L’ami américain

Le président Joe Biden se dirigeant vers le podium pour prononcer un discours sur la guerre entre Israël et le le groupe terroriste du Hamas, le 18 octobre 2023, à Tel Aviv. (Crédit : Evan Vucci/AP Photo)
Le président Joe Biden se dirigeant vers le podium pour prononcer un discours sur la guerre entre Israël et le le groupe terroriste du Hamas, le 18 octobre 2023, à Tel Aviv. (Crédit : Evan Vucci/AP Photo)

Heureusement qu’il est là ! Dès que la menace du régime des mollahs a commencé à se préciser, le président Joe Biden a rappelé son « engagement indéfectible envers la sécurité d’Israël face aux menaces de l’Iran et de ses mandataires ». Ce n’était pas des paroles en l’air. Les États-Unis ont aidé Israël à intercepter 99 % des missiles et des drones lancés par l’Iran aux premières heures du 14 avril.

Le 7 octobre, celui qui depuis longtemps s’affirmait sioniste sans pourtant être juif, afficha résolument son soutien : « À cette heure, nous nous devons d’être absolument clairs. Nous nous tenons aux côtés d’Israël ». Les États-Unis devaient fournir armes et munitions, une aide financière conséquente et envoyer deux porte-avions dans la région afin de dissuader l’Iran d’intervenir (déjà !).

Ensuite les relations se sont dégradées entre le Président américain et le Premier ministre israélien. Les deux hommes se connaissent depuis quarante ans, du temps où le futur Premier ministre occupait un poste à l’ambassade d’Israël à Washington. Il y développa des liens avec les parlementaires américains pro-israéliens dont Joe Biden. Le soutien à Israël du sénateur démocrate ne l’empêcha pas d’exprimer ses divergences idéologiques avec le jeune diplomate qui dès son adolescence aux États-Unis penchait en faveur du Parti républicain.

Le président Joe Biden dévoilera ce qui est sans doute le fond de sa pensée en déclarant le 9 mars que Binyamin Netanyahou, dans sa conduite de la guerre « fait plus de mal que de bien à Israël ». Deux semaines plus tard, les États-Unis n’opposeront pas leur véto à une résolution du Conseil de sécurité demandant un cessez-le-feu.

Au-delà des polémiques, il y a bien une divergence de fond entre le Président américain et le Premier ministre israélien. L’administration américaine souhaite que soit donnée la priorité à la libération des otages, à une aide humanitaire conséquente à la population palestinienne, à une guerre courte.

Le Premier ministre israélien donne la préférence à l’éradication du pouvoir du Hamas, fut-ce au prix d’une guerre longue. Et Joe Biden rappelle en permanence son soutien à la solution à deux États dont Binyamin Netanyahou ne veut pas attendre parler. C’est la raison pour laquelle il espère l’élection de Donald Trump en novembre prochain.

Á tort, car le candidat républicain multiplie les déclarations critiquant la conduite de la guerre à Gaza. De plus, il existe au sein du Parti républicain une forte tendance isolationniste et ces pourfendeurs de la dépense publique pourraient considérer que le soutien à Israël coûte trop cher. Last but not least, Donald Trump est imprévisible et impulsif. Tout le contraire de Joe Biden, le véritable ami d’Israël.

à propos de l'auteur
Philippe Velilla est né en 1955 à Paris. Docteur en droit, fonctionnaire à la Ville de Paris, puis au ministère français de l’Economie de 1975 à 2015, il a été détaché de 1990 à 1994 auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Il a aussi enseigné l’économie d’Israël à l’Université Hébraïque de Jérusalem de 1997 à 2001, et le droit européen à La Sorbonne de 2005 à 2015. Il est de retour en Israël depuis cette date. Habitant à Yafo, il consacre son temps à l’enseignement et à l’écriture. Il est l’auteur de "Les Juifs et la droite" (Pascal, 2010), "La République et les tribus" (Buchet-Chastel, 2014), "Génération SOS Racisme" (avec Taly Jaoui, Le Bord de l’Eau, 2015), "Israël et ses conflits" (Le Bord de l’Eau, 2017), "La gauche a changé" (L'Harmattan, 2023). Il est régulièrement invité sur I24News, et collabore à plusieurs revues.
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