de haine du Juif que j’appelle l’antisémitisme eschatologique, qui semble être clairement lié aux temps de la fin.

Le Premier ministre britannique Benjamin Disraeli, un croyant juif en Yéchoua a dit de façon très juste et succincte : « Le christianisme, c’est le judaïsme biblique accompli ». Il est vrai que le christianisme et le judaïsme sont connectés.

L’un ne remplace pas l’autre, mais ils se complétent. Les juifs et les chrétiens sont bibliquement connectés ; malheureusement, ceci est rarement évident si l’on étudie les relations judéo-chrétiennes des 2000 dernières années.

Juifs et chrétiens ont beaucoup en commun et ont besoin les uns des autres, surtout en cette période de l’histoire humaine.

Mais plus que tout, ils ont besoin de celui qu’ils ont aussi en commun : Yéchoua de Nazareth, le Machiach d’Israël et le Sauveur du monde.

à propos de l'auteur
Olivier enseigne la Bible et les racines juives du christianisme. Né à Paris, il écrit et enseigne aujourd'hui, aux Etats-Unis et en France, sur l'antisémitisme classique et nouveau. Il est l'auteur de deux livres dont un sur l'antisémitisme. Il travaille actuellement à la suite de son ouvrage paru en 2007 sur l'antisémitisme ("They have conspired against you"). Olivier est aussi le directeur régional de Chosen People à Seattle.
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